Alors que Pékin mettait en scène un spectacle éblouissant de plus de 93 millions d’euros en accueillant les Jeux olympiques d’hiver l’année dernière, Ji Yunzhi gisait mourante dans un hôpital chinois du nord. Il ne lui restait plus qu’un souffle après les séries de tortures qui lui avaient été infligées pour la terroriser et la pousser à renoncer à sa foi.
Elle a été enchaînée à un lit d’hôpital avec des chaînes de fer aux chevilles et des menottes où elle a passé le dernier mois de sa vie, un tube en caoutchouc enfoncé dans le nez.
Cette femme de 65 ans est décédée 48 jours après son arrestation et sa détention, le jour du Nouvel An lunaire chinois, suite à une série d’abus mentaux et physiques qu’elle avait subis au cours des vingt dernières années.
À sa mort, des tâches de sang maculaient son visage et ses épaules. Sa famille accablée de chagrin a demandé des explications aux autorités et a pu voir près de 50 policiers garder le corps de Ji et surveiller leur appartement. Les policiers ont forcé le mari de Ji à autoriser l’incinération du corps meurtri de sa femme et ont menacé de renvoyer son neveu d’un emploi de fonctionnaire s’il refusait d’obtempérer.
Ils ont également montré à l’homme des photos de son fils, Simon Zhang, assistant à des manifestations de Falun Gong aux États-Unis et l’ont averti qu’ils savaient tout.
Lors de la dernière journée du Sommet international sur la liberté religieuse, le 1er février, Simon Zhang, aujourd’hui architecte à New York, a raconté l’histoire de Ji, sa défunte mère, elle aussi pratiquante de la discipline spirituelle Falun Gong.
Au cours d’une précédente arrestation pendant les Jeux olympiques de Pékin en 2008, Ji a été emprisonnée dans un camp de travail et électrocutée pendant deux heures jusqu’à ce qu’elle urine involontairement. Son visage a également été torturé et brûlé.
Un souhait de liberté religieuse
Depuis plus de 23 ans, la foi dans le Falun Gong, qui fonde son enseignement sur les principes universels de vérité, compassion et tolérance, ainsi que la méditation, a été violemment persécutée sous l’idéologie athée du parti communiste au pouvoir en Chine, qui réprime la grande majorité des croyances religieuses
Zhang se souvient de sa mère, qu’il n’avait pas vue pendant 19 ans avant qu’elle ne décède des mains de la police chinoise, comme étant chaleureuse et attentionnée. « La femme de mon frère a dit que ma mère lui donnait des choses que sa propre mère ne lui donnait pas », a-t-il confié à Epoch Times.
« Ma mère n’avait qu’un seul souhait : voir par elle-même comment nous pratiquons en toute liberté le Falun Gong en Amérique », a-t-il déclaré lors de l’événement. Ji a essayé de lui rendre visite aux États-Unis quelques années auparavant, mais elle s’est vu refuser l’approbation de sa demande de passeport en raison de sa foi.
« Maintenant, elle n’aura jamais cette chance », a-t-il ajouté.
« Ma famille comme des millions d’autres a été déchirés par la persécution du Falun Gong par le Parti communiste », a-t-il dit à l’auditoire, notant qu’il y a eu plus de 4 900 cas documentés de décès de pratiquants par la torture ou des abus, ainsi qu’un nombre incalculable de victimes du crime de prélèvement forcé d’organes, tout cela pour avoir refusé de renoncer à leur foi et à leur droit à avoir une pensée, une parole et une action indépendantes.
« Ce que le Parti communiste chinois a fait au Falun Gong, y compris à ma mère, est un génocide et un crime contre l’humanité. »
La veille, Beth Van Schaack, l’ambassadrice itinérante des États-Unis pour la Justice Pénale Mondiale, a souligné la répression religieuse de Pékin dans ses déclarations.
Outre la répression des Ouïghours dans la région occidentale du Xinjiang en Chine, que les États-Unis et un certain nombre d’autres pays ont qualifiée de génocide, « [à] travers la Chine plus largement, la persécution religieuse est également dirigée contre les bouddhistes tibétains, les pratiquants de Falun Gong, les chrétiens, et tant d’autres qui ne cherchent qu’à pratiquer pacifiquement leurs croyances », a-t-elle déclaré.
Liberté religieuse et droits de l’homme : une préoccupation bipartite
La préoccupation pour les droits de l’homme en Chine est une question qui unit les législateurs de gauche et de droite au Capitole aux États-Unis
Lors d’une table ronde mardi, le président de la commission des affaires étrangères, le Rep. Michael McCaul (Représentant du Texas), coprésident honoraire du Congrès pour le sommet, a dénoncé « l’assaut total du Parti communiste chinois contre la religion » tout en promettant de « maintenir la liberté religieuse au premier plan de la politique étrangère de l’Amérique ».
« Protéger la liberté de religion, ce n’est pas seulement faire ce qui est juste, c’est aussi une question de sécurité nationale », a-t-il déclaré dans un discours, ajoutant qu’il s’efforcera de faire la lumière sur les abus commis dans le monde, d’obliger les auteurs à rendre des comptes et d’aider la diaspora américaine qui a des parents et des amis persécutés pour leur foi à l’étranger.
Interrogé sur la crainte que le régime chinois n’exporte son influence répressive à l’étranger, M. McCaul a également fait référence à la pratique du prélèvement forcé d’organes et à l’appareil de surveillance high-tech très répandu en Chine, que des dizaines de pays ont adopté.
« Ils ont des données biométriques pour suivre tous leurs habitants à l’intérieur de la Chine. Vous savez, les transplantations d’organes – où ils forcent les gens, les endorment et prélèvent leurs organes, et c’est tout simplement horrible », a-t-il déclaré.
Faisant écho à ses propos, le représentant Jim McGovern (D-Mass.) a souligné la nécessité pour les États-Unis de « soulever la question des droits de l’homme à tous les niveaux », y compris « lorsque nous établissons des projets de loi sur le commerce » et « lorsque nous investissons dans d’autres parties du monde ».
Dans un « pays qui opprime son peuple pour quelque raison que ce soit », a-t-il dit, « il y aura de la violence et de l’instabilité à long terme. Et donc, il n’est pas dans notre intérêt de fermer les yeux sur une terrible oppression. »
Seule au monde
Grace Chen, une étudiante en musique de 17 ans à New York, était présente au sommet pour lancer un appel à l’aide.
Elle joue de l’instrument à cordes chinois, l’erhu. Ses deux parents ont été arrêtés en Chine à l’automne 2020 en raison de leur foi. Elle n’a pas entendu leur voix depuis plus de deux ans.
« J’ai mis en signet chaque article sur l’arrestation de mes parents sur mon ordinateur portable. J’avais l’impression que, désormais, j’étais toute seule au monde », a-t-elle déclaré les larmes aux yeux lors du sommet.
Ses professeurs et ses camarades de classe ont écrit de nombreuses lettres aux deux détenus. Même si les lettres ne leur parviennent pas, elle voulait au moins que la police chinoise sache que nombre de gens s’intéressent à eux. Si ces mots pouvaient les atteindre, ses parents pourraient lire qu’elle s’excusait auprès d’eux de ne pas avoir suffisamment veillé à leur sécurité.
« Ont-ils trouvé où vous étiez parce que je vous ai appelé si souvent ? Je suis désolée de ne pas avoir été plus prudente. Si je vous avais appelé moins souvent, seriez-vous toujours en sécurité à la maison maintenant ? » a-t-elle dit, en imaginant parler à sa mère.
Avant sa naissance, Grace Chen a dit que la police avait battu son père jusqu’à ce que toutes ses dents tombent parce qu’il pratiquait le Falun Gong.
« Même après cela, tu n’as jamais, jamais abandonné ta foi. Tu es mon héros, baba », a-t-elle dit, en utilisant le terme chinois pour papa. « Mais j’espère que cette fois ils ne t’ont pas fait de mal ».
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