Des documents confidentiels provenant d’agences gouvernementales locales chinoises ont révélé que les autorités empêchent les citoyens de se rendre à Pékin pour présenter leur cas au gouvernement central lors d’une réunion politique importante.
Lianghui, ou les « deux sessions », est la réunion annuelle de la législature du Parti communiste chinois (PCC) et de son organe consultatif sans pouvoir de facto pour adopter des politiques et des programmes. La réunion de cette année a commencé le 21 mai et durera une semaine.
Le régime chinois a mis en place des bureaux, connus sous le nom de bureaux de pétition, au sein du gouvernement régional et central pour entendre les plaintes du public.
À l’occasion des réunions importantes du Parti ou des anniversaires politiques, les autorités sévissent généralement contre les dissidents.
Cette année, il n’en a pas été autrement.
Des documents classifiés filtrés par le journal d’Epoch Times décrivent les plans d’action des autorités pour garder la trace des pétitionnaires. Pour une administration municipale, trois personnes ont été prévues pour suivre chaque pétitionnaire.
Les pétitionnaires arrivés à Pékin dans l’espoir de faire appel se sont vu détenues et renvoyés dans leur ville natale.
Entre-temps, les autorités de Pékin ont également détenu un grand nombre de pétitionnaires qui habitent la capitale.
Documents ayant fait l’objet d’une fuite
Un document du gouvernement de la ville de Qitaihe, dans le nord-est de la province du Heilongjiang, explique les tâches des fonctionnaires pour « stabiliser » les pétitionnaires.
Daté du 24 avril, le document indiquait que ces instructions étaient faites en fonction des demandes des autorités centrales et provinciales, dans le but « d’empêcher les gens de se rendre à Pékin ou dans les villes locales pour y déposer des pétitions« .
Le document souligne que les autorités centrales et provinciales ont précédemment désigné 45 « groupes cibles » et « 203 personnes clés » comme étant susceptibles de pétitionner, et ont également rédigé une liste noire des pétitionnaires identifiés.
Pour ces cibles, le gouvernement Qitaihe a demandé que les fonctionnaires désignent trois agents gouvernementaux pour les surveiller 24 heures sur 24, sept jours sur sept.
Un document publié le 22 avril 2019 explique les cinq types de « cibles importantes » : les personnes qui ont pétitionné continuellement au cours des cinq dernières années ; les personnes qui ont pétitionné au cours de l’année écoulée ; les personnes qui ont eu des conflits avec la police lors de leur pétition à Pékin ; les personnes qui souffrent de maladie mentale ou dont un membre de la famille est soigné pour des maladies à Pékin ; et les personnes qui sont actuellement en cours de faire pétition.
Bien que les bureaux de pétition locaux soient un moyen pour les gens d’exprimer leurs doléances, les autorités ne permettent pas aux citoyens de diffuser largement les lettres de pétition, et harcèlent souvent les pétitionnaires qui soumettent leurs cas ou protestent en public.
Détention
Les pétitionnaires à Pékin ont fait remarquer à l’édition chinoise d’Epoch Times qu’un grand nombre d’entre eux étaient détenus depuis le 17 mai, après s’être rassemblés devant le Bureau des pétitions du gouvernement central, connu sous le nom d’Administration nationale des plaintes et des propositions publiques.
Les autorités ont déployé plus de dix autocars pour les transporter à Jiujingzhuang, une prison noire du district de Fengtai, célèbre pour la détention des pétitionnaires. D’autres ont été contraints de quitter Pékin en train.
Sur les photos qu’ils ont partagées, les bus à destination de Jiujingzhuang étaient bondés de gens.
La police de Pékin a également détenu des pétitionnaires qui habitaient à Pékin.
Zhang Hua et Wu Linmei sont deux pétitionnaires de Shanghai. Ils ont co-loué un appartement dans la ville de Changyang, dans le district de Fangshan à Pékin, comme lieu de résidence temporaire. Ils se rendent fréquemment au Bureau des pétitions du gouvernement central.
Le soir du 18 mai, plus de 20 policiers sont entrés par effraction défonçant leurs portes et les ont arrêtés.
« La police du poste de Changyang et le personnel du Bureau du gouvernement de Shanghai [à Pékin] nous ont détenus au Centre de service de l’administration des secours de Pékin », a déclaré Zhang Hua à l’édition chinoise d’Epoch Times le 19 mai. Zhang Hua a déclaré qu’un groupe de pétitionnaires basés à Pékin a été forcé de quitter la ville et de retourner à Shanghai.
Wang Su’e est une pétitionnaire de la province du Liaoning, au nord-est du pays. Elle a un emploi temporaire dans le district de Tongzhou à Pékin. Le 16 mai à midi, quatre policiers l’ont arrêtée sur son lieu de travail et l’ont remise à la police du Liaoning, qui avait prévu de la ramener dans sa ville natale.
Ailleurs, Shen Aibin, qui vit dans la ville de Wuxi, province du Jiangsu, avait prévu de prendre un train pour se rendre dans la ville voisine de Suzhou le matin du 17 mai, mais a été arrêté par la police à la gare.
Le 15 mai, les pétitionnaires Lu Yuanfang, Xiao Chenglin, Zhao Liang et Hu Guiqin, basés dans la ville de Chongqing, au sud-ouest du pays, étaient en route par train vers Pékin. À un arrêt de train, la police est montée dans le wagon où ils étaient assis et les a arrêtés. Le lendemain, les autres pétitionnaires Zhao Qunzhen, Chen Lan et Yang Changhua ont été arrêtés à la gare de Chongqing.
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