En cette fin mai 2021, un émouvant renouveau de vie anime les rues parisiennes, qui poussent sur leurs trottoirs les tables des cafés comme autant de bourgeons. Toute une jeunesse est au bonheur d’enfin se retrouver, rire, envisager l’avenir, un an après que le virus de Wuhan a paralysé le monde et tué des millions. Quel contraste entre ce bouillonnement de vie et la dernière semaine de mai 1871 !
Alors, la Commune de Paris tentait de réduire Paris en cendres, exécutant sommairement des dizaines d’otages innocents, civils comme religieux, incendiant les Tuileries, le Palais d’Orsay, les Archives, d’innombrables lieux d’histoire et jusqu’à l’Hôtel de Ville. Cet Hôtel de Ville dont est sorti, cent cinquante ans après, l’ordre « d’honorer » la Commune par des expositions, des reconstitutions, et le slogan « Nous les communards ». Ironie.
Pendant ce qui est resté comme « la semaine sanglante », Émile Zola ne décrivait pas, malgré sa fibre sociale, des démocrates visionnaires en quête d’émancipation et d’un nouveau modèle social. Car, au plus près des massacres, il avait vu une réalité dans laquelle les communards « se sont battus en brigands qui lâchent honteusement pied devant les troupes régulières et se vengent de leur défaite sur les monuments et les maisons. On peut les suivre aux ordures et aux ruines qu’ils font sur leur passage. Quand ils se sont vus traqués, anéantis, ils ont voulu s’ensevelir sous un crime affreux qui fera maudire leur mémoire dans les siècles. D’un coup, et comme adieux suprêmes, ils ont fait en une fois tout le mal qu’ils se promettaient de faire plus méthodiquement, si on les eût laissés encore quelque temps au pouvoir ».
Voici donc le goût que nous avons pour la création de mythes : la distillation de l’histoire a transformé des assassins sans foi ni loi en héros romantiques, sublimés dans les mémoires par le personnage de Louise Michel, poétesse et surtout anarchiste, première porteuse du drapeau noir sous lequel se rallient aujourd’hui les émeutiers du monde entier. Le sentiment confus d’être victime d’un système corrompu, exploité par des puissants malfaisants, est une corde qui vibre au moindre vent, et qu’exploitent à leur gré les apôtres de la révolution violente. Le sang, l’injustice, la loi des bouchers s’effacent des mémoires dès que se soulèvent les désirs de monde nouveau et réenchanté.
Il y aurait tant, pourtant, à apprendre de la Commune pour mieux vivre le présent. Voir qu’elle n’a été possible que par la coexistence, d’un côté d’un pouvoir veule et vaincu qui n’avait pas su porter haut la France, et de l’autre d’une idéologie sanguinaire promettant un avenir radieux alors qu’elle ne poussait qu’à détruire tout ce qui avait fait la grandeur de la nation. La Commune, avec son drapeau rouge « trempé dans le sang », a brouillé la vue de beaucoup en arborant la cocarde de la résistance à l’ennemi, quand elle était, comme la décrivait Victor Hugo, « un cirque de bêtes s’entre-dévorant« , une tentative de retour à 1792 et à la préparation d’une terreur révolutionnaire.
La Commune ne fut, en fin de compte, que le premier modèle pour la théorie de la guerre civile des régimes communistes, pour la destruction des citoyens par d’autres citoyens, l’inspiratrice des goulags, laogaï, et des grandes épurations. Cent cinquante ans après, une nouvelle Prusse, plus lointaine, a encore encerclé la France et infiltré son pouvoir, tente de s’imposer avec son modèle de pensée sans respect pour la tradition ni pour le sacré. Puissent donc de simples terrasses de nouveau ouvertes nous réapprendre à vivre ensemble, à aimer nos rues et notre pays, et à repousser cet envahisseur. « Quelle quantité de guérison faut-il ? », disait Hugo. « Il la faut toute. Il faut fermer toute la plaie. Il faut éteindre toute la haine ».
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