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Détroit de Taïwan: incident naval entre la France et la Chine

avril 25, 2019 15:40, Last Updated: juillet 13, 2019 12:28
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« Eaux territoriales » contre « liberté de navigation »: la marine chinoise a intercepté début avril un navire de guerre français dans une zone géopolitique sensible, le détroit qui sépare la Chine continentale de l’île de Taïwan, revendiquée par Pékin.

Des bateaux de l’Armée populaire de libération (APL) ont repéré le bâtiment français le 7 avril, a indiqué jeudi un porte-parole du ministère chinois de la Défense, précisant avoir remis une protestation solennelle à Paris. Le navire de guerre a pénétré dans « les eaux territoriales chinoises » sans autorisation, a souligné Ren Guoqiang lors d’une conférence de presse régulière, en réponse à une question sur le sujet.

La Chine considère Taïwan comme une partie de son territoire. L’île est cependant dirigée depuis 1945 par un régime rival, qui s’y était réfugié après la prise du pouvoir par les communistes sur le continent en 1949, à l’issue de la guerre civile chinoise. « L’armée chinoise a envoyé des bateaux de guerre conformément à la loi afin d’identifier le navire français et lui intimer l’ordre de partir », a expliqué Ren Guoqiang à propos de l’incident.  Le porte-parole n’a pas précisé le nom du bâtiment.

Mais la frégate française Vendémiaire, qui était attendue cette semaine à Qingdao (est de la Chine) afin de participer à un défilé naval pour le 70e anniversaire de la marine chinoise, n’était finalement pas présent à cet événement. Paris n’a pas fourni d’explication à ce changement de programme. La France « réaffirme son attachement à la liberté de navigation, conformément au droit de la mer », a indiqué jeudi un membre de l’entourage de la ministre des Armées Florence Parly.

La Marine nationale française « transite en moyenne une fois par an dans le détroit de Taïwan, sans incident ni réaction », a précisé la même source, révélant que Français et Chinois étaient « en contact étroit » sur cette affaire. Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, présent jeudi à Pékin à l’occasion du sommet sur les Nouvelles routes de la soie, devait d’ailleurs avoir un entretien dans la soirée avec son homologue chinois Wang Yi.

La Chine n’a pas indiqué à quel endroit de ses « eaux territoriales » se trouvait le navire français, mais ce terme désigne généralement une distance maximale d’environ 12 milles marins (soit un peu plus de 22 km) des côtes.  En février, Pékin avait déjà protesté contre un énième passage d’un bâtiment américain dans le détroit de Taïwan, dénonçant une « provocation ». L’US Navy conduit régulièrement des opérations baptisées « liberté de navigation » plus au sud, en mer de Chine méridionale.

La Chine revendique la souveraineté de la quasi-totalité des îles et récifs de cette zone maritime, où plusieurs pays riverains (Philippines, Vietnam, Malaisie, Bruneï) ont des revendications rivales. Par ces opérations de « liberté de navigation », Washington entend contrer les ambitions de Pékin, qui y a agrandi des îlots qu’il contrôle afin de renforcer ses revendications territoriales. Outre les Etats-Unis, la France et Royaume-Uni mènent également ce type de manœuvres,  quoique beaucoup moins fréquemment.

Le ministre britannique des Finances, Philip Hammond, a d’ailleurs été interpellé jeudi à ce sujet lors d’un entretien à Pékin avec le vice-Premier ministre chinois, Hu Chunhua. « Il est regrettable que depuis août dernier les relations entre nos deux pays connaissent des hauts et des bas du fait de la question de la mer de Chine méridionale », a lancé M. Hu devant les journalistes. En réponse, M. Hammond a dit partager les regrets de son interlocuteur, tout en assurant que Londres ne prenait pas « position » sur la question de la mer de Chine méridionale.

La marine chinoise est depuis plusieurs années en phase de rattrapage sur ses homologues occidentales. Elle s’est équipée de plusieurs navires de premier plan, dont un porte-avions (le Liaoning), ainsi que de nombreux destroyers et sous-marins à propulsion nucléaire.

D.C avec AFP

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