Bien que l’on soit plus nombreux à récupérer les plastiques en les déposant dans les bacs de recyclage, la plus grande partie de ces derniers finit généralement au site d’enfouissement ou est incinérée.
Pourtant, la production de plastique continue d’augmenter, avec des impacts croissants sur la santé humaine et environnementale, parce que nous croyons que les bénéfices du recyclage compensent les matières résiduelles générées et les risques qui leur sont associés. Selon un nouveau rapport du Center for Climate Integrity (CCI), l’industrie du plastique a sciemment provoqué la crise actuelle des déchets plastiques.
Selon le rapport de cette organisation à but non lucratif, les producteurs de plastique, confrontés à une opposition citoyenne croissante concernant leur « valorisation énergétique » (i.e. l’incinération des plastiques) ou leur accumulation dans les sites d’enfouissement, a promu le recyclage, présentant ce processus comme une solution durable – tout en sachant, à l’interne, qu’il ne l’est pas.
« [Les entreprises pétrochimiques] savaient depuis les années 1970 que le recyclage du plastique n’allait pas être réalisable à grande échelle ni efficace pour remédier à la crise des déchets plastiques », a expliqué Melissa Valliant, directrice des communications à Beyond Plastics, une organisation à but non lucratif visant à réduire la production et la consommation de plastiques à usage unique, à Epoch Times.
Selon le rapport, la démarche visant à faire croire la fausse promesse du recyclage du plastique avait pour but d’éviter l’application de réglementations restrictives et le bannissements de tels produits.
Le recyclage du plastique pose de nombreux défis
Selon le rapport, l’un des problèmes du recyclage du plastique est qu’il n’est pas techniquement ni économiquement réalisable à grande échelle. Contrairement au verre et au métal, le plastique ne peut être recyclé indéfiniment sans perdre sa qualité ou n’être dégradé. La plupart des plastiques recyclables ne peuvent être recyclés qu’une seule fois. Par conséquent, la plupart des plastiques recyclés finissent par prendre le chemin de la décharge, même s’ils ont été réutilisés pour fabriquer d’autres produits.
Entre 1970 et 2015, à l’échelle mondiale, 91% des plastiques ont été enfouis, incinérés ou ont été retrouvés dans l’environnement, selon une analyse publiée dans Science Advances. Aux États-Unis, moins de 6% du plastique est recyclé avec succès, indique un rapport récemment publié par Beyond Plastics.
Ces données incluent l’ensemble des déchets plastiques générés, qui comprennent les plastiques non recyclables et les plastiques jetés. En ce qui concerne les plastiques convergeant vers les centres de recyclage, aucune estimation officielle n’existe quant à la proportion de ces derniers qui sont finalement recyclés.
Toutefois, certains types de contenants de plastique, telles que les bouteilles de boisson gazeuse et d’eau faites de polytéréphtalate d’éthylène (PET ou plastique no 1) et les contenants de lait faits de polyéthylène haute densité (HDPE ou plastique no 2), en particulier, ont plus de chances d’être recyclés.
Selon l’OCDE, en 2019, seuls 9% des plastiques récupérés dans le monde ont effectivement été recyclés ; 50% ont pris le chemin de l’enfouissement, et 22% ont fait l’objet d’une mauvaise gestion.
Un autre problème est qu’il existe trop de types de plastiques différents. Pour être de bonne qualité, les plastiques recyclables ne peuvent pas être recyclés avec des plastiques de composition chimique différente, et le tri des déchets est impossible.
Des décennies de messages trompeurs
La démarche de l’industrie de plastique « a efficacement protégé et élargi les marchés du plastique », indique le rapport du CCI, « tout en bloquant les mesures législatives ou réglementaires qui auraient permis de s’attaquer de manière significative aux déchets plastiques et leur pollution ».
Le rapport, qui s’appuie sur des communications et des documents de l’industrie pétrochimique, explique en détail comment, à partir des années 1950, les profits de l’industrie du plastique ont grimpé en flèche suite à la mise en marché des plastiques à usage unique, et comment, parallèlement, le « passage aux produits jetables » a engendré des problèmes de déchets.
Pour gérer les déchets associés aux plastiques à usage unique, l’industrie a encouragé leur enfouissement et incinération. Cependant, les années 1980 ont été caractérisés par une levée de boucliers et une législation limitant la vente de plastiques à usage unique étant donné leurs impacts sur l’environnement.
L’industrie a alors « lancé des campagnes publicitaires et de relations publiques de plusieurs millions d’euros pour convaincre le public qu’il s’agissait d’un problème de consommation, qu’il suffisait de déposer les bons items dans le bon bac (recyclage ou poubelle) et qu’ainsi, toute la pollution plastique disparaîtrait », a déclaré Mme Valliant.
La production de plastique a ensuite explosé, passant d’environ 2 millions de tonnes de plastique, dans les années 1950, à près de 460 millions de tonnes, en 2019. Elle continue d’augmenter.
Le CCI cite un rapport publié en 1986 par le Vinyl Institute, une association commerciale, selon lequel « le recyclage ne peut être considéré comme une solution permanente à la gestion des déchets solides (i.e. les plastiques), car il ne fait que reporter le moment de leur élimination ultime ».
Huit ans plus tard, un gestionnaire d’Exxon Mobil a mis en garde les membres du personnel de l’American Plastics Council de ne pas « laisser circuler des documents » indiquant que les objectifs de recyclage de la société ne pourraient pas être atteints, car la question est « POLITIQUEMENT ULTRA SENSIBLE ».
Le rapport du CCI vise à tenir les entreprises pétrochimiques responsables de la situation catastrophique de la gestion des déchets plastiques en relevant les contradictions entre ces notices internes et des décennies de campagnes de relations publiques promouvant le recyclage.
Les entreprises du secteur des plastiques évoquent de nouvelles technologies et de nouveaux objectifs
Vingt entreprises pétrochimiques, dont de grandes sociétés pétrolières et gazières, telles qu’ExxonMobil, fabriquent la moitié des plastiques à usage unique dans le monde, selon le CCI.
Suite à la publication du rapport du CCI, l’Association de l’industrie du plastique a qualifié ce dernier d' »attaques politiques » et a déclaré qu’il était basé sur « des informations obsolètes et des affirmations erronées ».
« Ce rapport a été rédigé par une organisation militante anti-recyclage et ne tient pas compte des investissements considérables de notre industrie dans les technologies de recyclage », a déclaré Matt Seaholm, président et directeur général de l’Association de l’industrie du plastique, dans un communiqué de presse.
De même, dans une déclaration publiée par l’American Chemistry Council (ACC), Ross Eisenberg, président d’America’s Plastic Makers, a qualifié le rapport du CCI d’erroné, affirmant qu’il « cite des technologies dépassées, vieilles de plusieurs décennies, et va à l’encontre de nos objectifs de développement durable en donnant une image erronée de l’industrie et de l’état des technologies de recyclage actuel ». Il a également souligné les avantages des plastiques et la façon dont ils peuvent être réutilisés pour répondre à différents besoins.
« Nous avons fixé un objectif ambitieux pour que tous les emballages plastiques aux États-Unis soient réutilisés, recyclés et récupérés d’ici 2040, et nous nous efforçons d’atteindre cet objectif en soutenant les systèmes et les technologies qui fabriquent de nouveaux plastiques à partir de plastiques usagés », a-t-il déclaré.
Or, beaucoup s’interrogent : même si l’objectif de l’ACC pour 2040 était atteint, cela résoudra-t-il les nombreux enjeux que soulèvent les plastiques?
Le recyclage suffit-il ?
« L’impact des plastiques sur la santé humaine est peut-être plus préoccupant que leur impact sur l’environnement », a déclaré Mme Valliant, qui recommande aux consommateurs de s’efforcer de réduire, de réutiliser, de recycler ces matières et, dans la mesure du possible, d’éviter les plastiques à usage unique.
La gestion des plastiques « doit être abordée à un niveau plus global que celui de l’individu », a déclaré Mathew Campen, toxicologue à l’université du Nouveau-Mexique, à Epoch Times.
Lorsque le plastique n’est pas recyclé adéquatement, il se retrouve non seulement dans les sites d’enfouissement et les sources d’eau, mais également dans le sol, l’air et même le corps humain. Chaque jour, nous mangeons, buvons et inhalons de minuscules morceaux de plastique. Car le plastique ne se biodégrade pas avec le temps : il se décompose simplement en particules de plus en plus petites.
M. Campen, qui étudie l’impact des substances toxiques dans l’environnement sur la santé humaine, s’inquiète de la quantité croissante de plastiques, en particulier des microplastiques, dans l’environnement et de leurs effets potentiels.
« La vérité, c’est que les gouvernements et l’industrie doivent trouver un moyen de s’occuper de ces déchets et d’éviter qu’ils ne se retrouvent dans notre corps », a-t-il ajouté.
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