ENTRETIEN – Le 8 novembre, les Américains voteront pour renouveler un tiers du Sénat et l’ensemble de la Chambre des représentants. Quelles sont les dernières estimations ? Dans quel climat se déroulent ces élections ? Anthony Lacoudre est un avocat fiscaliste français basé à New York depuis 2004, professeur de droit fiscal international et également commentateur de la politique américaine. Il nous livre son analyse.
EPOCH TIMES : Aux États-Unis, le parti du Président en place perd systématiquement du pouvoir aux élections de mi-mandat, est-ce que Joe Biden peut échapper à cette règle ?
ANTHONY LACOUDRE : On peut constater vraiment, en étant objectif, que Joe Biden a raté à peu près tout ce qu’il a entrepris depuis deux ans. Il est élu en novembre 2020, il prend ses fonctions en janvier 2021 et depuis, il essuie échec sur échec sur tous les sujets. Les Américains sont très, très remontés contre lui. Ses chiffres d’approbation sont lamentables. Historiquement, aucun président n’a été aussi bas dans les sondages d’appréciation de performances. Cela va être une énorme déception, on peut utiliser tous les mots que l’on veut… fiasco, désastre, baffe pour la gauche, la semaine prochaine.
Imaginez, entre 70 et 75% des Américains pensent que le pays va dans la mauvaise direction, c’est du jamais vu. Avec des chiffres comme cela, quand votre parti se présente à des élections, cela va forcément mal se passer. Alors, qu’est-ce qu’il a fait pour convaincre 72% des Américains que le pays va dans la mauvaise direction ? Eh bien, il est allé dans la mauvaise direction dans tous les sujets que ce soit sur la politique énergétique, que ce soit d’une manière générale sur l’économie, que ce soit sur les affaires étrangères. En fait, Joe Biden a commencé sérieusement à dévisser dans les sondages d’opinion à la suite du retrait raté des troupes américaines de l’Afghanistan en août 2021. Il a pris le pouvoir en janvier, il bénéficiait encore d’un satisfecit général et au mois d’août, six mois plus tard, bing ! c’est fini, le fiasco du retrait des troupes américaines de l’Afghanistan va l’enfoncer jusqu’à aujourd’hui.
Un autre énorme sujet sur lequel il s’est pris les pieds dans le tapis, c’est la décision de laisser la frontière ouverte avec le Mexique à tous les trafics et à toutes les immigrations. Dès le début, il a fait la guerre aux énergies fossiles, il a fait la guerre à l’industrie du pétrole, c’est l’application de politiques décidées.
Comment se passe le vote par correspondance et le vote anticipé dans ces élections de mi-mandat ? En Pennsylvanie, par exemple, on enregistre beaucoup de votes anticipés et le département d’État a envoyé près de 250.000 bulletins de vote par correspondance à des électeurs non vérifiés pour ces élections de 2022.
C’est le pouvoir législatif de chaque État qui décide comment sont organisées les élections. En 2020, s’était greffé le pouvoir exécutif des gouverneurs qui avaient pris des mesures dans l’urgence sans passer par le pouvoir législatif. Cette circonstance-là n’existe plus mais il est évident que les États qui utilisent d’une manière générale le recours large au vote par correspondance n’échapperont pas aux soupçons de fraude. Le problème, c’est que la fraude est invérifiable. C’est improuvable parce que les enveloppes sont détruites, une fois que c’est compté, c’est fini.
En Pennsylvanie, 650.000 personnes avaient voté avant le débat qui a eu lieu pour l’élection sénatoriale la semaine dernière et qui a été une catastrophe du côté des démocrates. Le candidat démocrate a subi une attaque cérébrale au mois de mai et il n’est pas capable de parler, de comprendre et de s’exprimer. Cela avait été bien caché jusqu’à présent par les médias et par le candidat qui ne faisait pas vraiment campagne. Mais là, il a commis l’erreur d’accepter de faire un débat et les électeurs ont réalisé qu’il y avait un gros problème avec leur candidat démocrate. Le problème est que 650.000 personnes avaient déjà voté avant le débat.
Quel rôle joue Trump dans ces élections ?
Aujourd’hui, le Parti républicain est contrôlé à 80% au moins par le mouvement patriote, par Trump. Cela a joué sur les primaires puisque, parmi tous les candidats républicains qui se présentent le 8 novembre, on retrouve ce pourcentage, 80% sont des « Trump ». Cela veut dire que les nouveaux sénateurs qui vont être élus, les nouveaux gouverneurs, les membres de la Chambre des représentants, etc., sont des « Trump ».
Est-ce que Trump a toujours un effet repoussoir ?
Son image et son ombre sont là, notamment sur les primaires. Puis il s’est déplacé, il a fait plusieurs meetings. Si on regarde les sondages, il n’y a aucun effet repoussoir. Ce qui va se passer, c’est que l’électorat de gauche qui représente 30% de la population va de toute façon voter à gauche, quoi qu’il arrive, et là où la gauche va s’écrouler dans une semaine, ce n’est pas avec son électorat de base, c’est avec les indépendants, les non-affiliés, les gens qui ne se déclarent ni de droite ni de gauche, ni républicains ni démocrates et qui, une fois vont voter Obama, une autre fois Trump.
Les sondages sont clairs, Biden, très vite, depuis l’été 2021, depuis le retrait de l’Afghanistan, perd le soutien des indépendants. Et parmi les indépendants, on a beaucoup de minorités, des femmes, des jeunes. Dans cette population-là, sur ces élections-là, Trump n’a aucun effet repoussoir. L’avis des indépendants, c’est : « Le gars a tout raté, le gars est complètement sénile, on ne comprend pas ce qu’il dit. » Et ces gens-là ne s’occupent pas de Trump, ils veulent empêcher Biden de continuer à détruire le pays.
Les indépendants qui ont vu le prix du litre d’essence doubler, qui ont bien compris qu’ils ne pourront pas payer leurs factures de chauffage cet hiver, qui voient le poulet et les œufs augmenter de 15%, qui voient la frontière ouverte et le crime partout, qui voient les ministres de la Justice de tous les États de gauche libérer les criminels… tout ça, ils le voient et ils le subissent et vous pouvez leur raconter n’importe quoi sur Trump, ça n’a aucun impact.
Le 18 octobre, dans une interview sur MSNBC, Nancy Pelosi a remis en question les sondages. Elle a déclaré que c’est l’avortement, et non l’inflation ou la criminalité, qui est la principale préoccupation des électeurs. Qu’en pensez-vous ?
Cela n’a aucun impact non plus puisqu’on est arrivé à un stade où ces élections ont pour enjeu la survie, c’est-à-dire que les gens se demandent comment ils vont faire pour survivre. Ils associent leur situation actuelle aux échecs de Biden. Toutes les considérations philosophiques sur la démocratie ou sur l’avortement, c’est un deuxième degré, ce n’est pas le même niveau, c’est autre chose et pour l’instant, ce ne sont pas leurs préoccupations.
Les gens ont bien compris que ce sont ces politiques – mauvaises – qui sont à l’origine de leurs problèmes, c’est cela la première chose. La seconde partie de l’équation, c’est qu’ils ont aussi compris que le pouvoir était en déni de réalité et qu’il ne va pas résoudre les problèmes par ce qu’il fait comme s’il n’y avait pas de problèmes. C’est ce qui inquiète beaucoup les gens.
Quelles sont les dernières estimations pour les deux chambres ?
Aujourd’hui, Biden a une majorité de six sièges à la Chambre des représentants. À l’échelle des États-Unis, ce n’est pas beaucoup. Il suffit aux républicains de remporter quatre sièges pour devenir majoritaires. Actuellement, les estimations prédisent un gain entre 20 et 50 sièges. La question pour la Chambre des représentants, ce n’est pas de savoir si les républicains vont obtenir la majorité, mais c’est de savoir quelle va être l’ampleur de leur majorité. La grande question qui amuse en ce moment les cercles concernés, c’est : est-ce que les républicains vont obtenir plus ou moins de 250 députés.
En 2020, les démocrates avaient un avantage de 3% d’intentions de votes d’après les sondages et ils n’ont eu qu’une majorité extrêmement faible. Actuellement, les intentions de vote montrent un avantage aux républicains situé entre 4 et 7%, ce qui correspond à un changement de plus de 10% en deux ans. Avec des sondages comme ceux-là, c’est absolument impossible que la gauche garde une majorité, ça va être un massacre.
Pour le Sénat, il suffit aux républicains d’obtenir un siège de plus pour avoir la majorité et la question est de savoir quel État va avoir le 51e sénateur républicain.
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