Plusieurs membres de l’armée n’ont pas hésité à faire part de leur émoi après la tenue d’un concert polémique dans la cathédrale des militaires.
Organisé le 22 mai dernier dans la cathédrale Saint-Louis des Invalides, le concert commémorant les vingt ans de la fin de la guerre du Kosovo a suscité l’indignation de plusieurs officiers et sous-officiers de l’armée française.
Mis sur pied par l’ambassade de la République du Kosovo, le concert destiné à « rendre hommage sans considération ethnique à la France et à l’armée française qui ont contribué à la paix dans les Balkans » en tant que parties prenantes de l’Otan, selon les propres mots de Qëndrim Gashi, ambassadeur du Kosovo à Paris, a fait l’objet d’une vive polémique dans les rangs de la Grande muette.
Intitulée L’homme armé, une messe pour la paix, c’est l’œuvre du compositeur et chef d’orchestre international Karl Jenkins – présent pendant la cérémonie – qui a mis le feu aux poudres. Composition dédiée aux victimes du Kosovo par son auteur, l’œuvre présente la particularité d’associer des éléments traditionnels de la liturgie catholique, des psaumes bibliques et un adhan, c’est-à-dire un appel à la prière islamique.
Une « profanation infiniment scandaleuse »
Interprétée par la Philarmonie du Kosovo, la composition de sir Karl Jenkins a donc donné lieu à la récitation d’un appel à la prière commençant par « Allahu Akbar » depuis la chaire de la cathédrale Saint-Louis des Invalides.
Une séquence que plusieurs officiers généraux, officiers supérieurs, officiers, sous-officiers et militaires de tous rangs n’ont pas hésité à qualifier de « profanation infiniment scandaleuse autant que douloureuse » dans une lettre publiée le 1er juin et adressée à Monseigneur de Romanet, évêque aux Armées françaises.
Introduite par une célèbre citation de Saint Augustin : « À force de tout voir, on finit par tout supporter… À force de tout supporter, on finit par tout tolérer… À force de tout tolérer, on finit par tout accepter… À force de tout accepter, on finit par tout approuver ! » –, la missive considère « indispensable qu’à l’avenir le diocèse aux Armées soit désormais systématiquement saisi par les autorités décisionnaires de toute demande d’organisation de ‘concert’ ou autre évènement ‘artistique’ ».
Un rite pénitentiel célébré pendant l’Ascension
Si Mgr Antoine de Romanet a jugé les faits « regrettables », comme le rapporte le magazine hebdomadaire Famille chrétienne, il a également rappelé que le diocèse était « simple utilisateur de la cathédrale, dont le Musée de l’armée est affectataire ». En conséquence de quoi, « seuls les offices religieux » relèvent de l’autorité de l’évêque aux Armées, en lien avec le gouverneur de l’hôtel des Invalides.
Un rite pénitentiel a d’ailleurs été célébré en les murs de la cathédrale Saint-Louis à l’occasion de la messe de l’Ascension. Selon Le Cérémonial des Évêques, il s’agit d’une prière de réparation émise « en cas de profanation d’une église » et après des actes « contraires à la sainteté du lieu ».
« L’injure faite à une église doit être réparée par un rite pénitentiel aussitôt que possible ; tant que ce rite n’est pas accompli, on ne célébrera dans l’église ni l’eucharistie ni les autres sacrements ni d’autres actions liturgiques », précise l’ouvrage.
Si l’œuvre de Karl Jenkins a déjà été jouée dans plusieurs églises à travers le monde, certains évêques n’ont toutefois pas hésité à refuser que la composition soit interprétée dans leur cathédrale confie Famille chrétienne.
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