Downton Abbey a étonné l’industrie cinématographique le mois dernier en récoltant plus de 28 millions d’euros à l’ouverture des guichets, dépassant les prévisions de plus de 50 %, ce qui en fait la plus grande rentrée dans l’histoire du distributeur Focus Features.
De toute évidence, la vie et l’époque de la famille Crawley et de ses domestiques n’ont pas perdu leur attrait depuis que la populaire série télévisée d’époque à succès a pris fin il y a presque quatre ans.
Pourquoi Downton Abbey est-il si populaire ? Qu’est-ce qui le distingue de la myriade de drames costumés qui l’ont précédé et succédé ?
Cela commence avec les personnages forts et très sympathiques que Julian Fellowes a créés. M. Fellowes parvient avec habileté à attirer le spectateur dans les soucis et les préoccupations du plus humble valet aussi facilement qu’il le fait avec l’héritier du domaine. Il le fait avec une écriture tranchante qui est, à tour de rôle et parfois en même temps, éloquente, pleine d’esprit et réconfortante. Le ton qu’il donne est chaleureux sans tomber dans la guimauve, accueillant mais jamais ennuyeux, engageant pleinement le spectateur dans les joies, les peines, les amours et les pertes de ces personnages bien présentés.
Tout au long de la série et du film, M. Fellowes fait preuve d’un profond respect pour les valeurs traditionnelles tout en répondant à la nécessité d’une certaine modernisation. Nulle part peut-on trouver cette dynamique et cette tension entre les sentiments illustrés plus clairement et avec humour que dans les interactions entre Lady Violet, la matriarche pleine d’esprit de la famille Crawley, et Isobel Merton, la roturière dont le petit fils est devenu l’héritier du domaine Crawley. Qu’il s’agisse d’un débat sur la fusion de l’hôpital local à un hôpital plus grand ou de la désapprobation de Violet à l’idée qu’Isobel emploie un cuisinier aux antécédents scandaleux, les deux dames offrent de grandes luttes rhétoriques.
À un moment, dans le film, Lady Mary, la fille aînée des Crawley, se demande s’il n’est pas temps de vendre le domaine et de mettre fin à la dynamique quasi-féodale de Downton Abbey. Sa servante Anna, une servante de longue date à Downton, rappelle à Mary que l’abbaye de Downton sert toujours un objectif important, non seulement pour les membres de la famille, mais aussi à l’ensemble de la communauté qui ont été bénis par la succession et dont les moyens de subsistance dépendent de celle-ci.
Ce qui glorifie encore plus Downton Abbey, est son effet de « remettre la bonté à la mode », une phrase rendue populaire par le légendaire député britannique William Wilberforce, dont les deux grands objectifs de service public étaient la « suppression de la traite négrière et la réforme des manières ». Prenons Tom Branson, le chauffeur devenu veuf de la fille cadette des Crawley. À cheval sur les classes sociales, M. Branson a appris à incorporer ses tendances politiques anti-aristocratiques dans le respect personnel et la loyauté qu’il a développés pour la famille de son épouse.
Dans le film, M. Branson empêche noblement une tentative d’assassinat contre le roi. Ce qui est peut-être encore plus important, c’est le précieux conseil qu’il donne à la princesse Mary, qui envisage sérieusement de mettre fin à un mariage apparemment sans amour. Lorsqu’elle lui pose des questions sur sa relation avec les Crawley, M. Branson lui parle de l’importance de vivre et de travailler pour quelque chose de plus grand que soi, d’aimer et de respecter ceux avec qui on a peu en commun, surtout lorsqu’il s’agit d’assurer le bonheur des enfants en les entourant de gens qui les aiment. Par la suite, Mary s’engage de nouveau dans son mariage pour le bien de son fils et de la famille royale après avoir exprimé à son mari qu’ils doivent tous deux apprendre à changer et à s’adapter pour que leur mariage fonctionne.
Le respect de la tradition sans pour autant le laisser entraver l’amour et le pardon est la marque de fabrique de Downton Abbey. Ceci accompagné des recettes considérables au guichet sont une raison, comme le suggère le majordome Carson, que Downton Abbey et les Crawley pourrait durer encore cent ans, ou au moins un ou deux autres films.
Michael Leaser est associé éditorial à l’Institut Charlemagne. En tant que vice-président de Cave Pictures, il a produit les films Wildflower, The Ticket (avec Dan Stevens), et l’adaptation de Silence de Martin Scorsese. Il a écrit 50 articles sur le cinéma et la culture pour le magazine World. Cet article a tout d’abord été publié sur Intellectual Takeout.
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