Contrôles routiers, porte-à-porte, drone, équipe cynophile : quelque 70 gendarmes étaient toujours déployés lundi pour retrouver la trace de Morgane, une collégienne de 13 ans disparue depuis une semaine dans le petit bourg breton de Pabu (Côtes-d’Armor), où certains habitants ne cachent pas un sentiment d’angoisse et d’impuissance.
Les recherches entamées dès le 25 novembre après le signalement de cette « disparition inquiétante » ont repris avant même le lever du jour à proximité du domicile de l’adolescente, a indiqué à des journalistes Jean-Baptiste Gautier, commandant de la compagnie de gendarmerie de Guingamp, qui pilote les opérations.
« Ce matin on a contrôlé toutes les personnes qui empruntaient le trajet habituel de l’adolescente » pour se rendre au collège « en partant du principe que ces personnes étaient pour leur grande majorité ceux qui l’empruntaient lundi dernier » et ont pu croiser Morgane, a-t-il expliqué.
Aucune hypothèse n’est officiellement privilégiée
« On a pu recueillir le témoignage de tout le monde, que ce soit automobilistes, piétons, chauffeurs de bus, passagers », poursuit le commandant Gautier, « et on continue également à faire du porte-à-porte pour une enquête de voisinage ».
À environ deux kilomètres de là, sous une pluie intermittente, une équipe de quatre gendarmes en uniformes remontent méthodiquement une rue de Guingamp menant à Pabu, quasiment déserte à cette heure. Ils s’arrêtent à chaque habitation pour frapper aux portes.
De nombreux occupants sont absents mais « les gens nous parlent quand ils sont là », assure un des enquêteurs qui ne souhaite pas la présence des médias pendant l’opération.
« On cherche toutes traces, indices, témoignages, tout ce qui peut nous aider à avancer dans notre enquête » pour retrouver la collégienne, résume le commandant Gautier.
Selon le procureur de Saint-Brieuc, Nicolas Heitz, Morgane a quitté son domicile lundi 25 novembre vers 7h15. Ses parents, « occupés à se préparer », ne la voient pas partir mais elle leur dit « au revoir comme à son habitude ». Mais elle ne s’est jamais présentée à son collège.
L’adolescente, qui s’était disputée avec ses parents au cours du week-end concernant son utilisation des réseaux sociaux, n’a donné aucun signe de vie depuis lors.
Des cours d’eau ont été sondés, une battue organisée vendredi avec l’aide de centaines de bénévoles, en vain. Et une semaine après les faits, aucune hypothèse n’est officiellement privilégiée par l’enquête.
L’ombre de Lina plane dans beaucoup de conversations
« Est-ce qu’elle est toujours à Pabu ? Dans une commune voisine ou alors à Paris ? Tous les scénarios sont possibles, c’est ça qui est angoissant », déclare à l’AFP Denise Thomas, 72 ans, sortant d’un cours de gymnastique.
« Le soir, quand je vois la nuit tomber, je me dis : “où est-ce qu’elle va passer la nuit, cette gamine ?” », lâche la retraitée croisée sur la place de la mairie du petit bourg de 2800 habitants.
Sa petite-fille elle-même avait peur à l’annonce de cette disparition, « elle ne voulait pas aller au collège à pied la semaine dernière : il a fallu que sa maman la conduise. »
« Il y a un sentiment d’impuissance aussi, parce qu’on aimerait aider, on ne sait pas quoi faire. Je le vis très difficilement, je l’avoue », ajoute une camarade de gymnastique, Claudine Connan, 72 ans.
« J’en ai fait des cauchemars qui m’ont réveillée la nuit dernière ! », assure une troisième.
« On espère qu’elles auront une issue heureuse, ces recherches », dit Denise Thomas. Mais l’ombre de Lina, adolescente de 15 ans disparue en Alsace en septembre 2023 et dont le corps a été découvert plus d’un an après dans la Nièvre, plane dans beaucoup de conversations à Pabu, confie-t-elle.
« Est-ce qu’elle a suivi quelqu’un de malveillant ? On ne sait pas quelles rencontres elle a pu faire », s’inquiète-t-elle. « Ne rien savoir, c’est ça qui est terrible », conclut Claudine Connan.
Le procureur de Saint-Brieuc devait faire le point sur l’enquête lors d’un point presse lundi après-midi.
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