La nouvelle de la levée de la limite de deux mandats pour le poste du président de la République populaire de Chine a été suivie par de nombreuses spéculations et suggestions que l’actuel président Xi Jinping pourrait régner toute sa vie.
De nombreux médias ont présumé que la Chine reviendrait bientôt à l’ère de la dictature de type Mao.
D’autres, y compris Epoch Times, ont plutôt vu dans ce changement l’indication du besoin de Xi Jinping de consolider davantage son pouvoir au sein du Parti communiste chinois (PCC) qui est en plein combat entre différentes factions. Les officiels fidèles à l’ancien chef du Parti Jiang Zemin constituent toujours une force d’opposition majeure à la direction de Xi Jinping, même si lors du 19e Congrès national – le plus important conclave du PCC tenu en octobre dernier – la faction de Jiang Zemin a vu son pouvoir affaibli après la nomination des alliés de Xi Jinping à plusieurs postes clés.
Ces derniers jours, des analystes et des médias du monde entier ont présenté différentes interprétations des raisons pour lesquelles l’actuel dirigeant chinois a effectué ce changement sans précédent.
Xi Jinping s’est fait trop d’ennemis lors de sa campagne anti-corruption qui a mis hors-jeu des milliers de hauts fonctionnaires du Parti, donc « s’il n’avait pas renforcé son pouvoir à tous les niveaux, cela pourrait lui créer des problèmes après son second mandat : une chute suivie d’emprisonnement », explique l’analyse publiée le 12 mars dans le journal autrichien Die Presse.
Parmi ces hauts fonctionnaires déchus, on trouve Zhou Yongkang, ancien patron de la sécurité et bras droit de Jiang Zemin ; Guo Boxiong et Xu Caihou, deux anciens généraux très puissants ; et Ling Jihua, conseiller politique principal de Hu Jintao, le prédécesseur de Xi Jinping au poste de chef du PCC.
En même temps, Chen-shen Yen, expert de l’Institut des relations internationales de l’Université nationale Chengchi à Taïwan, a déclaré à Radio Free Asia (RFA) qu’il croyait que Xi Jinping avait aboli les limites des mandats présidentiels pas nécessairement pour servir un autre terme, mais pour empêcher les forces d’opposition d’accumuler le pouvoir pour nommer leur propre successeur. « Par exemple, si Hu Jintao faisait son choix pour le successeur de Xi Jinping – car dans le passé, le chef du Parti sautait une génération pour nommer le chef suivant », a commenté M. Yen, se référant à la pratique introduite par l’ancien chef du PCC Deng Xiaoping qui prévoyait que l’actuel chef du Parti pouvait nommer le leadeur qui suivait son successeur immédiat.
L’année dernière, Xi Jinping a évincé du Parti Sun Zhengcai qui était largement considéré comme son successeur et qui était étroitement lié à la faction de Jiang Zemin.
Deng Yuwen, un chercheur de Charhar Institute, un groupe d’experts basé en Chine, a écrit un éditorial dans le journal hongkongais South China Morning Post, expliquant pourquoi il pense qu’il est peu probable que Xi Jinping gardera son poste à vie. « Pour abroger les limites de mandat, Xi aurait eu besoin de l’accord des membres au sommet du Parti. S’il impose un changement des règles sans un tel consensus, il risquerait d’aggraver les divisions au sein de la direction, ce qui entraverait le fonctionnement de son propre gouvernement. Ainsi, Xi a probablement promis à l’élite du Parti qu’il ne détruirait pas le système de la succession politique en restant au pouvoir à vie », a-t-il écrit dans un article publié le 14 mars.
M. Deng a également souligné que le régime veut préserver son image et ne veut pas faire face à une réaction négative du public à la suite de la nomination d’un leader à vie. Surtout en tenant compte de la fervente opposition exprimée sur les médias sociaux chinois (qui a été rapidement censurée) à l’annonce des plans du Parti d’abolir la limite des mandats présidentiels.
Annie Wu
Wen Pu a contribué à cet article.
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