L’augmentation de la consommation de crack et de cocaïne dans la capitale française est endémique. Le gouvernement envisage d’ouvrir des salles de shoot pour offrir un espace sécurisé aux consommateurs, mais des associations plaident pour des solutions différentes. L’une de ces associations aide les jeunes piégés dans les camps de consommateurs de crack dans le nord-est de Paris. Ils racontent comment ils sont venus en aide à la jeune Edyn, une adolescente de 14 ans tombée dans le cercle infernal de la drogue et des mauvaises fréquentations.
Edyn, 14 ans, retrouvée sur la colline du crack
Edyn est une adolescente de 14 ans qui s’est échappée de chez elle en début d’année. Sa mère, Marine Guegan, était sans nouvelles d’elle, jusqu’à ce qu’elle apprenne que sa fille avait été vue dans un camp de consommateurs de crack à Paris après avoir rencontré les mauvaises personnes.
Interviewée par NTD, Marine dit avoir appelé la police en vain: « La police savait qu’elle était là-bas mais n’a pas pu intervenir car ma fille a dit qu’elle était plus âgée et a donné un faux nom ». Marine, désespérée, craignait de ne plus jamais revoir sa fille. En désespoir de cause, elle a contacté différentes associations de lutte contre la consommation de drogue sur Facebook. C’est alors qu’un dénommé Tarak Sassi a répondu à son appel. « J’avais perdu tout courage. Quand j’ai eu Tarak au téléphone, cela m’a donné la force de surmonter cela. Je me suis dit ‘Waouh, je ne suis pas seule’, il va m’aider ! » a-t-elle témoigné.
L’association anti-crack « La Remontée »
Tarak Sassi est fondateur de l’association La Remontée. Il travaillait auparavant dans une association appelée « Collectif anti-crack à Paris ». Suite à l’appel de Marine, il a commencé à faire des recherches pour retrouver Edyn.
« La mère d’Edyn a jeté une bouteille à la mer en nous contactant…. Pendant deux jours, nous avons mobilisé l’équipe dans différents camps dans tout Paris. » se rappelle-t-il.
Tarak a finalement retrouvé l’adolescente. Elle avait perdu 10 kg et frôlé la mort de près. Elle a depuis été admise dans une maison de désintoxication près de sa ville natale, dans l’ouest de la France.
L’équipe de NTD est allée filmer le camp où elle a été retrouvée à Paris. Le camp attire des consommateurs de crack de la capitale de tous les âges. Certains se sont montrés très hostiles et ont jeté des bouteilles de verre sur les journalistes lorsqu’ils ont essayé de filmer. « La tente est là. Elle était dedans » a dit Tarak. « La police est venue en premier, puis les parents sont venus quelques minutes après ».
La vie chaotique aux alentours du parc de la Villette
Le camp se trouve à une extrémité du parc Porte de la Villette. Le parc abrite une salle de concert, un grand musée des sciences, des jeux pour les enfants et une école de musique française de premier ordre. Il est le rendez-vous pour les familles le weekend.
Le quartier à côté du camp est totalement miné par la violence. Fin janvier, un syndicat des transports a suggéré la fermeture définitive de la gare ferroviaire à cet endroit pour des raisons de sécurité publique. Il y a eu plusieurs agressions et les résidents disent se sentir en danger.
Pour Bernardine, habitant à côté du Parc de la Villette: « Il faut faire attention tout le temps. On nous demande de l’argent, si on ne répond pas ça peut poser des problèmes. Les femmes sont suivies la nuit. Les enfants ont parfois peur d’aller à l’école ou de prendre le bus. Nous vivons dans la peur… Certains commerces ferment, c’est terrible pour nous ».
Ilal, patron d’un café du quartier confirme que la vie est devenue insupportable. Les consommateurs de crack entrent dans le café avec des couteaux et ne font preuve d’aucune retenue devant le personnel et les clients. « Parfois, je suis fatigué et je leur dis de partir, et ils se mettent en colère, et sortent des couteaux…. Un jour, l’un d’eux a sorti un couteau aussi long que ça (il montre avec ses mains une taille d’environ 50 cm) » dit-il.
Selon lui, la mairie et la police ne prennent pas le problème au sérieux: « La mairie et la police ne font que déplacer le problème d’un endroit à l’autre plutôt que de trouver une solution. Il y a des gens qui vivent ici, nous ne pouvons pas gérer comme ça un problème de cette ampleur. »
Le problème du crack ne cesse de grandir dans la capitale
En 2019, il n’y avait qu’un seul camp dit de crack, la colline du crack à la porte de la Chapelle. Après avoir été démantelée par la police, les consommateurs de crack ont déménagé à la Porte de la Villette, aux Jardins d’Eole et à Stalingrad.
Selon l’association La Remontée de Tarak, l’usage du crack semble se répandre maintenant dans toute la capitale française: « Nous avons une longue liste de tragédies. Un jeune autiste a été assassiné alors qu’il faisait ses courses, nous avons vu des bébés attaqués dans la rue, des meurtres de personnes âgées, des affaires de prostitution, des récits de scènes violentes avec d’énormes couteaux… »
Il n’existe pas de données officielles sur l’augmentation de la population de consommateurs de crack à Paris. Mais le budget de la mairie de Paris pour lutter contre ce fléau a été revu à la hausse, passant de 3 millions à 24 millions d’euros cette année. Ce budget sera consacré à l’aménagement de salles de shoot dans la capitale, comme décidé dans un décret ministériel en février.
Une carte, publiée par Pierre Liscia, conseiller régional Île-de-France, montre les emplacements potentiels de ces « salles de shoot ».
Disperser le problème plutôt que le résoudre.
Voici ce que la Maire de Paris voudrait cacher aux Parisiens : la cartographie des 36 lieux d’accueil des toxicomanes au crack. Quartiers résidentiels, écoles élémentaires, collèges, Ephad… il y en a (presque) pour tout le monde ! pic.twitter.com/JaAGiDuxwB
— Pierre Liscia (@PierreLiscia) September 25, 2021
Il est prévu que la police n’intervienne pas auprès des consommateurs de crack dans un périmètre de 300 mètres autour de ces lieux.
Pour Tarak, cela ne fait que rajouter de l’huile sur le feu, car selon lui, cela signifie que les problèmes liés à la consommation de crack vont s’étendre à d’autres quartiers: « Les sites d’injection de drogue sont un cauchemar pour les habitants. Cela crée un périmètre de 300 mètres où les consommateurs de drogue se promènent, les dealers vendent leurs produits, cela crée une zone de danger, c’est impossible ! De plus, cela ne fait que soutenir et maintenir la racine du problème. La mairie crée des « hôtels sociaux » où les consommateurs de crack peuvent résider gratuitement. Les personnes que vous voyez ici résident toutes à Marx Dormoy, Place Heber, dans les 17ème, 18ème et 19ème arrondissements.”
Selon lui, cette situation n’a jamais existé jusque-là en France, alors qu’il existe des solutions qui ont fait leurs preuves en Amérique du Nord: « Ce sont des choses que nous avons vues au Canada ou aux États-Unis, mais nous, nous ne sommes pas préparés. Je voudrais surtout que les autorités parlent à des experts canadiens et américains pour utiliser des solutions d’aide au sevrage de drogue, faire un travail de prévention efficace, mais avant tout, accentuer la répression. »
Les premières salles de shoot pourraient être créées dans les prochains mois, après que la mairie a décidé de leur emplacement. Quant à Tarak, son association poursuivra son action sur le terrain pour secourir et aider les usagers de drogues et les riverains.
Propos recueillis par David Vives, NTD NEWS, Paris.
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