INTERNATIONAL

Des milliers de manifestants anti-charbon dans une forêt allemande

octobre 6, 2018 14:59, Last Updated: octobre 6, 2018 17:30
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« Aucune envie de charbon »: en musique et en couleurs, des milliers de manifestants ont investi samedi une forêt dans l’ouest de l’Allemagne sauvée provisoirement du déboisement et devenue le symbole de la lutte contre les énergies fossiles. Sous un ciel bleu et des températures dignes d’un été indien, jeunes, familles et retraités se félicitaient de leur victoire obtenue la veille après la décision d’un tribunal suspendant les travaux de déboisement de l’énergéticien RWE, qui devaient permettre l’agrandissement d’une énorme mine de charbon.

Cette journée constitue une nouvelle victoire pour les organisateurs, parmi lesquels les associations environnementales Greenpeace et Bund, qui estiment à 50.000 le nombre de participants, soit le « plus gros rassemblement anti-charbon jamais vu » dans la région. De son côté, la police, présente en nombre dans ce bois proche d’Aix-la-Chapelle et devenu un symbole des tensions autour de la dépendance allemande au charbon brun, extrait à ciel ouvert sur de vastes surfaces, n’a pas donné de chiffres.

« J’étais pas mal déprimé ces dernières semaines et avais perdu confiance dans l’Etat de droit. Mais tout va mieux depuis hier », se réjouit Marc Stoppenbach, 47 ans.  Travaillant dans la communication et portant une pancarte « la forêt de Hambach reste, sortons du charbon de suite! », il est venu avec son fils en espérant « qu’il soit aussi déterminé à s’engager pour un avenir propre et à protéger notre environnement ».

La veille, la Cour régionale administrative de Münster avait estimé que RWE n’avait « pas le droit de déboiser la forêt de Hambach » tant que la justice n’aura pas examiné le recours déposé sur le fond par Bund, soit d’ici 2020 selon RWE. Une véritable victoire, certes provisoire, pour les militants écologistes venus défendre les quelque 200 hectares restant de ce bois, dont 3.900 hectares ont déjà été défrichés par RWE pour sa mine.

Plusieurs dizaines d’entre eux s’étaient installés dans des cabanes dans les arbres depuis six ans, parfois à plus de 15 mètres de haut, et avaient été délogés ces dernières semaines par la police. Parmi eux, Musel, un quinquagénaire avec dreadlocks et imposante barbe.  « Je m’étais enchaîné à l’arbre et m’étais enveloppé de barbelés. Mais la police a été gentille » lorsqu’elle est venue le déloger, explique-t-il.

Et alors que les forces de l’ordre se targuent d’avoir détruit les près de 90 cabanes, Musel s’en amuse: « d’autres sont déjà en train d’être reconstruites. Ils ne pourront pas nous détruire! ». Un peu plus loin, alors qu’un musicien ne passe pas inaperçu avec son véritable piano à queue sur lequel est dessiné un immense symbole de la paix, Marius, un ingénieur de 36 ans, critique la politique environnementale de son pays.

« Autrefois, l’Allemagne était pionnière en matière de climat. Nous avions auparavant une soi-disant chancelière du climat. Mais si nous-mêmes n’y arrivons pas (à sortir des énergies polluantes, NDLR), qui d’autre pourrait le faire? », s’agace-t-il. Si les énergies renouvelables sont montées en puissance, dépassant les 30% de la consommation d’électricité allemande, le charbon reste toujours une pierre angulaire de la politique énergétique allemande. Il représente toujours près de 40% de la production d’électricité dans le pays en raison notamment de la sortie du nucléaire à l’horizon 2022, décidée en 2011 par le gouvernement d’Angela Merkel.

Une raison supplémentaire pour poursuivre le combat, selon Gesche Juergens, un porte-parole de Greenpeace. « Hier, c’était un premier pas important, mais la lutte se poursuit pour sortir du charbon » qui pourrait, selon une étude menée par son organisation, « être éliminé progressivement d’ici 2030 » et les centrales au charbon les plus sales « déjà directement fermées ».  « RWE a inventé ce conte disant que la lumière allait s’éteindre en Allemagne si le déboisement ne se poursuivait pas: ce n’est tout simplement pas vrai », affirme-t-il.

D.C avec AFP

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