Edwige Diaz : « Évidemment, il existe un lien entre immigration et terrorisme »

Par Etienne Fauchaire
23 décembre 2024 21:34 Mis à jour: 23 décembre 2024 23:42

ENTRETIEN – Vendredi 20 décembre, l’Allemagne a été de nouveau victime d’un attentat terroriste, cette fois-ci perpétré par un réfugié saoudien qui a foncé à bord d’une voiture-bélier dans le marché de Noël dans la ville de Magdebourg. Le même jour en France, la Cour d’assises a rendu son jugement dans le procès de l’assassinat de Samuel Paty, au terme duquel tous les accusés ont été reconnus coupables. Edwige Diaz, députée et vice-présidente du Rassemblement national, revient sur ces deux évènements venant de marquer l’actualité, et réagit à la polémique sur les déclarations polémiques d’Emmanuel Macron lors de son déplacement à Mayotte. 

Epoch Times : Quelle a été votre réaction en apprenant la nouvelle de l’attentat de Magdebourg dont le bilan se chiffre à cinq morts et plus de deux cents blessés ?

Edwige Diaz : C’est avec une profonde tristesse que j’ai appris la nouvelle de ce drame. Immédiatement, une pensée a traversé mon esprit : « Encore une fois… ». En observant de près le mode opératoire, cet attentat à la voiture bélier ne peut que nous rappeler l’horreur des attaques du 14 juillet à Nice. C’est donc surtout une pensée pleine de compassion que j’adresse au peuple allemand, qui, depuis le début de l’année, traverse un calvaire avec ce qui pourrait se révéler, déjà, son quatrième attentat d’inspiration islamiste.

Faites-vous le lien entre immigration et terrorisme ?

Incontestablement. En mai dernier, l’attentat au couteau à Mannheim, qui a coûté la vie à un homme et fait cinq blessés, a été perpétré par un Afghan adhérant à l’idéologie de l’État islamique. De la même manière, l’auteur de l’attaque au couteau de Solingen, en août, qui a fait trois morts et huit blessés, était syrien. Comment pourrions-nous aussi oublier l’attentat terroriste mené par un djihadiste tunisien sur le marché de Breitscheidplatz à Berlin en 2016, faisant 12 morts et 56 blessés ? Ou encore, la même année, les 500 femmes agressées sexuellement à Cologne par des demandeurs d’asile ? Évidemment, ce lien existe.

Pourquoi vos adversaires politiques à gauche refusent-ils de reconnaitre ce lien ?

Par lâcheté. Si la gauche reconnaissait ce lien, cela impliquerait deux choses : d’une part, qu’elle s’est lourdement trompée depuis des décennies et qu’elle a menti aux citoyens ; d’autre part, qu’elle nous donnerait raison. Or, le sectarisme qui définit si bien la gauche lui interdit de concéder quoi que ce soit au Rassemblement national, même lorsqu’il s’agit d’accepter une vérité évidente.

Durant sa conférence de presse, le chancelier Olaf Scholz a déclaré que « la haine ne doit pas nuire au vivre ensemble ». Quel regard portez-vous sur ses propos ?

De quelle haine parle-t-il ? Celle que certains étrangers nourrissent à l’égard du continent européen ? Car c’est bien cette haine-là qui me choque profondément. Ce que j’observe, c’est qu’un certain nombre d’étrangers, pourtant accueillis sur le sol européen, déploient une animosité inexcusable envers les peuples hospitaliers des nations qui composent l’Union européenne.

La semaine dernière, dans le procès de l’assassinat de Samuel Paty, les deux amis du terroriste, Naïm Boudaoud et Azim Epsirkhanov, ont été déclarés coupables de complicité d’assassinat et condamnés à 16 ans de réclusion criminelle. Un verdict qui va au-delà des réquisitions initiales. « C’est la République qui a gagné », s’est réjoui Me Francis Szpiner, avocat de la compagne de Samuel Paty et de leur fils. Partagez-vous son point de vue ?

Aucune peine, aussi sévère soit-elle, ne pourra jamais égaler l’immensité du malheur qui accable à vie les familles des victimes. Toutefois, je me réjouis que la peine prononcée ait, au moins, témoigné d’une fermeté supérieure à celle des réquisitions concernant plusieurs des accusés.

Cela étant dit, je considère que la République n’aura véritablement gagné que lorsque plus aucun de nos compatriotes ne tombera sous les balles, les lames ou les roues des voitures des islamistes. Ce jour-là, seulement, nous pourrons l’affirmer.

« La Justice a rendu son verdict, mais la douleur demeure. […] Il y a un avant et un après Samuel Paty », a réagi sur X la ministre de l’Éducation nationale Anne Genetet. L’après Samuel Paty n’est donc pas encore advenu à vos yeux.

Le prosélytisme islamiste continue de se manifester dans nos établissements scolaires, et nous ne sommes pas à l’abri qu’un autre enseignant, comme Samuel Paty, soit un jour victime de la barbarie. Nombre de professeurs des écoles m’ont fait part de leur désarroi face à l’absence de soutien de la part de leur hiérarchie. Dans certains quartiers, certains n’osent même plus se rendre à leur poste, tant ils sont apeurés. Cela fait des années que le Rassemblement national dénonce la politique du « pas de vague ». Malheureusement, cette tendance à rester passif face aux menaces liées à la laïcité persiste encore aujourd’hui.

Considérez-vous qu’il faudrait légiférer pour lutter contre ces atteintes à la laïcité ?

Oui, absolument. À ce titre, Marine Le Pen avait déposé dès février 2021 une proposition de loi visant à combattre et à mettre un terme à la propagation de l’idéologie islamiste en France. Alors, qu’attendent les gouvernements successifs ? Pourquoi cette loi, qui est déjà prête à être mise en œuvre, reste-t-elle dans les tiroirs ? Plus on tarde, plus l’islamisme infiltre insidieusement nos sociétés, plus les enseignants se sentent abandonnés et contraints à l’auto-censure, et, au final, plus la peur se répand, mais dans le mauvais camp.

Lors de son déplacement à Mayotte après le passage du cyclone Chido, Emmanuel Macron a été pris à partie et hué par une foule de Mahorais. « Si c’était pas la France vous seriez 10.000 fois plus dans la merde ! », leur a rétorqué le président. Après la polémique engendrée par ses propos, il a affirmé vendredi avoir répondu à des « gens » du Rassemblement national qui « insultaient la France ». Qu’avez-vous pensé de ses déclarations ?

Les déclarations d’Emmanuel Macron n’étaient pas seulement déplacées, elles étaient profondément indignes. Face à des citoyens qui ont tout perdu — ceux qui étaient privés de nourriture, d’eau, d’électricité, qui ont vu leurs maisons détruites, et peut-être même perdu un proche — le chef de l’État a perdu son sang-froid. Devant cette souffrance indicible, Emmanuel Macron a tenu des propos inadaptés, sombrant même dans le complotisme en affirmant que ceux qui se tenaient face à lui étaient des partisans du Rassemblement national.

J’aimerais dire au président : si vous ne voulez pas faire face à des électeurs du Rassemblement national, ne vous rendez pas à Mayotte. À Mayotte, Marine Le Pen récolte 45 % des voix au premier tour et 60 % au second. Et dans la ville où Macron s’est rendu, ces chiffres atteignaient presque les 70 %.

Les électeurs de Marine Le Pen ne sont d’ailleurs pas les seuls à reprocher à Emmanuel Macron sa gestion de la situation : tous les Mahorais savent parfaitement que l’île a été laissée pour compte par son gouvernement.

L’opération Wuambushu, pour ne citer qu’elle, a été un fiasco retentissant. Quant à l’aide internationale que la France octroie chaque année aux Comores sans aucune contrepartie, elle relève tout simplement de l’inacceptable. Le rejet par les macronistes, accompagnés des LR, des socialistes et des insoumis, d’un amendement du Rassemblement national visant à allouer 50 millions d’euros pour améliorer l’accès à l’eau en outre-mer, est une illustration supplémentaire de l’immobilisme de ce gouvernement. Les Mahorais sont pleinement conscients de ces réalités.

Il est donc indéniable qu’un drame climatique s’est abattu sur Mayotte, mais il convient de reconnaître que l’incurie des Macronistes a indiscutablement aggravé les conséquences de cette catastrophe.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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