EUROPE

Élections en Finlande: Petteri Orpo, finances publiques avant tout

avril 3, 2023 10:15, Last Updated: avril 3, 2023 10:27
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Promis à 53 ans au poste de Premier ministre de Finlande après sa victoire aux élections législatives dimanche, le chef du parti de centre-droit de la Coalition nationale Petteri Orpo a fait du sérieux budgétaire sa première priorité.

Cet ancien ministre expérimenté, qui avait survécu à la tête du parti malgré une défaite aux législatives de 2019, a réussi cette fois à devancer sa rivale social-démocrate pourtant populaire, la cheffe du gouvernement sortant Sanna Marin, ainsi que les nationalistes anti-immigration du parti des Finlandais, qui espéraient aussi le poste. « C’est une grande victoire », a savouré ce fils de politicien devant ses troupes, après une soirée électorale à suspense.

Dans une Finlande déjà membre officieux du club des « frugaux » ou des « radins », ces pays de l’Union européenne soucieux de rigueur budgétaire, son arrivée pourrait promettre quelques étincelles à Bruxelles quand il s’agira de délier les cordons de la bourse.

Arrêter d’augmenter la dette

« La chose la plus importante (…) c’est que nous arrêtions d’augmenter la dette », a-t-il dit à l’AFP en marge de sa campagne. À 73% du PIB la dette publique finlandaise reste largement sous les niveaux d’autres pays européens. Mais Petteri Orpo a réussi à convaincre que ce niveau, qui a progressé d’environ 10 points en quatre ans, était alarmant et qu’un plan d’économies de 6 milliards d’euros était indispensable.

Face à une Sanna Marin bien notée sur les autres grands dossiers – gestion de la pandémie de Covid, adhésion à l’Otan, fermeté face à Moscou et soutien engagé pour l’Ukraine – il semble avoir trouvé ce qu’il considère comme le talon d’Achille de la dirigeante de 37 ans. « Je veux réparer notre économie, je veux doper la croissance économique », assure ce diplômé de sciences politique et d’économie. Sanna Marin « ne s’inquiète pas de l’économie, elle ne s’inquiète pas de la dette », a-t-il martelé, s’attirant en retour l’accusation de sa rivale de vouloir « prendre aux pauvres pour donner aux riches ».

« Il n’y a pas de parti d’extrême droite en Finlande »

Fils d’un ancien cadre de « Kokoomus », le parti historique de la droite finlandaise, Petteri Orpo a fait la campagne en tête des sondages, mais son avance avait fondu ces dernières semaines, pour aboutir à une bataille à trois très serrée. Avec cette première place, ce natif du sud-ouest du pays hérite sauf accident du poste de Premier ministre. Mais il se retrouve face à un dilemme pour former la majorité au Parlement de 200 sièges, l’Eduskunta.

Soit négocier sur sa gauche avec Sanna Marin, pour former un gouvernement « bleu-rouge » qui n’est pas un tabou la une classe politique finlandaise. Mais apparaîtrait incohérent après avoir tiré à boulets rouges sur la politique économique des sociaux-démocrates. Soit, plus vraisemblablement, tendre la main à l’extrême droite du parti nationaliste des Finlandais. Mais à la ligne anti-immigration elle aussi difficilement compatible avec la sienne. « À mon sens, la Finlande ne peut pas survivre sans plus d’immigration de travail », avait-il dit à l’AFP durant la campagne. « Je veux que la Finlande reste un pays ouvert, international, c’est de ça que nous vivons, des exportations ».

Mais malgré ces divergences et d’autres sur l’UE et le climat, son parti et la formation nationalistes « ont beaucoup de choses en commun », a-t-il aussi dit durant la campagne. « Il n’y a pas de parti d’extrême droite en Finlande », a-t-il assuré à la presse étrangère dimanche soir.

Larges lunettes, cheveux courts, son style est très conventionnel. Amateur de nature, de pêche et de randonnées, il est marié et père de deux enfants. Engagé en politique dès l’adolescence, il a mis douze ans à boucler son master, trop occupé par son militantisme. La longévité de cet homme tranquille et urbain, voire lisse, interroge dans un monde politique cinglant et impitoyable. Son calme apparent est parfois un atout dans les discussions enflammées, mais il est souvent acculé par des orateurs plus incisifs. Le quinquagénaire commet aussi des gaffes, comme lorsqu’il doit s’excuser pour avoir critiqué les « hurlements » de Mme Marin et d’une autre cheffe de parti lors d’un débat, s’attirant des accusations de sexisme. Mais il est habitué à enterrer des adversaires plus flamboyants ou plus connus à l’étranger que lui. Comme lorsqu’il conquiert la tête du parti au détriment de l’ex-Premier ministre Alex Stubb.

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