Une vaste ferme photovoltaïque a poussé sur les ruines d’une ancienne centrale thermique : le parc solaire d’Ambès, près de Bordeaux, est un cas d’école de la stratégie gouvernementale pour rattraper le retard de la France en matière d’énergies renouvelables.
« Notre projet de loi sur le déploiement des énergies renouvelables s’illustre ici de manière extraordinairement concrète », s’est d’ailleurs réjouie jeudi la ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher, deux jours après l’adoption définitive du texte au Sénat.
Sur cette ancienne friche industrielle située à une trentaine de kilomètres au nord de Bordeaux, qui abritait de 1959 à 2004 une centrale au fuel et au gaz démantelée en 2014, 25.000 panneaux photovoltaïques brillent sur dix hectares depuis 2021.
Mais la différence de puissance entre l’ancienne et la nouvelle centrale illustre le bond en avant que va devoir effectuer la France, condamnée par Bruxelles à une amende de 500 millions d’euros pour n’avoir pas respecté en 2020 son engagement de parvenir à 27% d’électricité d’origine renouvelable. Selon les derniers chiffres, elle était à 24,2% fin 2021.
Avec une puissance maximale installée de 9,6 mégawatts-crête, la nouvelle unité peut couvrir dans des conditions optimales l’équivalent de la consommation électrique annuelle de 6000 habitants, mais elle est loin d’atteindre celle de l’ancienne centrale thermique à son apogée (1250 MW en 1972).
Privilégier « des zones dégradées et artificialisées »
Pour atteindre le cap de plus de 100 gigawatts (GW) d’énergie solaire à l’horizon 2050 fixé dans la loi votée cette semaine, soit cinq fois plus qu’aujourd’hui, il va donc falloir beaucoup d’espace, tout en s’inscrivant dans la stratégie de zéro artificialisation nette.
Le texte voté cette semaine veut donc « limiter les défrichages et accompagner des projets dont l’impact en termes de biodiversité est minime, en privilégiant des zones dégradées et artificialisées. »
En Nouvelle-Aquitaine, première région française productrice d’électricité solaire, avec une puissance raccordée de 2667 MW, soit 26% du total national, ce tournant est récent.
En 2018, 74% des installations photovoltaïques étaient installées dans des forêts de pins pour seulement 6% sur des sols déjà artificialisés.
Un immense projet de 1000 hectares est encore dans les cartons dans la forêt landaise à Saucats, mais comme à Ambès, des fermes photovoltaïques poussent depuis peu sur d’anciennes friches.
La plus grande centrale photovoltaïque urbaine d’Europe (60 hectares) a été inaugurée l’an dernier sur une ancienne décharge à Bordeaux et une autre doit être mise en service prochainement sur une ancienne déchetterie à Pessac.
Réduire les délais
Les délais sont encore trop longs, regrette Agnès Pannier-Runacher. Initié en 2015, le projet à Ambès, n’a vu le jour que six ans plus tard, dont une seule année pour la construction proprement dite. La ministre de la Transition énergétique souhaite « diviser par deux le temps d’instruction et de développement de ce genre de projet. »
Et pour faciliter leur acceptabilité, elle souhaite davantage associer les riverains pour qu’ils « ne se sentent pas agressés par ce type d’installation » et puissent en récolter des bénéfices, comme à Ambès où un taux d’intérêt de 5,5% vient récompenser les investisseurs qui ont permis de collecter 200.000 euros dans le cadre d’un financement participatif.
« En associant les habitants et les élus locaux au projet, ça devient leur projet », estime Mme Pannier-Runacher.
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