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Des jouets de qualité pour la Vie

décembre 9, 2015 5:00, Last Updated: décembre 11, 2015 4:31
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La Grande Ourse, nom de la boutique-atelier de Marguerite Doray, située sur l’avenue Duluth à Montréal, présente un ajout autant sur sa carte professionnelle que sur l’enseigne du magasin  : il est indiqué « jouets pour la Vie ». Autrefois enseignante à plusieurs niveaux à l’école Rudolf Steiner de Montréal (qui propose la pédagogie Waldorf), Mme  Doray souligne que « jouets pour la Vie » n’a pas une, mais deux définitions.

« En premier lieu, ce sont des jouets pour entretenir le vivant. L’autre façon de voir est qu’ils sont assez résistants pour une vie et même plus. Un jouet en bois ne se jette pas à la poubelle, alors que c’est ce qui arrive souvent avec celui en plastique. Un jouet en bois, soit on le retape, soit on le répare, ça reste vivant. Ça reste quelque chose qu’on va transmettre d’une génération à l’autre  », fait-elle comprendre.

Les jouets en bois, tels que ces animaux de la forêt québécoise, sont nombreux à la Grande Ourse.(Nathalie Dieul/Epoch Times)

Avant l’ouverture de son magasin, ses amis achetaient outre-mer les jouets pour leurs enfants parce qu’ils ne retrouvaient pas la qualité qu’ils espéraient au Québec. Maintenant, c’est au tour de Mme  Doray d’avoir un pincement au cœur si elle laisse passer des perles d’ici et d’ailleurs.

Des objets qui ont une voix

Il y a plusieurs manières d’interpréter le phénomène des jeunes familles qui se tournent progressivement vers les jouets de qualité supérieure. Selon Marguerite Doray, il a un lien à faire avec une certaine conscience de la consommation à laquelle certaines familles se sont éveillées. Ainsi offrent-elles à leurs enfants des jouets « impérissables » qui ont un rôle capital, souvent insoupçonné, dans l’enfance.

« On a vu que le jouet en plastique, qui rebondit et qui ne se casse jamais, n’apprend pas à un enfant à faire attention aux choses, à maîtriser ses gestes. Quand je laisse tomber un objet en bois par terre, ça fait, clac ! On entend presque le jouet pleurer. Le jouet a peut-être craqué ou s’est brisé. Papa ou maman va le recoller. On va toujours voir la fissure qui va me rappeler que je n’ai pas fait attention. Dorénavant, je serai plus attentif à ma manière de jouer », déclare celle qui sait très bien se mettre à la place des enfants.

De petits personnages pour de grandes histoires.(Nathalie Dieul/Epoch Times)

« Les jouets en plastique font généralement tous le même bruit lors d’un choc sur le plancher. Le bois, lui, c’est la voix de l’arbre. Si je jette un jouet en pin ou en frêne par terre, ça ne produit pas le même bruit. Les tout-petits sont très sensibles à cela. C’est dans cette perspective précise qu’ils jettent les choses sur le sol. Quand ils ont fini de les mettre dans la bouche, de les goûter, de les sentir, d’apprivoiser leur texture, leur température, leur volume, leur forme, leur poids, leurs couleurs, ça ne se termine pas là. Ils ont encore besoin d’entendre la voix de l’objet afin de parfaire leur compréhension du jouet et, en partie, du monde », assure la dame douce et posée.

« La relation qu’il [l’enfant] a avec les objets autour de lui, c’est son premier contact avec le monde extérieur, autre maman ou papa. Si ce monde est accueillant, chaleureux, qu’il possède une âme et que c’est intéressant pour ses petites mains, c’est exactement l’attitude qu’il aura envers la connaissance et sa connaissance du monde. Si c’est en plastique, le rapport au monde demeure en surface. Ça met une distance avec le monde. Beaucoup trop de plastique circule encore dans les mains des enfants. Beaucoup de ces enfants sont devenus des adultes dont le contact avec la vie s’effrite », précise l’ancienne enseignante, sincèrement peinée de la situation.

Fibres naturelles pour goûter la vie

À La Grande Ourse, on y trouve aussi d’autres créations, beaucoup sont « fabriquées à partir des forces de vie d’un mouton ». Mme  Doray ajoute que notre corps est aussi une force de vie de la nature. Cela crée donc une rencontre, une reconnaissance de ce qui est vivant lorsqu’on fait le contact entre les deux. On retrouve notamment des poupées, marionnettes et petits personnages, mais aussi tout le matériel et les instructions nécessaires afin de permettre aux clients de créer eux-mêmes ces objets qui contribuent à l’enfance, on offre même des ateliers de confection.

Petits personnages naturels aux couleurs vives.(Nathalie Dieul/Epoch Times)

La laine de mouton se trouve aussi dans l’invisible pour les yeux et possède toute son importance. «Non seulement ce que vous voyez à l’intérieur du magasin est en fibre naturelle, mais aussi tout ce qu’on ne voit pas. Pensons à la bourrure dans les poupées et les petits personnages, c’est crucial que ce soit des matériaux vivants. Si j’appuie sur un de ces jouets et qu’il est rembourré avec du styrofoam, ça va rebondir ; si c’est du polyester, ça glisse des doigts ; si c’est vivant, comme la laine, c’est une résilience vivante. Les enfants sont sensibles à ça, à quelque chose avec lequel ils peuvent s’abandonner », développe Mme  Doray.

Dans la même veine de l’incontestable qualité de jouets disponibles en magasin, entre autres, on y retrouvera du matériel d’art à base de cire d’abeille « qui sent bon et qui est agréable au toucher  », des instruments de musique qui procurent une expérience directe plutôt que la musique « machinale » du CD ; par exemple avec une panoplie d’instruments accordés en gamme pentatonique, c’est-à-dire qui ne crée aucune disharmonie sonore pour le musicien en devenir et ses auditeurs. On y trouve aussi des jouets, inspirés ou directement créés par d’autres cultures, qui ont conservé leur essence et un souci pour l’authenticité à travers les âges.

Pourquoi Marguerite Doray a-t-elle choisi le nom La Grande Ourse, pour sa boutique-atelier ?

« En regardant les étoiles, j’ai choisi le nom d’une constellation que presque tout le monde connaît. Je voulais qu’on ait en tête un ciel étoilé aussitôt qu’on prononce le nom du magasin. Quand on regarde un ciel étoilé, il y a un sentiment d’être devant quelque chose de grand, qui mérite une certaine vénération. Je suis profondément convaincue que c’est le même regard et la même attitude que l’on doit avoir devant un petit enfant. D’autre part, dans la mythologie montagnaise, l’ours est le protecteur de la vie. Ça doit être le même engagement que l’on doit avoir avec les enfants. »

Pour en savoir davantage  :

La Grande Ourse, jouets pour la Vie

263, av. Duluth Est, Montréal 
514 847-1207

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