Edwige Diaz : « Quoi qu’en disent nos adversaires, notre présence à l’Assemblée nationale est massive »

Par Julian Herrero
9 juillet 2024 13:27 Mis à jour: 9 juillet 2024 14:48

ENTRETIEN – À l’issue du second tour des élections législatives anticipées, le Rassemblement national a augmenté son nombre de députés, mais n’a pas réussi à atteindre la majorité absolue. Pour la députée RN de la Gironde Edwige Diaz, il est clair que le front républicain fonctionne encore, mais il utilise ses « dernières cartouches ».

Epoch Times : Le Rassemblement national est arrivé troisième du second tour des élections législatives en termes de sièges obtenus derrière le Nouveau Front populaire et le bloc macroniste. Pourquoi votre parti n’a-t-il pas réédité les victoires des élections européennes et du premier tour des législatives ?

Edwige Diaz : Il est vrai qu’en termes d’alliances, nous sommes le troisième groupe. Mais en dehors des coalitions, le RN est le premier parti de l’Assemblée puisque 126 candidats ont été élus députés avec l’étiquette RN. C’est historique ! Je rappelle qu’il y a deux ans, nous avions 7 députés, avant la dissolution, 88 et aujourd’hui 143 avec nos alliés LR pro-Éric Ciotti.

Quoi qu’en disent nos adversaires, notre présence est massive et a vocation à s’amplifier puisque nos scores augmentent d’élection en élection. À l’issue des européennes du 9 juin, nous avons envoyé 30 députés au Parlement européen, et 10 millions de Français nous ont accordé leur confiance au premier tour des élections législatives. La marée continue de monter !

Vous n’avez pas atteint la majorité absolue. N’est-ce pas la preuve que le front républicain marche encore et qu’une partie non-négligeable des Français a encore peur du RN ?

Il fonctionne encore un peu, mais il utilise ses dernières cartouches. Nous étions qualifiés dans 444 circonscriptions et en tête dans 258 d’entre elles. Et sur les 258, nous en avons remporté une centaine.

Le front républicain atteint donc ses limites, et il entraîne surtout, en raison des désistements de cette alliance contre-nature entre le NFP et les macronistes, quelque chose de profondément anti-républicain, c’est-à-dire la paralysie du pays puisqu’aucune majorité absolue ne s’est dégagée à l’issue du second tour.

Emmanuel Macron se retrouve désormais bloqué. Il a tenté de débloquer la situation avec des remaniements et la dissolution de l’Assemblée nationale, mais sans succès. Le front dit « républicain » s’est finalement transformé en un front anti-républicain immobilisant le pays.

Comment voyez-vous la situation dans les jours et les semaines à venir ?

Je ne vois pas comment Emmanuel Macron peut s’en sortir, et comment les autres vont réagir. Quoi qu’il en soit, de notre côté, on va continuer de travailler, d’être les ambassadeurs des 10 millions de Français qui nous ont fait confiance et préparer l’alternative.

Avec ses alliés ciottistes, le RN peut compter sur 143 députés à l’Assemblée nationale. Comment voterez-vous les textes ? Allez-vous proposer des alliances avec d’autres formations politiques comme les LR canal historique pour avoir plus de poids ?

Je crois que les LR canal historique souhaitent être vampirisés par Emmanuel Macron. Nous leur avons déjà proposé une alliance avant les élections et Éric Ciotti et ses soutiens nous ont rejoints. Pas eux. Je ne vois donc pas pourquoi ils viendraient travailler avec nous demain.

En ce qui nous concerne, nous ne tomberons pas dans la compromission. Nous continuerons d’agir comme nous l’avons fait sous l’ancienne législature, c’est-à-dire avec comme unique boussole l’intérêt des Français. Nous voterons tous les textes qui vont dans le bon sens ou ce qui sera issu de notre programme. Par exemple, lors de la précédente législature, nous avions voté en faveur de la déconjugalisation de l’allocation aux adultes handicapés. Une mesure proposée alors par des députés macronistes, mais qui figurait déjà dans notre programme. Contrairement à nos adversaires, nous ne sommes pas sectaires.

En outre, maintenant que nous avons, avec nos alliés, presque 150 députés, les rapports de force ne seront plus les mêmes. Le futur gouvernement ne pourra plus rien faire sans nous parce qu’à partir du moment où nous déciderons de nous opposer à un texte, il ne pourra pas être adopté. Et dès qu’ils souhaiteront en faire passer un, ils seront obligés de nous tendre la main et de faire en sorte qu’il y ait des dispositions issues du programme du Rassemblement national ajoutés dans le texte. Autrement, ils se retrouveront bloqués.

Un nouveau sondage publié hier par Harris interactive place Marine le Pen en tête du premier tour des élections présidentielles de 2027. Ne craignez-vous pas d’être à nouveau ralenti par des désistements lors des prochains scrutins ?

Non, parce que je pense que beaucoup de Français se sont réveillés hier matin avec le sentiment d’avoir été trahis. On a fait croire aux électeurs macronistes qu’ils pouvaient voter pour le NFP et que ce serait sans danger, mais maintenant la gauche et l’extrême-gauche vont très certainement entrer dans le futur gouvernement.

Je pense aussi aux hauts milieux économiques qui ont appelé à faire barrage au Rassemblement national. Ils n’ont pas compris que ce sont leurs entreprises qui sont menacées par la mise sous tutelle de la France par le Fonds Monétaire International en raison du programme économique dangereux du NFP.

Ne serait-ce que par exemple le SMIC à 1600 € qui conduirait les entreprises droit dans le mur parce qu’elles ne seraient pas en mesure, à la fois d’augmenter les salaires et de payer les charges. Nous, nous avions proposé une augmentation des salaires de 10 % dans la limite de trois fois le SMIC, moyennant une exonération des cotisations patronales.

Je ne crains ni les désistements ni le front républicain à l’avenir. Je suis très confiante pour les prochains scrutins qui s’annoncent très nombreux. Dans un an, une nouvelle dissolution est possible. En 2026, il y a les élections municipales et les sénatoriales pour la moitié des départements. Les élections présidentielles et législatives en 2027. Sans oublier, entre-temps, les élections départementales et régionales.

Je suis persuadée que nous sommes appelés à gouverner. La question n’est pas si nous allons gouverner ou pas, mais quand.

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