Désespoir sur l’île grecque d’Eubée en flammes, accalmie des feux en Turquie

Par Epoch Times avec AFP
8 août 2021 14:33 Mis à jour: 8 août 2021 14:34

Des milliers d’habitants désespérés de l’île grecque d’Eubée en flammes observaient comme des « mort- vivants » dimanche le brasier qui consumait leurs villages et leurs terres, au 12e jour d’une vague d’incendies de forêts en Grèce et en Turquie.

Si la plupart des feux étaient maîtrisés dimanche en Turquie, le sinistre de l’île d’Eubée, la deuxième plus grande de Grèce, restait le plus préoccupant du pays.

« D’après ce que l’on voit, le feu n’est pas près d’être sous contrôle », a déclaré le maire de Mantoudi, une commune d’Eubée, sur Skai TV.

Un panorama apocalyptique

En proie aux feux depuis six jours, cette langue de terre coincée entre l’Attique et la mer Égée offrait un panorama apocalyptique. Le long des routes, les résidents aspergeaient d’eau leurs terrains, tandis que les flammes engloutissaient les zones boisées.

Aux portes d’Athènes, le sinistre qui a détruit des dizaines d’habitations, d’usines et d’entreprises était en rémission dimanche, ont indiqué les pompiers grecs.

Avec des températures de plus de 40 degrés, la Grèce et la Turquie traversent depuis près de deux semaines une canicule exceptionnelle, la pire pour les Grecs en plus de 30 ans, selon le Premier ministre Kyriakos Mitsotakis.

Les incendies, qui s’y sont déclarés par dizaines, ont fait huit morts en Turquie, deux morts et trois blessés graves en Grèce.

De part et d’autre de la mer Egée, les soldats du feu luttaient toujours contre les flammes dans la région turque de Mugla, dans le sud-ouest du pays, et sur la péninsule grecque du Péloponnèse, à 300 km à l’ouest d’Athènes.

« C’est dramatique. On va tous finir à la mer »

Le principal cauchemar des pompiers grecs restait dimanche d’Eubée, immense île montagneuse couverte de pins qui attire traditionnellement touristes grecs et étrangers.

« On en a vécu des incendies, mais cette situation c’est du jamais vu », se désole Nikos Papaioannou, un habitant de Gouves, sur l’île.

Malgré le relief accidenté, près de 500 pompiers poursuivaient leur combat acharné contre le feu dans le nord de l’île, qui s’est réveillée dimanche enveloppée dans un épais nuage de fumée et sous une pluie de cendres, a constaté une équipe de l’AFP.

Parmi eux figurent quelque 200 pompiers venus d’Ukraine et de Roumanie, renforcés par sept avions et hélicoptères bombardiers d’eau, selon les services d’incendies grecs.

Mais « les forces ne sont pas suffisantes », a estimé Giorgos Kelaïtzidis, vice-gouverneur d’Eubée. « La situation est critique à l’heure actuelle ».

« On livre un combat titanesque »

Selon lui, au moins 35.000 hectares et des centaines de maisons ont brûlé. « On livre un combat titanesque mais il faudra beaucoup de temps pour reconstruire », a-t-il ajouté.

Le principal front de l’incendie avait été estimé à 30 km de large samedi par les autorités.

« Le front est trop grand. On essaye de sauver le village mais les moyens sont insuffisants », s’est lamenté Nikos Papaioannou. « C’est dramatique. On va tous finir à la mer ».

-Sur l’île d’Eubée (Eubée), deuxième plus grande île grecque, le 8 août 2021 un feu de forêt se déplace vers le village de Gouves. Photo par ANGELOS TZORTZINIS / AFP via Getty Images.

Quelque 2.000 habitants de l’île ont été évacués et relogés dans des hôtels.

Des ferrys et des navires militaires étaient en alerte en cas de nouvelles évacuations par la mer, alors que 350 habitants supplémentaires ont été récupérés sur une plage de Pefki dimanche, selon les garde-côtes.

« On est abandonnés aux mains de Dieu »

Alors que les flammes se dirigeaient vers la ville d’Istiaia dimanche matin, dévorant habitations et pinèdes, Iraklis, un habitant, a estimé sur Open TV que « 40.000 personnes vivront comme des morts-vivants ces prochaines années à cause de la destruction de la région ».

« Pour les 40 prochaines années on n’aura pas de travail, et l’hiver, on va être noyés sous les eaux sans les forêts pour nous protéger », s’est aussi désespéré Yannis Selimis, un autre habitant de Gouves.

Dans le village où les habitants s’échinent à arroser leurs maisons, le jeune homme estime que « l’État est absent. Si les gens partent, les villages vont brûler (…) On est abandonnés aux mains de Dieu ». 

Dans le Péloponnèse, les principaux fronts dans les régions du Magne, d’Ilia et de Messinie, où plusieurs villages ont été évacués samedi, étaient toujours actifs dimanche.

Plus de 56.000 hectares ont été ravagés ces 10 derniers jours en Grèce, selon le Système européen d’information sur les feux de forêts (EFFIS). Quelque 1.700 hectares avaient brûlé en moyenne sur la même période entre 2008 et 2020.

 

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