Driss Ghali : « Il existe en France un parti unique, qui s’étend de l’extrême gauche jusqu’à la macronie et même la droite dite républicaine »

Par Etienne Fauchaire
4 juillet 2024 17:16 Mis à jour: 4 juillet 2024 18:49

ENTRETIEN – Pour Driss Ghali, les accords tacites passés entre le Nouveau Front populaire, la macronie et certaines figures de la droite LR pour faire barrage à l’alliance RN-LR révèlent enfin au grand jour l’existence d’un Parti unique, traversé en son sein par des divergences, mais réuni autour d’un même consensus : « Toujours moins de France ». « Auparavant il se cachait derrière une fausse diversité politique, une fausse pluralité », soutient le conférencier et essayiste.

Epoch Times : À vos yeux, de quoi la victoire du Rassemblement national au premier tour des législatives est-elle le nom ?

Driss Ghali : Je pense qu’il s’agit avant tout d’un cri du cœur des électeurs qui en appellent à une alternance politique. Deux facteurs principaux expliquent cette demande. Le premier concerne la mutation de la perception de l’insécurité depuis le meurtre de Thomas à Crépol, assassiné par des agresseurs venus cette soirée-là « pour planter des Blancs », selon un témoin présent. L’affaire de Crépol a révélé la haine ethnique qui anime certains immigrés, choquant et ainsi réveillant bien des Français qui ont pris conscience que cette violence ne prend pas sa source dans un soi-disant problème d’inégalités sociales, mais bien dans un racisme anti-Blancs.

Le second facteur, c’est la flambée du coût de la vie. L’érosion du pouvoir d’achat a poussé des gens issus des classes moyennes à considérer le vote RN comme légitime.

Quel est votre avis sur le poids électoral du Nouveau Front populaire, qui a recueilli 28 % des suffrages ce 30 juin, et quelles seraient selon vous les conséquences sécuritaires et migratoires s’il obtenait une majorité absolue ce 7 juillet ?

Si le score du NFP n’est pas surprenant, il n’en reste pas néanmoins sidérant et affligeant. Un petit tiers du corps électoral adhère donc à des idées économiques d’extrême gauche qui ont déjà engendré d’immenses catastrophes sociales lorsqu’elles ont été mises en pratique en Union soviétique, en Argentine, et dans plusieurs autres pays, provoquant l’exode des populations.

Persister dans ce rejet des mathématiques élémentaires, c’est une attitude enfantine, semblable à celle d’un gamin capricieux faisant une crise de nerf pour faire admettre que 2 + 2 font 5, et accusant ses parents de fascisme s’ils lui rappellent la réalité.

Tous ces électeurs sont aussi prêts à fermer les yeux sur l’antisémitisme et les appels à la violence. Je rappelle que le Nouveau Front populaire est le chouchou des Black Blocs et des antifas, des milices violentes qui sont, en fait, les seules milices violentes tolérées dans notre pays, puisque personne ne cherche à les dissoudre.

En cas de victoire de la coalition d’extrême gauche, il faudrait alors ouvrir un décompte des femmes violées par les détenus qu’ils s’apprêteront à libérer, des hommes et des enfants agressés par des déséquilibrés venus de l’étranger, comptabiliser les blessés, les violés, les tués, ainsi que les entreprises ruinées par le matraquage fiscal destiné à financer ce programme absolument désastreux.

Une coalition anti-RN s’est mise en place entre la macronie et le NFP par le biais de désistements. Les insoumis, qui « considèrent que la police tue », ont retiré leur candidature pour faire élire Gérald Darmanin. Bien qu’ils l’aient qualifiée d’ennemie du peuple durant la séquence sur la réforme des retraites, Elisabeth Borne affrontera seule le candidat du RN, après un autre désistement des insoumis. Que vous inspirent ces combinaisons électorales ?

La réalité, c’est qu’il existe en France un parti unique. Mardi, il s’est révélé : le masque est tombé. Ce parti unique, qui s’étend de l’extrême gauche jusqu’à la macronie et même la droite dite républicaine, s’attache à maintenir le statu quo, un statu quo mortifère pour la France, qui entraîne toujours plus d’immigration, toujours plus d’Europe et toujours plus de pauvreté.

Personne ne veut remettre le pays sur les rails, aborder la question de la productivité et de la création de richesse, affirmer que notre industrie doit concurrencer celle des Allemands, des Américains ou des Chinois.

Au sein de ce parti unique, il existe certes des variantes. Plus on se rapproche de LFI, plus les cheveux sont colorés ; plus on se dirige vers la macronie, plus les tailleurs sont sobres et les cravates bien nouées. Mais il s’agit bien d’un seul et même parti.

Mardi, ce parti était tellement désespéré qu’il a dû sortir de l’ombre, alors qu’auparavant il se cachait derrière une fausse diversité politique, une fausse pluralité. Derrière les querelles et le bruit de fond entre le NFP et la macronie, ils s’accordent sur le fait qu’il faut en finir avec ce pays.

Il y a une voie rapide, celle du NFP, qui prône une immigration maximale et un travail minimal. Et puis, celle de la macronie, une voie plus indirecte, plus nuancée, avec toujours plus d’Europe, toujours plus de complexité législative et toujours plus d’immigration, même si cette dernière fait semblant de vouloir la contrôler.

Nous ne sommes donc plus en démocratie, car la démocratie, ce n’est pas le régime du parti unique, c’est celui de la diversité des partis. En réalité, un seul parti a le droit de gouverner ce pays, puisque les autres sont qualifiés de fascistes et ne sont pas considérés comme républicains par ce parti unique.

Xavier Bertrand (LR) a annoncé sa décision de soutenir au second tour le candidat communiste Sébastien Jumel en Seine-Maritime. Ambroise Malinconi, candidat LR éliminé au premier tour, appelle à « entrer en résistance » contre le RN et à voter au second tour pour l’insoumis sortant Hendrik Davi. Édouard Philippe et Christian Estrosi, tous deux anciens LR, ont annoncé qu’ils voteraient communiste. Le Parti communiste est pourtant porteur d’une idéologie de gauche totalitaire, responsable de plus de 100 millions de morts à travers le monde. Que cela vous inspire-t-il ?

Cette droite dite républicaine incarne le Parti unique. Entre les apparatchiks de LR et le Parti communiste, il existe bel et bien un consensus : toujours moins de France, toujours plus d’Europe, toujours plus d’immigration, toujours moins de peuple de souche. Entre LR et le PCF, il n’y a pas vraiment de différence de principes sur ces questions, mais plutôt d’intensité.

Tous ces acteurs se revendiquant de droite n’ont aucun argument de fond, ne se reposant que sur des arguments moraux, alors qu’ils s’allient avec le Parti communiste, héritier de Staline. Cette extrême gauche n’a jamais renié le bilan de l’URSS et demeure donc dans cette lignée.

La seule excuse valable pour s’allier aux communistes aujourd’hui serait une invasion de la France par Al-Qaida, par le Parti communiste chinois, ou bien par des divisions aéroportées de martiens venus de Mars. Moi-même, je m’allierais aux communistes dans un tel cas, mais nous n’en sommes pas là. Cette alliance vise à tuer la démocratie. M. Bertrand et les autres figures de LR, en formant cette alliance, participent donc à une guerre civile française. Une guerre de la gauche (devenue tellement hégémonique qu’elle englobe LR désormais) contre la France traditionnelle dont il ne reste plus rien, à part le peuple qui va mal et qui a le « malheur » de refuser de se dissoudre dans la mondialisation, l’américanisation et l’immigration.

C’est une droite convertie à la religion incarnée par le programme du Parti unique. Certains, comme LFI et la macronie, y ont adhéré avec enthousiasme, tandis que la droite républicaine, intimidée par les discours moralisants de la gauche, s’y est convertie volontairement par honte, et pour des raisons de basse politique.

Dépourvue de convictions, la droite républicaine ne sert pas le pays, puisqu’elle ne s’oppose pas aux forces qui cherchent à sortir la France de l’Histoire.

« Si les fachos passent, je vais sortir avec un big calibre » ; « Marine et Marion (Maréchal, Ndlr), les pu*** » ; « Jordan (Bardella, Ndlr), t’es mort » Faut pas qu’ils passent, y a mon pote sous OQTF. » : qu’avez-vous pensé des phrases qui composent la chanson polémique No Pasarán d’Akhenaton, Fianso et vingt autres rappeurs ?

Que là aussi, les masques tombent. Alors que j’avais toujours pensé que le rap incarnait la dissidence, la rébellion, l’indépendance et l’autonomie, des rappeurs professionnels courent s’agenouiller devant le Parti unique, chantant le statu quo et exhortant le système à ne surtout rien changer. Les prétendus marginaux se révèlent être les champions de la bourgeoisie.

En faisant allégeance au CAC40, cette vingtaine de rappeurs montre qu’ils partagent la même mentalité que des notaires de province qui votent Macron et dont les enfants votent LFI pour se donner bonne conscience. La bourgeoisie en panique, ils volent à son secours, tandis que le reste de l’année, ils font mine de lui cracher à la figure.

Selon une information dévoilée par le média Frontières, La Jeune Garde antifasciste, une organisation d’extrême gauche fondée par Raphaël Arnault, fiché S et candidat LFI aux législatives, auraient violemment agressé un jeune juif dans le métro parisien, et l’aurait forcé à scander « Vive la Palestine ». Quel a été votre réaction en apprenant cette nouvelle ?

Bien qu’il faille garder la présomption d’innocence à l’esprit, cette affaire n’aurait rien d’étonnant vu le contexte actuel et le caractère nauséabond de certains soutiens du Nouveau Front populaire. Nous vivons les heures sombres aujourd’hui. L’antisémitisme et la violence sont totalement déchaînés, renforcés par un sentiment d’impunité alimenté par l’État français. Si ces faits viennent à être confirmés, cela montrera que le ministre de l’Intérieur n’a pas fait son travail en ne dissolvant pas ce groupe d’ultra-gauche.

Toujours très rapide lorsqu’il s’agit de dissoudre les groupes dits d’extrême droite, le gouvernement laisse agir impunément ceux de l’extrême gauche, ce qui les rend complices, même s’ils font mine d’être choqués.

Nous vivons des heures sombres parce que le gouvernement « s’allie » avec ces groupes. Ces heures sombres ne sont pas apparues avec le Rassemblement national ; elles sont déjà là. Nous voyons notre pays devenir un lieu de haute insécurité pour les juifs. Nous sommes dans les années 30, sauf que cette fois, c’est la gauche qui mène la danse.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Soutenez Epoch Times à partir de 1€

Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?

Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.