L’acquisition de la célèbre maison Sotheby’s par le magnat des télécoms et des médias Patrick Drahi intervient en pleine révolution numérique du secteur des enchères, où les ventes se font de plus en plus en ligne.
« Ce rachat valide l’entrée du marché de l’art dans l’ère numérique du XXIe siècle« , soutient Thierry Ehrmann, président d’Artprice, une société qui suit au jour le jour les mouvements et cotations du marché de l’art, de l’Europe aux États-Unis en passant par la Chine.
Cet expert estime que ce secteur a globalement pris avec « retard » le virage numérique, mettant du temps à en finir avec des « systèmes désuets » et des clients parfois « enregistrés sur des fiches bristol« . Un secteur qui « avait fini par comprendre l’intérêt du téléphone pour ses ventes, mais qui met du temps à comprendre l’intérêt d’internet« , pour M. Ehrmann.
Selon le rapport 2018 de l’assureur d’œuvres d’art Hiscox France, les ventes d’art en ligne (même si leur croissance a ralenti par rapport aux années précédentes) avaient ainsi progressé de 12% en 2017, avec une clientèle jeune (entre 20 et 35 ans) représentant plus de 40% des ventes.
L’art en ligne pourrait représenter 9 milliards de dollars en 2022, prédit Hiscox, incitant salles de ventes mais aussi galeries à se développer de plus en plus « on line« .
Drouot, après avoir déjà créé les ventes « live » (possibilité de participer via internet à des enchères organisées dans une salle), a organisé depuis 2011 des ventes en ligne (uniquement sur internet). Chez Sotheby’s, le nombre de ventes en ligne a quasiment triplé en un an, et 26% des lots ont été vendus ainsi en 2018.
Pour l’ancien ministre français de la Culture Jean-Jacques Aillagon et aujourd’hui conseiller de l’homme d’affaires français François Pinault, propriétaire depuis 1998 de l’autre très grande maison de ventes au niveau mondial, Christie’s, cette évolution vers le numérique est déjà bien lancée.
« Le marché de l’art s’est déjà emparé largement de la dématérialisation de ses opérations que permet internet, grandes et mêmes petites maisons confondues« , estime-t-il.
Le rachat de Sotheby’s par Patrick Drahi, milliardaire ultra-connecté, devrait en tous cas contribuer à accélérer la tendance alors qu’une partie grandissante des ventes ne se joue déjà plus dans les vénérables salles de ventes mais bien dans les pièces annexes, sur des « ordinateurs connectés du monde entier« , résume Thierry Ehrmann.
Selon Alexandre Giquello, qui dirige la maison de ventes Binoche et Giquello et préside Drouot Enchères, « Drahi a fait sa fortune sur les nouvelles technologies, c’est le sens de l’Histoire, et c’est aussi l’avenir de la profession, car nos plus gros clients sont dans les nouvelles technologies« .
Une « révolution numérique » qui, outre les places fortes à New York (la moitié des ventes mondiales environ), Londres (28%) ou Hong Kong (14%), devrait aussi se jouer du côté de Paris (actuellement 4% des ventes) avec désormais deux milliardaires français à la tête des deux maisons de ventes les plus prestigieuses.
ET avec AFP
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