Remis à un soldat étranger, Sohail Ahmadi avait disparu le 19 août dans le chaos de l’évacuation de l’aéroport de Kaboul: la semaine dernière, le bébé a retrouvé sa famille après cinq mois de séparation.
Le nourrisson, alors âgé de deux mois, avait été tendu par son père à un soldat qui surplombait la foule paniquée par l’arrivée au pouvoir des talibans, lesquels venaient de s’emparer de la capitale afghane.
Le père et l’enfant avaient été séparés. Malgré de longues recherches, impossible pour Mirza Ali Ahmadi de récupérer son bébé. C’est un chauffeur de taxi, Hamid Safi, qui l’a retrouvé, pleurant et abandonné sur le sol de l’aéroport.
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— Zahir Abbas (@Sheikhzahirabas) August 26, 2021
« Je l’ai apporté à des femmes pour qu’elles l’allaitent », sans succès. « J’ai continué à chercher sa famille », jure le jeune homme de 29 ans qui s’était rendu à l’aéroport pour déposer son propre frère évacué.
Chercher, sans succès, les parents de l’enfant
« J’ai alors appelé ma femme et elle m’a dit de ramener le bébé à la maison ».
Le couple assure avoir continué à chercher, sans succès, les parents de l’enfant. Ils l’ont alors nommé Mohammad Abed et ont commencé à l’élever.
« Si nous n’avions pas trouvé sa famille, nous l’aurions protégé et élevé comme notre propre enfant », poursuit Hamid Safi.
Pendant trois jours, le vrai père de Sohail avait cherché son fils dans l’aéroport bondé. En désespoir de cause, cet ancien agent de sécurité de l’ambassade américaine s’était envolé pour les États-Unis avec sa femme et leurs quatre autres enfants.
L’aéroport de Kaboul avait été pris d’assaut en août par des dizaines de milliers d’Afghans désireux à tout prix de quitter la ville en même temps que les dernières troupes américaines, après 20 ans de guerre.
Aidée par les réseaux sociaux et la police
De nombreux Afghans craignaient le retour des islamistes au pouvoir, se remémorant leur régime cruel des années 1990 ou par peur de représailles visant les collaborateurs de l’ex-gouvernement ou des forces étrangères.
Ce n’est que la semaine dernière que la famille de Sohail a pu retrouver sa trace à Kaboul, aidée par les réseaux sociaux et la police.
Le garçon a été confié à son grand-père, des séparations déchirantes pour le couple Safi et leurs trois filles.
« Je me sentais responsable de lui comme sa mère », explique Fatimah Safi, 27 ans. « Il avait l’habitude de se réveiller souvent la nuit (…) Maintenant, quand je me réveille la nuit, il n’est pas là et cela me fait pleurer ».
Rendre le bébé était « très difficile »
« Je suis une mère. Je comprends qu’il ne sera pas toujours avec nous et qu’il a besoin de ses parents », poursuit-elle.
Son mari reconnaît que rendre le bébé était « très difficile ».
Dimanche, le grand-père de Sohail, Mirza Mohammad Qasemi, a invité la famille Safi dans sa maison de Kaboul pour passer un peu de temps avec l’enfant.
« Ils se sont occupés de lui pendant cinq mois et étaient très attachés à lui », confie-t-il à l’AFP, ajoutant que les Safi ont été dans un premier temps réticents à rendre le bébé.
M. Qasemi, qui avait lui aussi cherché son petit-fils, se dit maintenant excité à l’idée que Sohail puisse rejoindre ses parents aux États-Unis. Ceux-ci ont pris contact avec les autorités américaines, mais le processus pourrait toutefois être long.
« C’était difficile pour ma fille. Elle pleurait et ne mangeait rien », précise le vieil homme, essuyant ses larmes et regardant Sohail dormir sur les cuisses de Fatimah.
Jusqu’à ce que Sohail rejoigne ses parents, sa tante s’occupera de lui.
Au téléphone dimanche, son père ne cachait pas sa joie: « nous étions dans un triste état ces cinq derniers mois (…) Mais quand nous avons trouvé notre bébé, nous étions heureux que Dieu nous ait rendu notre enfant ».
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