Donald Trump a présenté jeudi une vaste réforme du système d’immigration légale aux Etats-Unis, destinée à sélectionner les étrangers sur la base de leur « mérite » et non plus en raison de leurs liens familiaux, dont l’adoption au Congrès s’annonce délicate.
« Notre plan va transformer le système américain de l’immigration en fierté pour la nation et sera admiré du monde entier », a assuré le président américain, en dénonçant un système « dysfonctionnel » qui « discrimine les génies » et « les esprits brillants ».
Selon lui, près des deux tiers des 1,1 million de permis de résident permanent, les fameuses « cartes vertes », distribués chaque année par les Etats-Unis vont à des immigrés « simplement parce qu’ils ont un proche » dans le pays, et seulement 12% reviennent à des étrangers sélectionnés pour leur « mérite ou leurs compétences ».
Donald Trump a ainsi promis de faire passer leur proportion de 12% à 57%.
« Cela nous rendra plus compétitifs », a-t-il lancé. Le magnat de l’immobilier a esquissé un système d’immigration « à points » à l’instar de ce que pratique le Canada. Selon lui, les immigrés recevront des points s’ils ont des compétences spécifiques, une offre d’emploi, un haut niveau d’éducation ou un projet de création d’entreprises. Ils devront par ailleurs être « financièrement indépendants », « apprendre à parler anglais » et « passer un examen civique » avant d’être admis sur le sol américain, a-t-il ajouté.
Le milliardaire républicain, qui a fait de la lutte contre l’immigration illégale un marqueur de sa présidence, a par ailleurs dénoncé des « demandes d’asile fantaisistes » et assuré qu’il allait mettre en place un mécanisme de sélection plus rapide des requêtes. Les grandes lignes de la réforme, concoctée par son gendre et conseiller Jared Kushner, avaient été dévoilées dans la presse américaine et les démocrates n’ont pas attendu le discours du président pour la dénoncer.
« Pour chaque nouvel immigré que le plan va laisser entrer, il faudra en sortir un », a commenté le leader des démocrates au Sénat Chuck Schumer, une réforme « cruelle et inhumaine ». « De manière choquante », a-t-il poursuivi, la réforme ne prévoit rien pour « les onze millions de sans-papiers installés aux Etats-Unis » ou les « dreamers » arrivés illégalement avant leur 16 ans. Sa consœur Nancy Pelosi, cheffe de la Chambre des représentants, a elle dénoncé une proposition « condescendante », qui sous-entend que « les familles n’ont aucun mérite ».
Du côté républicain, certains élus, qui militaient pour une diminution du nombre des cartes vertes attribuées chaque année, risquent aussi d’être déçus. Dans ce contexte, le plan de la Maison Blanche a toutes les chances de rester lettre morte. « Au regard des controverses actuelles sur l’immigration, il est peu probable que le Congrès adopte une réforme cette année, surtout avec l’élection présidentielle de 2020 en vue », a souligné le professeur de droit de l’immigration Stephen Yale-Loehr.
Mais l’enjeu est peut-être ailleurs.
La politique migratoire de Donald Trump a régulièrement été dénoncée par les milieux d’affaires, notamment la Silicon Valley, qui emploie des milliers d’ingénieurs étrangers, ou les agriculteurs dépendant d’une main d’oeuvre saisonnière bon marché. En 2017, les patrons d’Apple, Microsoft, Google, Facebook, Airbnb ou encore Netflix, avaient jugé « contraires aux valeurs américaines » des mesures interdisant l’entrée aux Etats-Unis à des ressortissants de sept pays à majorité musulmane.
Comme pour les rassurer, Donald Trump a revendiqué jeudi ces valeurs. « Au cours de notre Histoire nous avons accueilli de nouveaux arrivants sur nos rives », « ils ont forgé un peuple » et « nous en sommes fiers », a-t-il déclaré. Pas question pour autant de renoncer aux mesures répressives à la frontière, au cœur du message présidentiel. Le projet de réformes vise aussi, selon le président, à « sécuriser totalement la frontière sud » des Etats-Unis, qu’il estime poreuse au « trafic de drogues » et aux « criminels ».
Pour les bloquer, il a réaffirmé son souhait d’ériger un mur entre le Mexique et les Etats-Unis. Le refus des démocrates de financer cette construction l’a poussé à déclarer une « urgence » à la frontière, ce qui lui permet de puiser dans les budgets militaires. « On devrait avoir près de 400 miles (650 kilomètres) de construits d’ici à la fin de l’année prochaine », a-t-il assuré.
Selon les chiffres officiels, plus de 100.000 migrants ont été interpellés après avoir traversé illégalement la frontière depuis le Mexique en mars et en avril. Ces flux, importants, ont déjà été enregistrés dans le passé, mais ils comptent aujourd’hui beaucoup plus de familles et de mineurs non accompagnés, fuyant la violence et la misère du Guatemala, Honduras et Salvador.
D.C avec AFP
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