Donald Trump cherche-t-il à négocier un grand marché avec la Chine ?

Par Gordon G. Chang
6 janvier 2025 20:52 Mis à jour: 7 janvier 2025 21:39

« La Chine et les États-Unis peuvent résoudre ensemble tous les problèmes du monde, si vous y réfléchissez bien », a déclaré le président élu Donald Trump le 16 décembre, lors d’une conférence de presse à Mar-a-Lago.

Il a également qualifié le président chinois Xi Jinping d’« incroyable » et a confirmé qu’il avait invité le dirigeant chinois à son investiture.

Au début du mois, M. Trump a rencontré le président ukrainien Volodymyr Zelensky à Paris et a déclaré, à propos des efforts visant à mettre fin à la guerre en Europe de l’Est : « La Chine peut aider. »

Le Trump victorieux de décembre s’est montré nettement plus amical à l’égard de la Chine que le Trump qui a mené une campagne longue et épuisante. Pendant la campagne, le candidat républicain s’est souvent exprimé en mode guerre commerciale, promettant d’imposer des droits de douane supplémentaires de plus de 60 % sur tous les produits chinois.

« Trump veut les laisser tous dans l’expectative », a déclaré Gregory Copley, président de l’Association internationale d’études stratégiques, à Gatestone après la conférence de presse de Mar-a-Lago. Alors, quel Trump verrons-nous à partir de midi le 20 janvier 2025 ?

Nul ne le sait vraiment, et Trump lui-même ne dévoile pas son jeu. Quoi qu’il en soit, chercher à conclure un grand marché avec la Chine – ce à quoi il a fait allusion – serait exactement la mauvaise approche quelque soit le moment.

Donald Trump, bien sûr, aime conclure des accords – il est d’ailleurs le co-auteur de Trump : The Art of the Deal – et il pourrait très bien chercher à en conclure un avec le régime chinois. Comme l’a souligné Michael Schuman dans The Atlantic, « un ‘grand marché’ avec Pékin présente un attrait evident ».

Résoudre tous les problèmes du monde, ce que Trump croit pouvoir faire avec Xi, serait idéalement une de ces solutions.

Le futur président américain devra toutefois faire face à des problèmes dans sa quête d’un accord avec Pékin. Dans un premier temps, Donald Trump a déjà tenté de parvenir à un compromis avec la Chine : son pacte commercial « Phase One » de janvier 2020. Il le qualifie de « meilleur accord commercial » de tous les temps, mais il est aujourd’hui largement considéré comme un échec. Les Chinois, alors que les États-Unis étaient en pleine année électorale, n’ont jamais respecté les termes de l’accord. Il est peu probable que M. Trump puisse faire mieux cette fois-ci avec un Xi Jinping encore plus arrogant qu’il ne l’était il y a quatre ans.

Deuxièmement, Trump, malgré ce qu’il dit, n’a pas de bonnes relations avec Xi. « Ce que Trump ne reconnaît pas, c’est que le ‘concept culturel chinois d’amitié’ est une relation transactionnelle », a souligné Charles Burton, du groupe de réflexion Sinopsis, dans un entretien accordé à Gatestone. « Xi ne sera jamais son ami parce qu’il considère qu’il veut marquer l’histoire de la Chine en devenant le successeur hégémonique mondial des empereurs de l’époque glorieuse que la Chine a elle-même définie et devant lequel tous doivent s’abaisser en signe de reconnaissance. »

Comme le note M. Burton, qui a été diplomate canadien à Pékin, « Xi veut manipuler le président américain pour qu’il s’aligne sur la vision du monde et les ambitions du parti communiste chinois et qu’il abandonne sans broncher le leadership mondial des États-Unis ».

M. Burton a raison. Pendant des décennies, les présidents américains ont cru pouvoir coopérer avec les communistes chinois et les diplomates du département d’État américain ont cru pouvoir faire de la Chine un « acteur responsable » du système international. Pourtant, chaque fois que les dirigeants américains, après la guerre froide, ont travaillé avec Pékin sur les questions du moment, leur diplomatie a abouti à d’horribles résultats, particulièrement évidents lors de la guerre mondiale contre le terrorisme, des pourparlers à six visant à « dénucléariser » la Corée du Nord et la guerre en Ukraine.

Les espoirs américains de coopération avec la Chine ont toujours été irréalistes. Comme le suggère M. Burton, le régime chinois rêve depuis le début de remplacer l’ordre international westphalien des États souverains par le système chinois de l’époque impériale, dans lequel les empereurs pensaient qu’ils avaient non seulement le mandat du Ciel pour gouverner tianxia – « Tout sous le Ciel » – mais qu’ils étaient également contraints par le Ciel de le faire.

Pire encore, Xi Jinping pense apparemment que les États-Unis, en raison de l’influence qu’ils exercent sur le peuple chinois, représentent une menace existentielle pour le régime du Parti communiste. Le chroniqueur du New York Times, Thomas Friedman, peut soutenir que la Chine devrait « laisser entrer plus de Taylor Swift », mais c’est exactement ce que Xi Jinping, qui n’a cessé de s’attaquer à la culture étrangère, ne veut pas faire.

Troisièmement, Donald Trump se heurte à un obstacle supplémentaire dans les relations qu’il espère entretenir avec le dirigeant chinois : Xi n’a probablement plus le poids qu’il avait autrefois à Pékin. Le nouveau président américain peut conclure un accord avec Xi, mais ce dernier pourrait ne pas tenir en raison des dissensions qui règnent dans la sphère dirigeante d’une Chine de plus en plus turbulente.

« Trump sait que Xi Jinping est de nouveau sous le contrôle du Parti communiste chinois et qu’il a perdu son assise auprès de l’Armée populaire de libération », a souligné M. Copley, également rédacteur en chef de Defense & Foreign Affairs Strategic Policy. La question est de savoir si le dirigeant chinois a encore le pouvoir d’agir. Xi est en difficulté : des signes et des indices d’instabilité se font sentir à travers tout le régime.

En outre, grâce à Xi, seules les réponses les plus hostiles sont considérées comme politiquement acceptables à Pékin, de sorte qu’il lui serait difficile de faire des compromis et, plus important encore, d’honorer ses promesses. Au cours de la dernière décennie, Xi a fondé sa politique sur le principe de l’ascension de la Chine. Sa phrase fétiche, tirée d’un discours prononcé en décembre 2020, est la suivante : « L’Orient s’élève et l’Occident décline ».

Xi Jinping, arrogant, n’est manifestement pas d’humeur à s’entendre avec Donald Trump, ni avec personne d’autre d’ailleurs.

Le comportement hostile de Xi n’est pas quelque chose qu’il est prêt à négocier. Au contraire, ses actions sont le résultat inévitable du système politique communiste chinois, qui prône la violence, la lutte et la domination. Ce système exclut tout accommodement avec le Parti communiste.

Le régime chinois considère le monde comme son ennemi. Aucune entente durable, aucun pacte, aucun accord n’est possible.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.