Une vague pourrait être en train de se lever contre le régime communiste chinois. Il semble soudain loin, le temps où la fédération de basketball américain, la NBA, muselait l’un de ses responsables qui critiquait l’invasion de Hong Kong par le régime chinois ; loin aussi peut-être le temps où le directeur général d’Interpol pouvait être kidnappé et disparaître sans qu’aucun gouvernement ne formule plus qu’une timide marque de désapprobation.
Avec le cas de la joueuse de tennis Peng Shuai, enfin la réaction internationale est adaptée : Roger Federer, Rafael Nadal, Novak Djokovic se disent inquiets et espèrent la revoir « saine et sauve », la WTA (Women Tennis Association) menace de boycotter la Chine, une fermeté rarement vue jusque-là. La joueuse Alizée Cornet l’explique dans L’Équipe : « Je vois que la communauté tennistique est en train de se souder et se révolter. Il y a quelque chose de réconfortant là‐dedans. Il y a un peu d’humanité et ça va bien au‐delà du tennis. Tout le monde est inquiet. On se réunit pour une cause plus grande que le sport, c’est de l’humain ».
La joueuse chinoise star Peng Shuai a révélé le 2 novembre sur le réseau social Weibo avoir été violée par un haut-responsable communiste, Zhang Gaoli. Celui-ci, ancien vice-premier ministre, est un fidèle du Shanghaïen Jiang Zemin qui a piloté la répression du Falun Gong dans la province de Guangdong et est soupçonné d’avoir détourné plus de 100 millions de dollars, depuis placés dans des banques de Hong Kong. Il serait également impliqué dans les trafics d’organes humains que subissent les pratiquants de Falun Gong et les Ouïghours.
L’annonce de Peng Shuai, rapidement censurée par le régime, a cependant eu le temps de diffuser en Chine et à l’international. La joueuse a alors totalement disparu. Son nom a été bloqué dans toutes les recherches Internet en Chine et jusqu’au samedi 20 novembre, Peng Shuai n’avait donné aucun signe de vie malgré les efforts de ses amis pour la contacter. C’est une femme frêle, au teint blafard, qui a alors été photographiée par la presse officielle chinoise lors d’un tournoi de tennis junior à Pékin. Cette apparition n’a fait que renforcer les inquiétudes même si elle montre la nervosité du Parti communiste.
Début novembre, la joueuse Naomi Osaka avait été la première à afficher son soutien à Peng, ce qu’elle a rapidement payé par une censure en Chine. Le Comité International Olympique, noyauté par le régime chinois, a comme à son habitude tenté d’éteindre le feu médiatique et, par la voix de sa commission des athlètes, plaidé pour une « diplomatie discrète » (traduction : tout sauf devoir s’interroger sur l’organisation des Jeux olympiques d’hiver en Chine…)
Tout semblait mal parti. Le grand changement dans le cas de Peng Shuai a été que Steve Simon, président du circuit féminin, a adopté une attitude claire et ferme. Devant CNN, il a déclaré : « Nous sommes tout à fait prêts à retirer de Chine nos activités et à faire face à toutes les complications qui en découlent. Parce que c’est (les accusations de viols) plus important que les affaires ».
Il est rapidement devenu clair que Steve Simon ne voulait pas trouver de prétexte pour se laisser convaincre facilement. Il a d’abord publiquement critiqué les faux emails attribués à Peng Shuai, les disant fabriqués. Même l’apparition de la joueuse sur une vidéo n’a pas suffi : « Bien qu’il soit positif de la voir, la lumière n’est pas apportée sur le fait de savoir si elle est libre, capable de prendre ses propres décisions sans coercition ou influence extérieure. »
L’humain avant les affaires, quel changement… L’épouse de l’ancien dirigeant d’Interpol, coïncidence du calendrier, suppliait la semaine dernière pour savoir si son mari est toujours vivant. L’apparition orchestrée de Peng Shuai montre au moins qu’à défaut d’être libre, elle n’a pas été éliminée. Dans les jours et semaines à venir, le régime chinois fera ce qu’il peut pour reprendre le contrôle, comme lorsque le milliardaire Jack Ma a disparu la circulation pendant plusieurs mois, « redressé » par le pouvoir pour ne plus jamais faire la moindre allusion qui puisse être interprétée comme une critique du régime. Pendant ces mois hors circuit, il a très probablement subi un lavage de cerveau complet et été mis face aux deux options de continuer à vivre au service du Parti, ou de ne jamais revenir à la surface.
Le Parti communiste ne laissera donc Peng Shuai libre de ses mouvements que lorsqu’il aura toutes les garanties quant à son silence. Ceci pourrait passer par de longs mois de « rééducation », qui semblent commencés quand on voit la blancheur et la fragilité de la joueuse. Ou être plus rapide si le contrôle sur les membres de sa famille est assuré (ou si un sosie convaincant peut être utilisé comme cela a déjà été le cas dans le passé).
Malgré ces perspectives peu encourageantes pour la joueuse, Steve Simon est en train de démontrer la puissance que donne le fait de ne pas craindre le « tigre de papier » des menaces chinoises. La nervosité de la réaction des médias officiels et la maladresse des fabrications réalisées pour tenter d’éteindre le feu médiatique l’illustrent : le régime chinois n’est qu’une bête faible qui tente d’intimider en se gonflant. Et même la diplomatie française, sentant peut-être le vent tourner, ose maintenant aussi s’inquiéter publiquement pour Peng Shuai.
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Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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