La photo est belle comme un moment d’histoire : 169 députés la main levée dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale pour condamner les crimes contre l’humanité du régime communiste chinois. Une seule voix s’est élevée contre, celle du député pro-chinois LREM Buon Tran, tandis que communistes et députés de La France Insoumise ont fait le choix, lourd, de s’abstenir.
Après le Parlement canadien, après le gouvernement américain, après les parlements belge, lituanien, néerlandais, anglais, tchèque, les députés français ont donc enfin tourné la page de 30 ans d’inaction durant lesquels le désir de plaire et la peur de représailles avaient fait d’eux des complices passifs des différents massacres : Tibétains et bouddhistes du Falun Gong en premier, puis depuis le milieu des années 2010, musulmans de la province du Xinjiang.
En décembre dernier, le « Uyghur Tribunal », qui rassemble avocats et défenseurs des droits humains, avait à Londres conclu que « les éléments d’un génocide intentionnel étaient établis ». C’est le même groupe d’experts qui lors du « China Tribunal » avait, il y a deux ans, conclu que le régime chinois mène une campagne d’élimination massive des pratiquants de Falun Gong, par le biais des prélèvements forcés de leurs organes.
La résolution du Parlement français, soutenue par la majorité présidentielle, reconnaît la volonté du régime communiste de « détruire l’identité, les liens communautaires ouïghours, les possibilités de filiation et les liens entre générations, et plus généralement de détruire les Ouïghours, y compris biologiquement, en tant que groupe à part entière. »
« Ces violences politiques extrêmes et systématiques, organisées et planifiées par l’État chinois, sont constitutives d’un génocide. »
Pour le député européen Raphaël Glucksmann, la résolution est « une preuve que la France de la Déclaration des droits de l’Homme peut parfois se réveiller. » C’est beau comme un symbole : de gauche à droite, toutes les couleurs politiques du Parlement se sont unies pour soutenir cette résolution non partisane, un moment d’union et de courage qu’on avait rarement vu auparavant. Seuls LFI et le PC, héritiers de l’URSS et de Mao Zedong, ont refusé de soutenir. Jean-Luc Mélenchon tente de le justifier dans une interview en ligne sur Thinkerview, en considérant qu’il faut reconnaître que le régime chinois « est efficace » mais que les lavages de cerveau et les stérilisations forcées, « s’ils ont lieu », sont bien sûr condamnables. Les « si » et le refus face à l’évidence fleurissent dans les interventions LFI. D’après le candidat à l’élection présidentielle, la responsabilité est en premier de comprendre qu’il « s’agit d’affaires internes » chinoises et que les élus français ne doivent pas être « des caniches des américains ». Difficile de plus fermer les yeux sur les massacres en prétextant le besoin de ce « dialogue équilibré » qui a permis au régime chinois d’utiliser la lâcheté occidentale pour avancer ses pions jusqu’à devenir un danger mondial.
Toujours chez LFI, la controversée Daniele Obono tente de s’abriter derrière la position d’Amnesty International France. Sa présidente refuse effectivement de parler de génocide, de même qu’elle s’oppose au boycott des Jeux olympiques de Pékin, trouvant plus « constructif » d’informer par des brochures. Une position qui interroge quand on sait qu’Amnesty, il y a deux ans, appelait au boycott du tourisme en Israël.
Sur Twitter, c’est sans doute Clémentine Autain qui réussit le mieux à appuyer là où ça fait mal : « Si génocide il y a, comment peut-on envoyer une délégation aux JO de Pékin, nouer des accords commerciaux et entretenir des relations diplomatiques avec la Chine ? Combler la faiblesse des actes par l’inflation des mots ne sauvera en rien les Ouïghours».
Or, elle a sans doute raison : pour être en conformité totale avec les valeurs affichées, les JO de Pékin devraient être boycottés par la France, les accords commerciaux qui aspirent les emplois hors de France dénoncés, les relations diplomatiques totalement revues. Oui, la faiblesse des actes reste. Mais les mots, au moins, sont enfin là. Il fallait un premier pas, qui est maintenant fait. Que les suivants ne prennent pas trente ans et la France pourrait regagner le respect international qu’elle a trop perdu.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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