Donald Trump s’est engagé à fermer le département de l’éducation – comment cela fonctionnerait-il ?

Le département de l’Éducation pourrait se résumer à un grand bâtiment de bureaux vides

Par Aaron Gifford
25 novembre 2024 15:52 Mis à jour: 25 novembre 2024 15:52

En septembre 2023, l’équipe de campagne de Donald Trump a annoncé 10 principes pour réformer l’éducation. Parmi eux, la fermeture du département de l’Éducation à Washington et le renvoi « de tout le travail et des besoins en matière d’éducation aux États ».

Le président élu a tenu sa promesse, même s’il a nommé une secrétaire à l’éducation (Linda McMahon) à la tête d’une agence fédérale qu’il s’était engagé à supprimer.

Il a également promis de soutenir le choix universel de l’école, d’inverser les pratiques de soins « affirmant le genre » dans les écoles et de tirer parti des mécanismes de financement du département pour mettre fin à la théorie critique de la race et aux programmes de diversité, d’équité et d’inclusion dans l’enseignement primaire, secondaire et supérieur.

Mais comment Donald Trump compte-t-il procéder pour apporter ces changements et fermer ce département dont le budget s’élève à 80 milliards de dollars ?

Neal McCluskey, directeur du Centre pour la liberté de l’éducation de l’Institut Cato à Washington, a déclaré que le Congrès avait créé le département de l’Éducation et qu’il était donc le seul habilité à le supprimer.

Selon les règles d’obstruction parlementaire du Sénat, le soutien de 60 des 100 membres est requis, mais M. McCluskey ne pense pas qu’il y ait suffisamment de voix pour que cela arrive.

« Il ne peut pas claquer des doigts et faire disparaître le département de l’Éducation », a souligné M. McCluskey à Epoch Times. « Cela semble peu probable si aucun démocrate ne se rallie à ce projet. »

Le département, créé en 1979, est également le plus petit cabinet fédéral avec environ 4100 employés, a précisé M. McCluskey.

Le département n’étant pas considéré comme un pilier sacré du gouvernement américain, le soutien bipartisan pourrait être suffisant pour réduire sa taille en transférant certaines de ses fonctions à d’autres administrations fédérales.

M. McCluskey a déclaré que la Constitution ne garantissait pas le droit à l’éducation.

Les écoles publiques et les établissements d’enseignement supérieur sont principalement financés au niveau des états et des municipalités, tandis que les conseils d’éducation locaux et de l’État définissent les programmes d’études, les conditions d’obtention des diplômes, les qualifications des employés et les budgets de fonctionnement annuels.

Les établissements d’enseignement supérieur privés, bien que principalement financés par les frais de scolarité et les dons, bénéficient toujours d’une aide financière fédérale pour les étudiants.

Les programmes d’aide financière à l’enseignement supérieur, par exemple, pourraient être transférés au Trésor.

Les fonctions relatives aux droits civils, qui consistent à enquêter sur les plaintes pour discrimination et harcèlement dans les écoles et les campus universitaires, pourraient facilement être prises en charge par le département de la Justice.

Les programmes de financement pour les districts scolaires à faibles revenus et les programmes pour les besoins spéciaux auraient leur place au sein du département de la Santé et des Services sociaux.

Le Bureau du recensement, qui fait partie du département américain du Commerce, est bien équipé pour prendre en charge les données et les services fournis par le Centre national des statistiques de l’éducation et l’Institut des sciences de l’éducation du département de l’Éducation, a poursuivi M. McCluskey.

Grâce à des subventions globales, les départements de l’éducation des États pourraient facilement gérer les programmes plus modestes financés par le gouvernement fédéral pour remédier plus rapidement aux lacunes dans les matières principales, la nutrition, l’enseignement professionnel et technique et divers autres domaines liés à l’enseignement ou au bien-être des élèves, a ajouté M. McCluskey.

« Il s’agit simplement de savoir dans quelle mesure le gouvernement fédéral souhaite contrôler ces programmes », a-t-il souligné, ajoutant que des centaines de millions de dollars pourraient être économisés si des employés de l’État géraient un programme et non des employés à la fois de l’État et du gouvernement fédéral.

En accordant des subventions globales, M. McCluskey a précisé que Trump pourrait refuser de financer les agences éducatives des États qui poursuivent les politiques sur la Diversité, l’Équité et l’Inclusion (DEI : Diversity, Equity and Inclusion) et la Théorie critique de la race (CRT : Critical Race Theory) si le président estime qu’elles font preuve de « discrimination fondée sur la race ».

Le sénateur américain Mike Rounds s’adresse aux journalistes à la suite d’un forum sénatorial sur l’intelligence artificielle dans le bâtiment du bureau Russell du Sénat, le 24 octobre 2023 à Washington, DC. (Anna Rose Layden/Getty Images)

Le Congrès soutiendra-t-il la réduction des effectifs ?

Les changements apportés au département de l’Éducation seront une priorité absolue lors de la prochaine session législative.

Le 21 novembre, le sénateur Mike Rounds (Parti républicain du Dakota du Sud) a présenté la loi « Rendons l’éducation à nos États » (Returning Education to Our States Act), qui supprimerait le département de l’Éducation et transférerait ses programmes essentiels à d’autres agences fédérales.

Dans un communiqué de presse, M. Rounds a fait savoir que le budget du département avait augmenté de 449 % en 45 ans d’existence, alors que les résultats des tests des élèves ont chuté au cours de la dernière décennie.

« Le département fédéral de l’Éducation n’a jamais éduqué un seul élève, et il est grand temps de mettre fin à ce département bureaucratique qui fait plus de mal que de bien », a déclaré M. Rounds dans le communiqué.

« Nous savons tous que le contrôle local est la meilleure solution en matière d’éducation. »

Une proposition de loi similaire du représentant Barry Moore, un républicain de l’Alabama, a également préconisé la suppression du département et le transfert de son financement aux États.

Elle a été introduite en février 2023 mais n’a jamais été adoptée par la commission de l’éducation et de la main-d’œuvre de la Chambre des représentants.

La présidente de cette commission, Virginia Foxx, républicaine de Caroline du Nord, déclare sur son site web qu’elle est favorable au retour « du pouvoir de décision et de la flexibilité des ressources au niveau local, tout en gardant les écoles responsables des résultats devant les contribuables, les parents et les élèves ».

Le sénateur Bill Cassidy, républicain de Louisiane, devrait prendre la présidence de la commission sénatoriale de la santé, de l’éducation, du travail et des retraites.

Il a critiqué le département de l’Éducation ces dernières années, mais n’a pas demandé sa suppression.

Au mois de juin, M. Cassidy, le sénateur de l’Ohio, l’actuel vice-président élu JD Vance, et 20 autres législateurs républicains ont présenté la loi « Dismantle DEI Act » (loi sur le démantèlement du DEI) qui réduirait le financement fédéral de tout département, contractant ou programme fédéral qui institutionnalise la discrimination à l’embauche et dans la formation des employés.

La liste des entrepreneurs et des programmes comprend les agences d’accréditation des établissements d’enseignement.

« Les contribuables s’attendent à ce que les candidats les plus qualifiés soient embauchés, et non les plus favorisés », a déclaré M. Cassidy dans un communiqué de presse publié le 13 juin.

Les politiques seront-elles inversées ?

Une étude d’Epoch Times portant sur les annonces, les communiqués de presse et les discours publiés sur le site web du département de l’Éducation sous l’administration Biden a révélé que les initiatives liées au DEI et à l’annulation des dettes de prêts étudiants ont été les activités les plus médiatisées du département.

Sarah Spreitzer, responsable des relations gouvernementales du Conseil américain de l’éducation (ACE : American Council on Education), a déclaré lors d’une table ronde organisée par l’ACE le 7 novembre que les électeurs se souciaient de la réforme de l’éducation et qu’ils faisaient pression sur la prochaine administration pour qu’elle réduise les effectifs du département « et lui donne un rôle plus restreint ».

« Lorsqu’ils se plaignent de l’éducation, vous savez, ils blâment le département de l’Éducation », a-t-elle relevé.

« Je les vois bien déplacer certains des gros éléments du département de l’Éducation. Ainsi, vous vous retrouverez avec une empreinte beaucoup plus petite de ce département. »

Les dirigeants de l’ACE se font l’écho des sentiments de l’Institut Cato qui estime que Trump est sur le point d’utiliser son autorité exécutive pour supprimer le DEI (Diversité, Équité et Inclusion) et la TCR (Théorie critique de la race) des programmes financés par le gouvernement fédéral.

Selon Mme Spreitzer, le président élu aurait procédé de la sorte de manière limitée avec des entrepreneurs fédéraux au cours de son mandat précédent – sans aucune contestation judiciaire à sa connaissance – de sorte qu’il pourrait facilement dépoussiérer cette politique et l’étendre après avoir prêté serment.

« L’hameçon qu’ils auront toujours, c’est le financement fédéral », a-t-elle ajouté. « Qu’il s’agisse d’un accord de subvention ou d’un accord de participation à un programme, vous savez que l’ajout de nouvelles exigences sera l’hameçon qu’ils utiliseront. »

Randi Weingarten, présidente de la Fédération américaine des enseignants, s’exprime lors du quatrième et dernier jour de la Convention nationale du parti démocrate (DNC) au Centre United de Chicago, dans l’Illinois, le 22 août 2024. (SAUL LOEB/AFP via Getty Images)

Les enseignants accepteront-ils les changements ?

La présidente de la Fédération américaine des enseignants, Randi Weingarten, a exprimé des réactions mitigées à l’égard de l’élection de Trump et à sa récente nomination de Mme McMahon, à un moment où le département américain de l’Éducation pourrait être confronté à des changements majeurs.

« Nous sommes impatients d’en savoir plus sur Linda McMahon et, si sa nomination est confirmée, nous prendrons contact avec elle comme nous l’avons fait avec Betsy DeVos au début de son mandat. »

« Nous espérons que Donald Trump est sincère lorsqu’il dit vouloir mettre l’accent sur l’enseignement basé sur des projets, l’enseignement professionnel et technique et les apprentissages. »

« Une telle mesure améliorera les options en matière d’éducation et d’emploi, en rendant les écoles plus pertinentes et plus attrayantes pour les jeunes », a assuré Mme Weingarten dans un communiqué de presse daté du 19 novembre.

« Mais nous nous interrogeons sur l’avenir de ces idées populaires et d’autres encore si l’administration Trump donne suite à ses projets de fermeture du Département de l’éducation, laissant planer le doute sur une bouée de sauvetage du financement fédéral qui va de manière disproportionnée aux enfants dans le besoin, aux enfants handicapés et aux jeunes adultes qui sont les premiers de leur famille à aller à l’université. »

Epoch Times a contacté le département de l’Éducation, mais aucune réponse n’a été apportée.

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