La cour d’assises de Foix a condamné vendredi l’infirmière Marie-José Montesinos et son ex-amant Jean-Paul Vidal à 30 ans de réclusion pour un assassinat et un meurtre commis en 2017 en Ariège.
La cour a assorti la peine de Mme Montesinos d’une période de sûreté de 20 ans, au delà des réquisitions dans ce dossier où l’accusation l’avait présentée comme l’instigatrice de l’assassinat de son ancien compagnon Christophe Orsaz et de la fille de ce dernier, présente par hasard lors du guet-apens tendu par les accusés.
« C’est un verdict à la hauteur de la gravité de ce qui s’est passé », a estimé Me Arnaud Lévy-Soussan, avocat de douze membres des familles des victimes, retenant notamment la longueur de la période de sûreté infligée à Mme Montesinos.
« Double sentiment »
Xavier, le frère de Christophe, a expliqué à la presse éprouver un « double sentiment » : « Je suis content qu’ils aient été punis, mais je suis aussi déçu parce qu’ils ne prennent pas assez à mon goût. » Les avocats de Mme Montesinos ne se sont pas exprimés à l’issue du verdict. Pour M. Vidal, Me Mathieu Montfort a indiqué qu’il n’y aurait « pas d’appel » de son client. « La démarche de M. Vidal c’était de s’expliquer vis-à-vis des parties civiles, j’ai envie de dire que pour lui la peine était presque accessoire », a-t-il dit.
Marie-José Montesinos et Jean-Paul Vidal comparaissaient depuis une semaine devant les assises de Foix et les jurés ont retenu les arguments de l’accusation qui présentait l’infirmière comme l’instigatrice de l’assassinat et co-autrice du meurtre de Célia, la fille de 18 ans de Christophe Orsaz
« Les jurés ont envoyé un signal clair à Mme Montesinos en reconnaissant que c’est elle qui a fomenté, elle qui prévoit et elle qui demande de tuer », a analysé Me Agnès Dufetel-Cordier, avocate d’une des sœurs de Christophe et du petit-ami de Célia. Vendredi matin, l’avocat général Pierre Aurignac avait requis la perpétuité assortie d’une période de sûreté de 18 ans contre Mme Montesinos, et 30 ans de réclusion contre M. Vidal.
Rappel des faits
Le 30 novembre 2017, les deux accusés, se faisant passer pour de potentiels futurs clients de M. Orsaz, jardinier-paysagiste, lui avaient donné rendez-vous dans un hameau isolé. Dès son arrivée, ils l’avaient roué de coups de barres de fer avant de le jeter à l’article de la mort, « comme une ordure », selon M. Aurignac, dans une fosse septique qu’ils avaient préalablement ouverte.
Le jour des faits, Célia, que son père devait emmener à la gare après son rendez-vous, avait assisté à une partie de sa mise à mort par les deux accusés. Ils l’avaient ensuite emmenée en voiture, avant que M. Vidal l’abatte d’une balle de fusil de chasse dans la tête, dans un coin de forêt ariégeoise. Leur disparition n’avait été élucidée que six mois plus tard. Cette affaire des « disparus de Mirepoix », du nom du bourg où vivait M. Orsaz, était devenue dans la presse celle des « amants diaboliques » après les premiers aveux en garde à vue des deux accusés en juin 2018.
Tout au long du procès, experts et enquêteurs se sont succédés à la barre et ont dessiné le portait d’un couple d’accusés dont les fragilités psychiques, liées à des enfances traumatiques, ont conduit au passage à l’acte. Mme Montesinos, victime d’inceste de la part de son père, est devenue une adulte à « l’affectivité perturbée », au « narcissisme fragile », selon psychiatres et psychologues, qui ont également décrit une personnalité binaire, réagissant selon un mode « ce qui n’est pas avec moi est contre moi ».
D’après les témoins entendus, elle n’a pas supporté la rupture avec M. Orsaz, véritable « blessure » entraînant « une rage narcissique », dans laquelle elle a emporté son amant de l’époque, M. Vidal. Lui-aussi meurtri au plus jeune âge par d’importances carences affectives, il est devenu avec Mme Montesinos – qu’il a décrite « comme une confidente, une sœur, presque une mère » – un « suiveur », selon le mots d’un psychologue, un « instrument » incapable de remettre en cause les dires de celle dont il était amoureux et qui lui avait fait croire que M. Orsaz était dangereux.
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