Il est rare que des scientifiques débattent ou s’inquiètent des risques pour l’humanité de leurs avancées. Il y a bien sûr des comités d’éthique, mais qui sont soit consultatifs et focalisés sur la réflexion et la production de longs rapports, soit décideurs sur des questions limitées telles que «puis-je donner tel médicament à tel malade sans lui faire plus de mal que de bien.» C’est ce qui explique que, malgré tous les débats et toutes les inquiétudes, modifier par l’ingénierie le patrimoine génétique d’une grande partie de nos consommations végétales est devenu en moins de 15 ans une routine, sans que les moratoires lancés ici ou là ne soient plus que des digues fragiles et temporaires; l’accord commercial Europe-États-Unis pourrait les briser en un journée, et une graine échappée aux contrôles suffit pour contaminer une culture. Prenons-le donc comme acquis: nous avons, sans possibilité de retour en arrière, changé définitivement le monde vivant autour de nous en une production technologique.
Le dernier rempart, celui de l’ingénierie génétique de l’humain est en train de se fissurer: Des chercheurs chinois annonçaient la semaine dernière avoir utilisé une nouvelle technologie génétique, le «CrispR», pour manipuler des embryons humains. CrispR est une sorte de ciseau moléculaire utilisé par les bactéries pour lutter contre les virus et que des ingénieurs ont modifié pour pouvoir supprimer et remplacer des gènes à peu près aussi facilement qu’on supprime et remplace une brique de Lego. Dans les mains des chercheurs de l’université de Guangzhou, appliqué à des cellules dites germinales – celles qui fabriquent tout l’organisme – ceci a permis de créer des embryons humains mutants.
Comme pour toute «avancée technologique», la compassion face à la souffrance d’autrui est mise en avant, l’équipe ayant tenté de corriger une anomalie génétique grave. Le même raisonnement avait été utilisé pour les OGM il y a 15 ans : ils n’étaient prétendument créés que pour mettre fin à la misère du tiers-monde et permettre l’indépendance alimentaire des pays du Sud. Les développeurs et les vendeurs de technologies d’ingénierie du vivant seraient donc des bienfaiteurs de l’humanité, entravés par l’obscurantisme des masses – des «sachants» face à des ignorants?
Le développement des premiers cyborgs – humains mêlés aux machines – bénéficie du même argumentaire. Ceci n’est plus un sujet de film de science-fiction puisque de premiers patients tétraplégiques ont été opérés et peuvent marcher ou manipuler des mains robotiques grâce à un exosquelette piloté par des électrodes implantées dans leur cerveau. Compassion ou inconscience? Les résultats des scientifiques chinois ont conduit une partie de la communauté scientifique à demander un moratoire à la manipulation génétique de l’être humain – mais seulement le temps de vérifier que celle-ci ne pose pas de problème de «sécurité». Autrement dit, même la partie la plus prudente du monde dit savant considère qu’il faut pouvoir réaliser ces manipulations.
Peu parmi nous, pourtant, voudraient d’un monde d’humains manipulés génétiquement, de semi-robots mangeant des nourritures artificielles produites par des ingénieurs, et gouvernés par des intelligences informatiques. Mais beaucoup sont prêts à accepter un peu d’OGM pour produire plus de nourriture, des technologies pour soigner ceux qui souffrent, des intelligences artificielles pour pallier les limites de l’esprit humain. En oubliant que les portes une fois ouvertes ne se referment plus, et que par une logique de petits pas la technologie nous fait progressivement entrer dans un monde qui n’a plus rien d’humain. Elle a avancé plus vite que nos esprits et nous manipule, car nous n’avons pas envie de voir que nous ne sommes que des enfants inconscients jouant avec des allumettes.
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