Les traders britanniques se préparaient à passer une nuit blanche jeudi pour les élections législatives afin d’être prêts à réagir à toute surprise à même de chahuter les marchés, échaudés par le choc du référendum sur le Brexit.
La tension monte dans les salles de marché de la City, cœur financier du Royaume-Uni et deuxième place financière au monde, qui devront être capables d’encaisser un mouvement brusque de la livre sterling et de rassurer des clients potentiellement inquiets.
Les premières estimations des résultats des élections législatives sont attendues à 22H00 GMT, mais si le scrutin est serré il faudra attendre plusieurs heures avant d’avoir une idée claire sur la composition du futur Parlement.
Il s’agit de débloquer l’impasse autour du Brexit
Les enjeux sont élevés: il s’agit de débloquer l’impasse autour du Brexit, qui plombe depuis trois ans et demi l’économie britannique.
Craig Erlam, analyste chez le courtier en ligne Oanda, rappelle que les marchés se sont pas mal trompés lors des récents scrutins: ils ont prédit à tort un vote contre le Brexit en 2016 ou une majorité confortable pour Theresa May en 2017.
« On se demande quelles surprises sont en magasin pour demain », prévient-il, interrogé par l’AFP.
Le géant bancaire britannique HSBC, qui dispose de bureaux à travers le monde, prévoit de mobiliser davantage de personnel à Londres durant la nuit. Les effectifs à New York et Hong Kong seront également mobilisés pour aider les équipes londoniennes. « Nous aurons les ressources pour fournir un service continu à nos clients », précise à l’AFP un porte-parole de la banque.
Les potentiels secousses sur le cours de la livre
Les sociétés de courtage spécialisées dans le marché de change, international et qui ne « ferme » pas la nuit, seront particulièrement aux aguets, face aux potentiels secousses sur le cours de la livre.
« Nous allons augmenter nos effectifs dans la nuit et nous nous préparons à une séance potentiellement très volatile », souligne Neil Wilson, analyste au sein du courtier Markets.com.
Ensuite, « tout le monde sera rivé à son bureau vendredi matin pour la réouverture du marché dans le nouveau monde que les électeurs auront choisi », avec les premiers échanges à la Bourse de Londres à partir de 08H00 GMT, prévient M. Wilson.
Si les investisseurs professionnels se mobilisent, les particuliers en revanche pourraient ne pas se précipiter. « Il y a pas mal de lassitude concernant les élections (…) Il est imprudent de prédire le résultat et dangereux de prendre des décisions d’investissement qui pourraient avoir un impact important sur le portefeuille si vous faites le mauvais choix », explique à l’AFP Adrian Lowcock, un responsable du courtier Willis Owen.
Les sondages donnent victorieux le Premier ministre Boris Johnson…
Jusqu’à ces derniers jours, les marchés semblaient assez confiants, en raison de sondages donnant largement victorieux le Premier ministre conservateur Boris Johnson face au travailliste Jeremy Corbyn dont le programme très à gauche et les ambiguïtés sur le Brexit font peur aux milieux d’affaires.
Pour ces derniers, une victoire des Conservateurs permettrait de valider le Brexit au Parlement britannique, ce qui n’a pas pu être fait jusqu’à présent, puis de sortir de l’UE comme prévu fin janvier.
Pour les investisseurs, cela aurait l’avantage de réduire les incertitudes à court terme et d’aider l’économie britannique à se relancer, malgré le flou qui devrait persister pour un moment sur la relation commerciale future entre le Royaume-Uni et l’UE.
…Ce scénario semble désormais moins certain
Mais ce scénario semble désormais moins certain et la nervosité est de retour chez les traders, notamment depuis un sondage publié mardi soir et montrant une érosion de l’avance des conservateurs sur les travaillistes.
Les investisseurs « s’inquiètent d’un parlement sans majorité » et de « l’incertitude que cela pourrait engendrer pour l’économie et le Brexit », estime M. Wilson.
La livre sterling, baromètre du marché, a d’ailleurs faibli après le sondage, même si l’optimisme sur une victoire des conservateurs l’a propulsée à des sommets depuis deux ans et demi face à l’euro ces derniers jours.
La devise s’est d’ailleurs ressaisie mercredi, signe d’une certaine confiance dans le résultat de l’élection.Pour M. Erlam, « il y a probablement trop d’optimisme sur le marché en ce moment, un peu de complaisance même ».
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