La nouvelle ministre de l’Éducation nationale, Nicole Belloubet, a tenté mardi de déminer la question des groupes de niveau au collège, dans le viseur des syndicats, assurant que la mesure visait à répondre « aux attentes particulières » des élèves.
Début décembre, son prédécesseur rue de Grenelle, Gabriel Attal, nommé depuis à Matignon, avait annoncé la création de groupes de niveau à compter de la rentrée en 6e et en 5e pour le français et les mathématiques, et à partir de la rentrée de septembre 2025 en 4e et 3e. L’annonce a suscité l’ire des syndicats d’enseignants qui pointent un risque de stigmatisation et de « tri » des élèves, et un manque de moyens pour les mettre en place.
« Il n’y a pas de classes de niveau, nous fonctionnons sur des classes hétérogènes », a déclaré Nicole Belloubet sur France Inter. « Ce sur quoi nous réfléchissons, ce sont des groupes qui puissent répondre à des attentes particulières des élèves, c’est ça qu’a proposé le Premier ministre (Gabriel Attal) et il me semble que cette réponse n’est pas inintéressante », a ajouté la nouvelle ministre.
Concrètement, a-t-elle poursuivi, « on a une classe hétérogène qui fera de l’histoire-géo, de l’éducation morale et civique (…) et ensuite nous mettons en place des groupes pour prendre en charge des élèves dans les matières fondamentales », à savoir le français et les mathématiques.
Les désaccords de la répartition par niveau
En accord avec le gouvernement sur le principe de garder des classes hétérogènes, le syndicat national des enseignements du second degré (SNES) explique sur son site qu’il serait préférable d’organiser « de manière épisodique des groupes homogènes selon des besoins spécifiques dans une matière ». Se référant à l’étude de Vincent Dupriez datant de 2003, la SNES précise que « pour contrer l’effet négatif lié » à la répartition des élèves par niveau, cela doit rester ponctuel afin de favoriser l’esprit d’entraide. « Par exemple, des groupes de niveaux différents doivent parfois travailler ensemble afin de permettre à un groupe d’élèves forts de coopérer avec un groupe d’élèves faibles ».
La répartition des élèves, telle que le veut le gouvernement de Gabriel Attal, « n’a rien d’épisodique, de temporaire, de ciblé », dénonce le SNES. « Les groupes sont bel et bien des groupes de niveaux et non de besoins (…) qui formeront donc un instrument de tri scolaire et social », poursuit le syndicat.
Selon l’enseignant-chercheur en sciences de l’éducation Sylvain Connac, les enseignements par « classes de niveau sont une véritable catastrophe ». Cette organisation induit chez les plus fragiles une dévalorisation de soi. « Un tel dispositif ne ferait qu’augmenter les inégalités », ajoute-t-il.
La marge de manœuvre du ministère
Mme Belloubet a été nommée le 8 février en remplacement d’Amélie Oudéa-Castera, dont le mois passé rue de Grenelle a été jalonné de polémiques, liées à la scolarisation de ses enfants dans un établissement privé catholique d’élite et à ses propos sur l’école maternelle publique qui avait accueilli son fils aîné quelques mois.
Questionnée sur la scolarisation de ses enfants aujourd’hui adultes, Mme Belloubet a répondu qu’elle et ses enfants avaient suivi leur scolarité dans le public. « Je n’ai pas de (rapport personnel) avec le privé », a indiqué cette ancienne professeure de droit. « Je suis ancienne membre du Conseil Constitutionnel, l’enseignement privé fait partie de ce grand principe fondamental des lois de la République qu’est la liberté de l’enseignement. Je tiens cela comme une boussole ».
Interrogée sur sa marge de manœuvre rue de Grenelle, puisque l’éducation est le sujet de prédilection d’Emmanuel Macron et de Gabriel Attal, Nicole Belloubet a répondu : « Ce n’est pas le Premier ministre qui est à mon bureau tous les jours, ce n’est pas le président de la République qui est assis à côté de moi tous les jours ». « Nous en parlons, ils ont des convictions parce que l’école, c’est évidemment extrêmement important pour former l’avenir de la Nation », a-t-elle souligné.
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