ETIV HA’ASARA, Israël – De bien des façons, Jimmy Fenlon est un adolescent typique de 15 ans. Il va à l’école. Il fait ses devoirs. Ses matières préférées sont science et chimie. Il essaie de s’occuper de sa sœur de 11 ans, Jade.
Toutefois, Jimmy n’est pas un ado typique dans un domaine important : lui et sa famille habitent à seulement 500 mètres de la frontière avec la bande de Gaza. Il a passé toute sa vie à éviter les roquettes et mortiers lancés par le Hamas de l’autre côté de la barrière de séparation.
Durant sa courte vie, des milliers de roquettes ont activé les sirènes d’alerte d’Israël. Chaque fois, Jimmy et les 700 résidants de son village, Netiv Ha’asara, ont seulement cinq secondes pour se mettre à l’abri, même s’ils sont dans un sommeil profond.
Comme beaucoup d’ados de 15 ans, il fait preuve de bravade.
« Ça ne me dérange pas parce que je suis habitué à vivre comme ça », affirme Jimmy, lui qui a eu chaud à quelques reprises alors que des éclats d’obus ont frappé l’édifice dans lequel il se trouvait. « Certaines personnes qui viennent de loin ne se sentent pas en sécurité, mais j’y suis habitué. »
En 2005, Israël s’est retiré de la bande de Gaza, qui est maintenant gouvernée par le groupe militant Hamas, considéré comme organisation terroriste par le Canada. Depuis, plus de 11 000 roquettes ont été lancées vers Israël.
D’habitude, Jimmy et sa famille doivent se dépêcher pour rejoindre l’abri au sous-sol. Si une alarme sonne durant la nuit, Jimmy doit parfois réveiller sa sœur et l’emmener avec lui dans l’abri. Et le tout à l’intérieur de cinq secondes.
Quand il est à l’école, Jimmy n’a toutefois pas besoin d’aller nulle part. L’école Shaar Hanegev, où il étudie, est elle-même un abri antibombe dans sa totalité.
Israël est le seul pays au monde qui construit des lieux d’enseignement, de la prématernelle à l’université, qui servent également d’abris antibombe. Peu importe où se trouvent les étudiants lorsque l’alarme sonne, aussi longtemps qu’ils sont à l’intérieur ils sont protégés. Pas besoin de courir, de se cacher ou de faire le décompte 5-4-3-2-1.
Il y a plus de 200 écoles-abris construites en Israël à proximité des frontières est et nord de Gaza, une zone appelée la division Gaza. D’autres sont en construction. Les édifices hautement fortifiés ressemblent à des écoles normales, mais ils peuvent et ont résisté à d’importantes explosions. Ils coûtent environ 30 % de plus à construire que leurs équivalents traditionnels.
Les 50 000 résidants des 66 villes et villages de la division Gaza ont tous des abris dans leurs résidences, écoles et lieux de travail. Les écoles fortifiées ont été ordonnées et financées par le gouvernement depuis 2007. Les écoles dans un rayon de 6 km de la frontière avec Gaza sont touchées par le programme, selon les forces armées israéliennes (Israeli Defense Forces – IDF).
Le lieutenant-colonel Ghassan Tarif est le chef de la branche d’ingénierie dans la division de protection civile du commandement du front intérieur.
« Il y a toujours de la construction », affirme Tarif. Il mentionne que ses ingénieurs vérifient les mesures de sécurité des édifices, mais ils sont néanmoins construits et financés par le ministère de l’Éducation. Selon Tarif, il ne fait aucun doute que ces structures sont efficaces.
« Il y a eu plusieurs impacts sur certaines écoles, certaines maternelles, il y a eu des impacts à proximité et plusieurs impacts directs », explique-t-il. « Rien n’est arrivé. La protection a valu le coût. »
Il admet toutefois que la situation est loin d’être idéale.
« Personne ne veut construire comme ça », commente-t-il. « Personne ne veut que son enfant soit dans un endroit comme ça, mais ils ne font pas face à une menace comme celle-là. »
Au cours des 15 dernières années, des milliers de roquettes et de mortiers sont tombés en Israël. Tirés par le Hamas depuis la bande de Gaza, certains ont même atteint Tel Aviv et Jérusalem.
Malgré la sécurité relative fournie par les infrastructures, les effets psychologiques peuvent être importants pour ceux qui vivent sous une menace presque constante, particulièrement pour les enfants.
La mère de Jimmy, Hila Fenlon, une agricultrice de 38 ans, fait preuve de moins de bravade que son fils lorsqu’elle aborde la situation familiale. La famille est en train de faire installer un nouvel abri antibombe près des chambres à coucher dans la maison. Ce genre d’abri coûte entre 20 000 et 30 000 dollars américains et peut être financé par le gouvernement. Si chaque maison dans son village de 700 habitants rénovait son abri, la facture s’élèverait à plusieurs millions de dollars pour l’État.
On parle ici des résidences dans un seul village.
« Quand on pense à la quantité d’argent dépensé dans les dernières années pour la protection, c’est incroyable », remarque Mme Fenlon. « On parle de milliards. »
Non loin de sa maison, il y a un édifice pour une prématernelle qui est en construction depuis deux ans et qui ouvrira à l’automne. C’est la durée normale de construction pour ce genre d’édifice.
« C’est de l’argent qui aurait pu aller ailleurs, comme à la santé ou à l’éducation. »
Toutefois, aucun prix n’est trop élevé pour la tranquillité d’esprit apportée aux familles. Après des années de vie sous la menace des bombes, elle décrit ses enfants comme étant « effrayés et mentalement perturbés ».
« Peu importe où tombe la roquette, ça affecte toute la communauté », dit-elle. « La raison principale pour laquelle ils veulent blesser des gens est qu’ils veulent faire peur à tous les autres. »
C’est une tactique que le Hamas utilise également à l’intérieur de la bande de Gaza, où les exécutions extrajudiciaires sont courantes, selon Amnesty International. Les individus soupçonnés de collaborer avec Israël sont souvent torturés à mort ou exécutés sur la place publique.
Mme Fenlon et d’autres reçoivent des crédits d’impôt parce qu’ils habitent à proximité de la bande de Gaza. Elle ne peut parler au nom des autres, mais elle admet rester à cet endroit pour la raison la plus absurde : l’idéalisme. Elle croit que de l’autre côté de la frontière il y a aussi des familles comme la sienne qui sont terrorisées et qui veulent la paix.
« C’est le Hamas qui rend cette situation si difficile », croit-elle. « J’ai espoir. Quoi d’autre pourrais-je avoir ? »
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