L’agence de notation Moody’s a indiqué vendredi ne pas avoir mis à jour la note de crédit de la France, en pleine étude du budget 2024 au Parlement, décision qui « témoigne de la crédibilité » du pays, selon le ministre de l’Économie Bruno Le Maire.
La note « Aa2 », l’une des meilleures possibles, est conservée et la perspective reste stable, ce qui signifie que l’agence de notation n’envisage pas de changer sa notation sur la dette de la France pour l’heure. Aucun autre examen de la note de la France n’est inscrit au dernier calendrier en date de Moody’s.
La décision de Moody’s de maintenir la note de la France témoigne de la crédibilité notre signature souveraine.
Elle conforte notre volonté de poursuivre le désendettement de la France et ma détermination à rétablir nos finances publiques.— Bruno Le Maire (@BrunoLeMaire) October 20, 2023
Pour le ministère de l’Économie, cette absence de mise à jour de la note signifie que l’agence confirme son « Aa2 ». « La décision de Moody’s de maintenir la note de la France témoigne de la crédibilité de la signature souveraine française », a réagi Bruno Le Maire dans une déclaration transmise à l’AFP.
« Elle conforte notre volonté de poursuivre le désendettement de la France et de respecter la trajectoire définie par le président de la République, et matérialisée par la loi de programmation des finances publiques », a-t-il ajouté. Moody’s précise de son côté que son communiqué ne « constitue pas une publication de décision de notation formelle ».
Montant record d’emprunt en 2024
Le gouvernement a été forcé, mercredi, d’engager sa responsabilité pour faire adopter au parlement la partie « recettes » du budget 2024, l’opposition annonçant dans la foulée deux motions de censure. Le texte du budget 2024 prévoit un total de dépenses de l’État de 491 milliards d’euros, hors charge de la dette, et un déficit public à 4,9% du PIB cette année, puis 4,4% en 2024, largement hors des clous européens.
Pour redresser les comptes publics dès 2024, le gouvernement a exclu des augmentations d’impôts et mise plutôt sur la croissance, avec une prévision de 1,4% jugée « élevée » par le Haut conseil des finances publiques, et sur la fin de mesures exceptionnelles de soutien aux ménages et entreprises. La dette a dépassé les 3000 milliards d’euros au premier trimestre 2023 et la France prévoit d’emprunter un montant record de 285 milliards d’euros sur les marchés en 2024.
Notations de Fitch et S&P à venir
Moody’s est la première des trois principales agences de notation à s’être penchée de nouveau cette année sur la note française, avant Fitch le 27 octobre et Standard & Poor’s (S&P) le 1er décembre.
En avril, Fitch avait abaissé la note de crédit de la France d’un cran à « AA- » (là aussi une note qui reste très élevée), assortie d’une perspective « stable », ce qui avait été perçu comme un coup de semonce. Fitch avait notamment évoqué « des déficits budgétaires importants et des progrès modestes » concernant leur réduction, après trois ans d’abondantes dépenses publiques destinées à amortir le choc du Covid-19 et de l’inflation, et les tensions sociales autour de la réforme des retraites.
Quelques semaines plus tard, la France échappait de peu à une révision à la baisse de la note « AA » (la troisième meilleure possible) attribuée par S&P, considérée comme la plus influente des trois agences de notation. Mais S&P n’avait pas non plus touché à la perspective « négative », qui signifie qu’un abaissement de la note est possible. Au vu des trois notes appliquées à la France, sa dette reste très fiable aux yeux des marchés.
Le ralentissement de la croissance pourrait avoir un impact défavorable sur les recettes budgétaires, et la charge de la dette dans les dépenses pourrait s’accroître avec une nouvelle augmentation des taux de la Banque centrale européenne (BCE) lors de sa réunion du 26 octobre. Le ministère mise sur une croissance économique de 1% cette année, puis de 1,4% en 2024. L’endettement resterait stable à 109,7% du PIB en 2024, pour atteindre 108,1% en fin de quinquennat.
« Normalement, le projet de budget est de nature à rassurer les agences, sauf si elles mettent en doute sa crédibilité », remarque Éric Dor, directeur des études de l’IESEG School of Management.
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