Des parents accusés de maltraitance: leur fils de 18 mois souffre de la maladie des os de verre

Par Emmanuelle Bourdy
4 février 2023 10:11 Mis à jour: 4 février 2023 10:11

Soupçonnés à tort de maltraitance sur leur fils Léon, Manon et Jonathan se sont vus retirer la garde de l’enfant. Souffrant de la maladie des os de verre, Léon a finalement pu réintégrer le domicile familial après confirmation de ce diagnostic. L’affaire a été classée sans suite. Les parents de Léon alertent sur ces placements abusifs, alors que « des enfants assurément maltraités mettent des mois voire des années à être placés ».

En décembre 2020, Léon avait été emmené en urgence à l’hôpital de Meaux (Seine-et-Marne) à la suite d’une chute, rapporte Le Parisien. Il s’était alors fait une fracture du fémur au domicile de ses parents, à La Ferté-sous-Jouarre (Seine-et-Marne). Après une seconde fracture, survenue chez sa nourrice le 5 mars 2021, les pompiers l’ont de nouveau conduit à l’hôpital. Soupçonnant un problème de maltraitance, Léon y avait alors subi un bilan global. Le verdict était tombé et le 19 mars 2021, le petit garçon, alors âgé de 18 mois, avait été confié à l’Aide sociale à l’enfance (ASE).

Le verdict tombe alors même que l’hôpital n’a pas fait réaliser d’examens complémentaires

Au départ, lorsqu’on a dit à la mère de Léon que celui-ci allait devoir subir des tests pour vérifier s’il n’y avait pas maltraitance, celle-ci a trouvé cela « tout à fait logique et même rassurant », souligne-t-elle auprès de nos confrères. Une fois ces tests effectués, les pédiatres de Meaux ont demandé l’avis des professionnels de santé de l’hôpital Bicêtre AP-HP (Val-de-Marne). Le dossier de l’enfant a fait l’objet de discussions lors d’une réunion à laquelle étaient présents plusieurs pédiatres spécialisés et des radiopédiatres.

À l’issue de ces discussions, l’hypothèse que l’enfant était victime du syndrome de Silverman (lésions caractéristiques des enfants battus) était tombée. Toutefois, l’hôpital Bicêtre conseillait à l’hôpital de Meaux de « compléter le bilan d’exploration radiologique du squelette » et « d’explorer le cerveau et la moelle, en particulier cervicale », ce que n’aurait pas fait l’établissement de santé en question, selon la famille de Léon.

« On a tout fait pour que j’admette que je battais mon enfant »

Après quoi, l’hôpital avait rédigé une information à la Crip (cellule de recueil, de traitement et d’évaluation des informations préoccupantes) et la gendarmerie avait mené une enquête, interrogeant voisins et membres de la famille du garçonnet.

« Lorsque j’ai été interrogée par l’UMJ (Unité médico-judiciaire), on a tout fait pour que j’admette que je battais mon enfant », raconte la maman de Léon, ajoutant : « J’avais l’impression que tout était fait pour que je sois reconnue coupable et que la faute ne soit pas remise sur les médecins qui ne trouvaient pas la cause des fractures. »

« On en était arrivés à espérer secrètement que notre enfant se blesse »

Mais le plus douloureux pour elle a été le moment où elle a vu son fils « emmené par deux éducatrices et des ambulanciers », le 19 mars 2021. « Son regard était rempli d’incompréhension. J’ai essayé de garder la tête froide devant lui puis je me suis effondrée au sol », se rappelle-t-elle avec effroi. L’enfant a ensuite été confié à l’Aide sociale à l’enfance (ASE) et placé en pouponnière. Les parents, accusés à tort, ont alors vécu dans l’angoisse, essayant par tous les moyens de prouver leur innocence.

« C’est extrêmement douloureux de se réjouir parce que notre fils s’est fait mal », mentionne le père de famille. Effectivement, un autre accident s’est produit quelques jours plus tard. Léon a de nouveau chuté alors qu’il était sous la surveillance du personnel de la pouponnière. Conduit à l’hôpital, il a dû être plâtré des deux jambes. Une simple prise de sang a révélé qu’il était atteint de la maladie rare des os de verre, également nommée « ostéogenèse imparfaite ». Le 2 avril 2021, le petit a donc été rendu à ses parents.

« Les hôpitaux n’admettront jamais leur tort pour ne pas avoir à verser de réparations »

Quelques mois plus tard, en septembre 2021, les parents de Léon ont adressé une réclamation à l’hôpital de Meaux et à l’hôpital de Bicêtre, afin d’obtenir réparation du préjudice moral et financier subi, indique le quotidien francilien. Mais cette réclamation, transmise à la Direction des affaires juridiques de l’AP-HP, a été classée sans suite treize mois plus tard.

L’hôpital de Meaux estime avoir agi correctement. La cheffe de service de pédiatrie générale de l’établissement a en effet assuré que « lorsqu’un diagnostic est assez suspicieux, nous sommes dans l’obligation de le signaler. On a fait les vérifications nécessaires, et nous n’avons pas commis d’erreur. »

« Les hôpitaux n’admettront jamais leur tort pour ne pas avoir à verser de réparations », constate avec dépit Manon. « Mais ça nous importe peu, on veut seulement que ces placements abusifs ne se reproduisent plus. Je suis AVS [auxiliaire de vie scolaire] dans un collège, et je ne comprends pas que des enfants assurément maltraités mettent des mois voire des années à être placés tandis que des enfants comme Léon se retrouvent placés immédiatement après un diagnostic hâtif », conclut-elle.

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