SCIENCE

Du Big Bang aux exoplanètes: le Nobel de physique à deux Suisses et un Canado-Américain

octobre 8, 2019 21:30, Last Updated: octobre 8, 2019 21:52
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Le Nobel de physique a distingué mardi trois cosmologues, le Canado-Américain James Peebles, qui a mis ses pas dans ceux d’Einstein pour éclairer les origines de l’univers, et les Suisses Michel Mayor et Didier Queloz qui, les premiers, ont révélé l’existence d’une planète en dehors du système solaire.

Le prix va pour moitié à James Peebles pour ses « découvertes théoriques en cosmologie physique » et pour l’autre moitié conjointement à Michel Mayor et Didier Queloz pour leur « découverte d’une exoplanète en orbite autour d’une étoile de type solaire », a annoncé Göran Hansson, secrétaire général de l’Académie royale des sciences de Suède.

Les trois chercheurs, astrophysiciens et astronomes, ont contribué à « une nouvelle compréhension de la structure et de l’histoire de l’univers », a ajouté l’académie.

Les travaux théoriques de James Peebles, 84 ans et titulaire de la chaire Albert Einstein à l’Université de Princeton aux États-Unis, nous ramènent à « l’enfance de l’univers » à travers l’observation des rayons lumineux apparus 400.000 ans après le Big Bang – survenu lui il y a 14 milliards d’années – et qui ont voyagé jusqu’à nous comme pour nous en porter témoignage.

Seulement 5% du contenu de l’univers est connu

« Ses travaux nous ont révélé un univers dont seulement 5% du contenu est connu : la matière composant les étoiles, les planètes, les arbres – et nous. Le reste, soit 95%, est de la matière noire inconnue et de l’énergie noire. C’est un mystère et un défi pour la physique moderne », souligne l’académie.

C’est James Peebles qui avait théorisé l’existence de matière noire à partir de 1982, une théorie qui a été confortée par quantité d’observations, bien qu’on ignore toujours ce qui la compose.

« Nous pouvons être certains que cette théorie n’est pas la réponse finale », a-t-il philosophé lors d’une conférence de presse sur le campus de Princeton, où il est arrivé pour faire son doctorat en 1958. A l’époque, la cosmologie théorique était un champ de recherche marginal, a-t-il rappelé.

Michel Mayor, 77 ans, professeur honoraire à l’Observatoire de la Faculté des sciences de l’Université de Genève, et son doctorant Didier Queloz, 53 ans, ont exploré notre galaxie, la Voie lactée, à la recherche de mondes inconnus.

A Londres où il participait à une conférence, Didier Queloz a confié avoir été « paniqué » en apprenant qu’il venait de gagner un prix Nobel. « Je ne suis pas du tout préparé. Ce matin j’étais un professeur de Cambridge à pied d’oeuvre avec ses collègues, et tout à coup ma vie a été entièrement chamboulée », a-t-il déclaré à des journalistes.

Une exoplanète orbitant autour d’une étoile de type solaire

En 1995, Michel Mayor et Didier Queloz ont fait la première découverte d’une planète en dehors de notre système solaire: une exoplanète orbitant autour d’une étoile de type solaire, 51 Pegasi b.

L’astronome suisse Didier Queloz, l’un des trois lauréats du prix Nobel de physique 2019, prend la parole lors d’une conférence de presse à Londres le 8 octobre 2019. (Photo : ISABEL INFANTES/AFP via Getty Images)

« Tout à coup, on a enrichi notre ‘zoo’ de planètes avec d’autres systèmes planétaires: c’est comme en médecine quand on observe les autres animaux pour mieux comprendre l’être humain. C’était une révolution », explique à l’AFP François Forget, planétologue au CNRS.

Depuis, la quête d’une planète qui présenterait des caractéristiques similaires à la Terre, donc favorables à la vie, se poursuit.

« Cette planète-là en particulier personne n’imaginait qu’elle puisse abriter la vie. Par contre ça a été la première d’une longue cohorte de planètes dont certaines se trouvent dans la zone habitable de leur étoile », relève pour l’AFP Vincent Coude du Foresto, astronome à l’observatoire de Paris.

Mais sur les milliers d’exoplanètes confirmées aujourd’hui, seules une poignée d’entre elles sont dans ce cas.

Lundi, le prix de médecine avait confirmé l’écrasante domination des Américains dans le palmarès Nobel des disciplines scientifiques en primant William Kaelin et Gregg Semenza, aux côtés du Britannique Peter Ratcliffe, auteurs de découvertes sur l’oxygénation des cellules.

L’édition 2019 des Nobel a récompensé six hommes et zéro femme à ce stade.

Suivront mercredi la chimie, puis la littérature jeudi qui doit voir sacrés deux lauréats, l’Académie suédoise ayant reporté l’attribution du prix 2018 en raison d’un scandale d’agression sexuelle. Vendredi 11 octobre, sera remis là Oslo e prestigieux prix de la paix par le comité Nobel norvégien.

Le prix d’économie à la mémoire d’Alfred Nobel, créé en 1968 par la Banque de Suède à l’occasion de son tricentenaire, clôturera la saison des récompenses décernées par des institutions suédoises.

Les lauréats reçoivent un chèque de 9 millions de couronnes (830.000 euros), à se partager le cas échéant entre récipiendaires. James Peebles a dit qu’il donnerait une partie de l’argent à l’université de son premier cycle, à Manitoba, ainsi qu’à ses enfants.

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