Notre environnement est rempli de choses qui mettent notre caractère à l’épreuve. Parfois, nous réussissons à surmonter ces épreuves, d’autres fois, nous échouons. Pourtant, l’échec n’est pas nécessairement la fin du chemin ; grâce à la détermination, nous pouvons encore nous trouver favorables à Dieu.
Nous poursuivons notre lecture de Paradis perdu de John Milton. Raphaël vient de finir de décrire les cieux à Adam, et Adam a partagé ce dont il se souvient au sujet de sa création. Raphaël retourne alors au ciel.
Le retour de Satan
Alors qu’Adam continue de parler à l’archange Raphaël, Satan vole autour de la terre, attendant son heure pour revenir en Éden. Gabriel l’a chassé du jardin d’Éden, mais cela n’a pas suffi à le dissuader ni à apaiser la colère qui l’anime. Il va devoir trouver une voie secrète pour y entrer.
« De là chassé plein d’angoisse,
Il rôda pendant sept nuits continues
Avec les ombres (…)
Satan s’abîme avec le fleuve,
Et se relève avec lui,
Enveloppé dans la vapeur émergente.
Il cherche ensuite où se tenir caché (…) »
(Livre IX, ligne 184)
Satan, les yeux aux aguets, tourne autour de la Terre pendant sept jours jusqu’à ce qu’il voie enfin une occasion d’atterrir là où le fleuve Tigre (avant que le péché ne le change) coule sous terre avant de remonter en Éden sous forme de fontaine. Satan, couvert d’un brouillard, suit le fleuve jusqu’à l’Éden et cherche à se cacher.
Dans son illustration « Satan s’abîme avec le fleuve, et se relève avec lui » Gustave Doré représente Satan calmement perché sur un rocher escarpé, regardant les eaux tumultueuses du Tigre. Le calme de Satan ne doit pas nous tromper, car il n’est immobile qu’à l’extérieur, au milieu des eaux qui s’écoulent ; à l’intérieur, il bouillonne de colère. Son agitation intérieure se reflète dans l’agitation du fleuve et alimente son désir d’endurer les assauts du fleuve. Cette image révèle la détermination du mal lorsqu’il s’agit de détruire le bien dans le monde.
Satan possède le serpent
Satan arrive en Éden et cherche un endroit où se cacher. Il veut éviter d’être retrouvé par les archanges, alors il examine attentivement tous les animaux d’Éden pour voir lequel lui servira le mieux à cacher ses intentions trompeuses et vengeresses.
« Avec une minutieuse recherche,
Et considéré avec une inspection profonde chaque créature (…)
(…) et il trouva que
Le serpent était le plus fin de tous les animaux des champs (…)
Choisit la plus convenable greffe du mensonge, le vase convenable dans lequel
Il pût entrer et cacher ses noires suggestions
Au regard le plus perçant : car dans le rusé serpent
Toutes les finesses ne seraient suspectes à personne (…) »
(Livre IX, ligne 185)
Satan considère que le serpent est le meilleur pour ses objectifs. Il pense que personne ne se méfiera si le serpent agit avec de mauvaises intentions. Les mouvements du serpent sont naturellement subtils et trompeurs. Satan continue de se déplacer dans l’Éden, enveloppé d’un brouillard, afin de s’approcher d’un serpent et de le posséder.
« (…) enveloppé ainsi dans le brouillard
Et la vapeur de minuit, je glisse obscur,
Je fouille chaque buisson, chaque fougeraie où le hasard
Peut me faire trouver le serpent endormi,
Afin de me cacher dans ses replis tortueux,
Moi et la noire intention que je porte (…)
Le démon entra par sa bouche (…) »
(Livre IX, lignes 185-187)
Après avoir trouvé le serpent, Satan le possède en entrant par sa bouche, et s’emparant de son instinct brutal dans la tête ou dans le cœur, il lui inspira bientôt des actes d’intelligence. Même si ce n’est pas un humain. Satan le possède. Cela permet de mieux comprendre le dicton « vous êtes ce que vous mangez » en suggérant que nous devenons ce que nous laissons entrer dans notre esprit et dans notre cœur – quelle que soit la manière dont il entre, nous l’ingérons.
Dans son illustration « Il le trouva bientôt profondément endormi, roulé sur lui-même dans un labyrinthe de cercles », Gustave Doré montre Satan regardant une pile de serpents entrelacés. Ici, Satan a vraiment l’air sinistre : ses grandes ailes de chauve-souris, ses cheveux noirs ébouriffés et ses yeux sombres regardant vers le bas évoquent une obscurité qui donne l’ambiance de cette scène. Il semble même avoir trouvé le seul endroit de l’Éden qui ne soit pas envahi par le feuillage et la vie.
L’obscurité des serpents correspond à l’obscurité des ailes de Satan, et nos yeux ne peuvent s’empêcher de rebondir d’un à l’autre. Cet élément de composition nous aide à équivaloir Satan aux serpents, qui correspondent le mieux à son caractère.
Les malheurs de Satan
Plus tôt, l’agitation intérieure de Satan a été comparée à la représentation du fleuve en furie de Gustave Doré, et il a été suggéré que son agitation servait l’intention furieuse de Satan de détruire la création de Dieu – et plus tard, Satan l’affirme :
« Honteux abaissement ! moi qui naguère combattis
Les dieux pour siéger le plus haut, réduit aujourd’hui
À m’unir à un animal, et, mêlé à la fange de la bête (…)
Mais à quoi l’ambition et la vengeance
Ne peuvent-elles pas descendre ! »
(Livre IX, lignes 186-187)
En essayant d’être le plus haut dans le ciel, Satan est forcé d’être le plus bas. Cependant, selon Satan, il est prêt à s’abaisser pour réaliser sa vengeance contre Dieu, au point de mélanger son esprit jadis angélique avec la bave du serpent. C’est ainsi que se manifeste sa détermination.
Il sait qu’il ne peut pas vaincre Dieu directement, mais il croit qu’il peut détruire la création de Dieu :
« Qu’au loin la destruction s’étende !
À moi seul, parmi les pouvoirs infernaux,
Appartiendra la gloire d’avoir corrompu dans un seul jour
Ce que celui nommé le Tout-Puissant continua de faire
Pendant six nuits et six jours (…) »
(Livre IX, ligne 186)
Satan est déterminé à détruire les êtres humains, le nouveau trésor de Dieu, en un jour, en un moment de tentation. Milton se réfère à plusieurs reprises à l’unique commandement de l’obéissance à Dieu. Ce commandement s’applique à Adam, à Ève et à tous les anges du ciel. Pourtant, on ne peut pas être obéissant à Dieu et suivre les tentations de Satan, et c’est là que réside la difficulté d’être humain.
Nous, les êtres humains, en tant que créations de Dieu, pouvons aussi être déterminés, malgré nos défauts. Comment notre détermination se manifestera-t-elle ? Si nous voulons être obéissants à Dieu et résister aux tentations de Satan, nous devons faire attention à ce que nous « ingérons ». Nous devons devenir le contraire de ce que représente Satan.
L’orgueil est la raison pour laquelle Satan tente de s’élever plus haut que tous les autres, et pour cela, il est forcé de descendre – de ramper sur la terre comme le plus bas des plus bas. Se pourrait-il que dans notre obéissance, notre soumission à Dieu, notre façon de nous incliner devant Lui soit de nous abaisser intentionnellement afin de pouvoir nous élever dans la gloire de Dieu ?
Gustave Doré était un illustrateur prolifique au XIXe siècle. Il a illustré certains des plus grands classiques de la littérature occidentale, notamment La Bible, Paradis perdu et La Divine comédie. Dans cette série, nous allons nous plonger dans les pensées qui ont inspiré G. Doré et les images que ces pensées ont suscitées.
Eric Bess est un artiste figuratif en exercice et est candidat au doctorat à l’Institut d’études doctorales en arts visuels (IDSVA) et professeur agrégé au Fei Tian College de Middletown dans l’État de New York.
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