La participation aux élections locales était forte, dimanche matin à Hong Kong, où la mouvance pro-démocratie souhaite faire entendre sa voix et accroître la pression sur les autorités de l’ex-colonie britannique, théâtre depuis juin d’une contestation sans précédent.
En temps normal, ce scrutin qui vise à choisir les 452 membres de 18 conseils de district compétents sur des questions de vie quotidienne comme la collecte des ordures ménagères ne soulève pas l’enthousiasme.
Mais l’heure n’est plus à la normalité dans un territoire qui vit sa crise politique la plus grave depuis son retour dans le giron de Pékin en 1997, avec des manifestations et actions de plus en plus violentes pour exiger notamment des réformes démocratiques.
Les conseils de district ont toujours été dominés par un bloc d’élus totalement alignés sur Pékin.
Et après un semestre de colère dans les rues, les manifestants pro-démocratie veulent profiter de cette rare occasion de s’exprimer dans les urnes pour entamer la domination des « Pro-Pékin », et donner un nouveau souffle à la contestation.
« J’espère que ce scrutin nous permettra de nous faire davantage entendre au sein des conseils », a déclaré à l’AFP Michael Ng, un étudiant de 19 ans qui votait pour la première fois de sa vie.
« Même si un bulletin n’est pas grand-chose, j’espère qu’il permettra le changement au sein de la société et contribuera à soutenir les manifestations. »
De longues files d’attentes formées près des bureaux de vote
Un peu partout dans la région semi-autonome, de longues files d’attentes se sont formées aux abords des bureaux de vote. Le gouvernement a annoncé que la participation des deux premières heures de l’élection était trois fois supérieure à celle de 2015.
Au total, 4,13 millions de Hongkongais sont inscrits, sur une population totale de 7,3 millions d’habitants, soit 400.000 de plus qu’il y a quatre ans. Et l’élection des conseillers de districts obéit au mode de scrutin qui, à Hong Kong, se rapproche le plus de la représentation directe.
Everyone registered in Hong Kong’s elections needs to go out and vote. I can’t really trust the elections to be fully free from tampering but the only way we’ll know the results is for it to be a sound one that’s not close enough to encourage meddling. https://t.co/kDXCMtcpDz
— Wayne Holland (@wayneholland35) November 24, 2019
Certains politologues estiment qu’une forte participation peut servir la cause des pro-démocratie, qui ont fait de ce scrutin un référendum contre la cheffe de l’exécutif Carrie Lam et son gouvernement aligné sur Pékin, qui se refusent à toute concession aux manifestants.
Par ailleurs, certains des candidats aux législatives de l’an prochain seront issus des conseils de district. Et les conseils enverront 117 de leurs membres au sein du collège électoral de 1.200 personnes chargé de désigner le chef de l’exécutif, et qui est contrôlé par Pékin.
Le siège de l’Université polytechnique (PolyU), se poursuit
Alors que le gouvernement n’a cessé de faire planer ces dernières semaines la menace d’un report de ce scrutin en cas de persistance des violences de rue, Hong Kong a connu ces derniers jours un répit dans les manifestations, afin de ne pas hypothéquer la tenue du scrutin.
Une pause relative puisque se poursuit toujours le siège de l’Université polytechnique (PolyU), où sont retranchés des protestataires radicaux, et qui avait été le weekend précédent le théâtre de la plus violente confrontation depuis juin avec les forces de l’ordre.
Dimanche matin, des policiers étaient déployés aux abords de certains bureaux de vote, mais dans des effectifs relativement limités. Aucune violence n’a été signalée dans les premières heures du vote.
Des policiers aux abords de certains bureaux de vote
« Je suis heureuse de dire que nous avons un environnement relativement calme et pacifique aujourd’hui pour la tenue de l’élection », a déclaré Mme Lam après avoir voté dans sa circonscription de l’île de Hong Kong.
La mobilisation était née en juin du rejet d’un projet de loi qui devait permettre d’extrader vers la Chine continentale des ressortissants hongkongais, ce qui était présenté par les manifestants comme une violation du principe « Un pays, deux systèmes ».
Quand le texte a été abandonné en septembre, les revendications s’étaient déjà élargies pour demander notamment, outre les réformes démocratiques, une enquête sur les « brutalités policières ».
Contrairement aux conseillers de district, les membres du corps législatif sont élus par un mélange de scrutin universel et de désignation par des groupes d’intérêt économique remplis de fidèles à Pékin. De même, le chef de gouvernement est choisi par un comité de personnalités favorables à Pékin.
Des experts s’attendent à ce que les pro-démocratie progressent dans les conseils de district, tout en restant loin de la majorité.
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