Elaine Kibaro, artiste et artisane de la paix

Elaine Kibaro est compositeur et interprète. Découverte dans les années 1980 pour son single « Aurore » puis « Que soit la Paix », Elaine Kibaro écrit aussi des contes et réalise des spectacles pour enfants. Aujourd’hui, elle publie trois livres : Confitures, L’Amour avec des mots et God Mystère, aux éditions du Net. Durant toute sa carrière, la chanteuse n’a eu de cesse de chanter pour la paix.

Pourriez-vous vous présenter ?

Je suis chanteuse, auteur compositeur interprète, réalisatrice et créatrice de la chaîne bonheure.tv, une chaîne de l’éducation à la paix.

Je suis née à La Goulette Casino qui est le Port de Tunis La Goulette. C’est un endroit paradisiaque, au bord de la mer, tout bleu, il n’y avait que des bonnes choses dans cet endroit-là. Toutes les religions vivaient en paix et en harmonie. On suivait les fêtes des uns des autres, c’était ce pays, la Tunisie qui voulait cela.

Il n’y avait qu’une seule ombre au tableau, les bruits de la révolution d’Algérie. Lorsque j’avais cinq ou six ans, j’entendais les conversations des parents car ils n’en parlaient pas beaucoup devant nous mais on sent les choses lorsqu’on est petit. Les bruits de guerre me faisaient très peur. Je faisais donc des prières pour la paix.

Lorsque j’ai commencé à chanter, je chantais pour la paix. Ma première chanson était pour la paix sous toutes ses formes.

Faut-il lâcher prise ?

Oui ! Lâcher prise, je vois ça comme une prise que l’on tire, on enlève le courant, on se déconnecte des soucis qui vont toujours dans un sens négatif. Et là, ça y est ! On a enlevé l’emprise : cela n’a plus de prise sur nous, et on peut se détendre. C’est comme cela que les bonnes choses peuvent se mettre en place, c’est un système comme cela, ça se passe à l’intérieur de l’être humain.

Ce n’est pas toujours évident car cela engendre du stress. Si l’on apprenait cela dès son enfance, ça pourrait changer beaucoup de choses, ce sont des choses essentielles. Il y a un moment, on est obligé de lâcher, on se dit « Laissons faire l’univers… » Puis on voit les choses se mettre en place, c’est miraculeux et cela donne du bonheur. Pour moi la paix commence par la paix dans le cœur, avoir des relations harmonieuses avec tout l’environnement qui est un travail sur soi-même et autour dans la communication, en priorité.

Quelles sont vos actions concrètes ?

Je fais des spectacles en soutien à une association qui s’appelle l’Urgence humanitaire au Vietnam. Les fonds récoltés allaient dans les mains d’une religieuse qui travaille avec cinq mille bénévoles au Vietnam, qui s’occupent des enfants qui sont dans les rues et des plus démunis.

Je travaille aussi, à travers des conférences, mes écrits et tous les évènements que je produis. Le but est de montrer aux gens qu’ils ont à l’intérieur d’eux une puissance qui fait qu’ils peuvent réaliser tout ce qu’ils veulent ; c’est çà ce que je raconte a travers tous mes spectacles. Il faut apprendre à rentrer en contact avec ça, cette chose qui est à l’intérieur de chaque être humain par ce que si vous savez que vous pouvez résoudre telle ou telle chose, vous n’allez pas aller agresser votre voisin. Je pense que cela peut résoudre la violence. C’est pour cela que je dis par l’éducation, si on enseigne cela dès le plus jeune âge, cela peut changer les choses. Le problème c’est qu’on est désespéré quand on ne sait pas comment les résoudre et donc ça engendre tout un tas de violence.

Dans tout ce que l’on dit, il y a une énergie dans les mots et dans les gestes. Si on arrive à mettre de l’énergie de vie qui va faire du bien, c’est sûr que les choses vont s’améliorer. Par exemple, il y a des savants qui ont fait des expériences sur l’eau (Masaru Emoto, ndr), ils ont mis un petit papier où il était écrit « Tu es très belle » sur un bocal, et en regardant l’eau au microscope, ils ont constaté que la molécule d’eau était très belle parce qu’on a dit cela ; avec « Tu es très moche », la molécule était laide. L’énergie qu’il y a dans les paroles agit sur la matière. Donc cela est sûr que pour un enfant, si on lui dit : « Tu es paresseux, tu n’arriveras jamais à rien », cela ne lui fera pas du bien et va le bloquer dans son développement.

Il faut arriver individuellement à le faire, cela va améliorer petit à petit tout le reste. C’est une affaire individuelle au départ et les actions peuvent se faire car toutes les œuvres humanitaires travaillent main dans la main pour faire quelque chose. Maintenant il y a un réveil des esprits par rapport à cela.

Nous sommes donc tous des artisans de paix à travers ce que l’on fait lorsqu’on essaie de le faire le mieux possible.