Quarante et un maires et responsables de comtés démocrates ont écrit une lettre au président Joe Biden pour demander à son administration d’accorder la liberté conditionnelle et des permis de travail à des millions d’immigrés clandestins résidant aux États-Unis.
« Notre demande est fondée sur la conviction qu’étendre la dignité de l’autorisation légale de travailler à nos résidents nés au Mexique, au Guatemala, en République dominicaine et dans d’autres pays constituerait une avancée positive », écrivent les démocrates dans la lettre du 23 mai.
Ils ont noté qu’environ 11,3 millions de citoyens américains partagent aujourd’hui un foyer avec une personne sans papiers. Cette question est donc cruciale dans certains « États électoraux clés » tels que le Nevada, l’Arizona, le Wisconsin, le Michigan, la Pennsylvanie, la Géorgie et la Caroline du Nord, écrivent-ils.
Les démocrates ont demandé au département de la Sécurité intérieure de « tirer parti de son autorité » pour accorder la liberté conditionnelle aux immigrés clandestins de longue date et récents, leur permettant ainsi d’obtenir une autorisation de travail. Permettre aux immigrés clandestins de travailler légalement dans le pays se traduirait par des salaires plus élevés, les protégerait de l’exploitation sur le lieu de travail et leur permettrait de contribuer à l’économie, écrivent-ils.
Dans cette lettre, ils affirment que le travail légal effectué par les étrangers en situation irrégulière rapporterait environ 13,8 milliards de dollars (12,7 milliards d’euros) par an en contributions fiscales. Citant une prévision du Congressional Budget Office, les démocrates assurent que les « nouveaux immigrants » pourraient augmenter le produit intérieur brut des États-Unis de 7000 milliards de dollars (6450 milliards d’euros) au cours des dix prochaines années, sans préciser le caractère légal ou non de ces immigrants.
Impact fiscal
Les affirmations selon lesquelles les immigrés clandestins stimulent l’économie américaine ont été réfutées par plusieurs études. Une analyse réalisée en mars 2023 par la Federation for American Immigration Reform (FAIR) a révélé que les États-Unis supportent une charge fiscale de 150,7 milliards de dollars par an en raison de l’immigration clandestine.
« Les impôts payés par les étrangers en situation irrégulière ne couvrent qu’un sixième environ des coûts qu’ils engendrent à tous les niveaux dans ce pays », peut-on lire dans l’analyse. « De nombreux étrangers en situation irrégulière reçoivent en fait un bénéfice net en espèces grâce à des programmes de crédits d’impôt remboursables. »
De nombreux immigrants clandestins travaillent dans l’économie souterraine et évitent ainsi de payer l’impôt sur le revenu, note FAIR.
Bien que les revenus totaux versés par les étrangers en situation irrégulière soient légèrement inférieurs à 32 milliards de dollars (29,5 milliards d’euros), leur impact économique négatif brut est environ six fois plus élevé, à savoir 182 milliards de dollars (167,7 milliards d’euros). Chaque étranger en situation irrégulière ou chaque enfant né aux États-Unis d’un parent étranger en situation irrégulière coûte aux Américains 8 776 dollars (8088 euros) par an.
Dans leur lettre, les démocrates suggèrent que l’administration Biden pourrait donner un coup de fouet à la libération conditionnelle et à l’octroi de permis de travail aux immigrés clandestins en élargissant la libération conditionnelle actuellement accordée aux conjoints et aux parents des militaires américains. Cette extension pourrait permettre à 1,2 million de conjoints sans papiers de citoyens américains de bénéficier d’une libération conditionnelle, écrivent-ils.
L’administration pourrait se concentrer sur un programme de permis de travail pour les immigrés clandestins sans papiers qui vivent aux États-Unis depuis 10 ans ou plus, selon la lettre. Ils ont également suggéré d’instituer un programme de libération conditionnelle pour les « Dreamers (jeunes qui se sont vu accorder le droit de travailler et d’étudier légalement aux Etats-Unis pendant deux ans renouvelables) » qui sont trop jeunes pour le programme « Deferred Action for Childhood Arrivals » (action différée pour les arrivées d’enfants).
« Il est temps d’étendre les permis de travail pour faire sortir des millions de personnes de l’ombre. Au nom de nos nouveaux résidents et des immigrants de longue date, nous vous exhortons à utiliser cette autorité pour le bénéfice commun de tous », peut-on lire dans la lettre.
Afflux massif d’immigrants clandestins
La volonté des démocrates d’accorder des permis de travail aux immigrés clandestins intervient alors que l’administration Biden a enregistré un afflux important de personnes en situation irrégulière.
Selon les données de la Douane et de la Protection des frontières, les agents de la Patrouille frontalière ont rencontré près de 9,9 millions d’immigrants clandestins entre l’année fiscale 2021 et avril 2024. Cela comprend 1,98 million de rencontres au cours de cet exercice seulement.
En avril, l’administration a prolongé les permis de travail de certains étrangers en situation irrégulière. Cette prolongation a eu lieu quelques semaines avant une date limite qui aurait laissé des centaines de milliers de ces personnes sans emploi.
Les républicains accusent les politiques du président Biden d’avoir déclenché l’afflux d’un grand nombre d’immigrés clandestins.
En janvier 2021, le premier mois de son mandat, le président Joe Biden a interrompu la construction du mur frontalier, mis fin au programme « Restez au Mexique », réaffecté les priorités des services d’immigration et de douane des États-Unis (
ICE) et annulé l’interdiction de voyager en provenance de pays exposés au terrorisme.Toutefois, l’administration insiste sur le fait qu’elle s’efforce de maîtriser la crise frontalière. Le président Biden a « appelé le Congrès à réparer notre système d’immigration défaillant » dès le premier jour de son mandat, selon Karine Jean-Pierre, secrétaire de presse de la Maison-Blanche, dans un communiqué publié le 20 mai.
« Au début de l’année, son administration est parvenue à un accord bipartisan sur la série de réformes la plus stricte et la plus équitable depuis des décennies », a-t-elle ajouté.
« Cette loi bipartisane sur les frontières apporterait les changements politiques significatifs, les ressources et le personnel nécessaires pour sécuriser notre frontière et rendre notre pays plus sûr. »
Les républicains ont bloqué le projet de loi il y a quelques mois, nombre d’entre eux jugeant les dispositions insuffisantes pour sécuriser la frontière. Les parlementaires du Grand Old Party (parti républicain) ont souligné que le projet de loi n’inclut pas le rétablissement de la politique « Restez au Mexique » de l’ancien président Donald Trump, que de nombreux républicains considèrent comme un élément incontournable de toute législation sur la sécurité des frontières.
Le projet de loi bipartisane sur les frontières a été proposé une nouvelle fois au Sénat le 23 mai. Cette fois-ci, le projet de loi a été rejeté 50-43, avec plus d’opposition de la part des parlementaires des deux partis.
La loi sur les frontières de 2024 comprend une disposition qui permet de fermer la frontière si le nombre moyen d’immigrants illégaux rencontrés par les fonctionnaires est supérieur à 5000 par jour pendant sept jours consécutifs.
Cependant, les opposants soulignent qu’autoriser 5000 étrangers illégaux à entrer aux États-Unis chaque jour aggraverait encore la crise de l’immigration à laquelle le pays est confronté.
Après le rejet du projet de loi par le Sénat, le président Biden a reproché aux républicains de ne pas se soucier de « sécuriser la frontière ou de réparer le système d’immigration défaillant de l’Amérique ». Il a accusé les parlementaires du Grand Old Party de faire passer la politique partisane avant la sécurité nationale.
Bien que le vote initial de février ait été soutenu par quelques républicains, aucun parlementaire du parti n’a appuyé la mesure cette fois-ci. De nombreux membres du GOP ont déclaré que le projet de loi était un stratagème politique démocrate qui finirait par aggraver la situation à la frontière.
« Le fait est que le président Trump avait le pouvoir de sécuriser la frontière », a déclaré le sénateur Ron Johnson (parti républicain) à Epoch Times. « Il l’a fait. Biden a utilisé cette même autorité pour la rouvrir. »
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