Les élections européennes approchent. Les Français sont appelés aux urnes le 9 juin prochain pour élire 81 eurodéputés. Pour la majorité présidentielle, ce rendez-vous électoral pourrait s’avérer être plus difficile que celui de 2019. Les derniers sondages placent la macronie loin derrière le Rassemblement national et la crise politique provoquée par les débats et l’adoption de la loi immigration par le Parlement a de quoi affaiblir davantage le bloc centriste d’Emmanuel Macron en vue des élections européennes de 2024. Le camp présidentiel doit-il craindre un résultat décevant ?
Des sondages moyens et un RN fort
Les enquêtes d’opinion réalisées pour les élections européennes n’annoncent rien d’extraordinaire pour la macronie. Selon trois récents sondages de l’Ifop, d’OpinionWay et d’Odoxa, le camp présidentiel récolterait entre 18,19 et 21 % des suffrages, soit nettement moins que le score réalisé en 2019 (22,42 %). Ces sondages sont d’autant plus moyens que la liste macroniste est celle qui représente le pouvoir en place et est une alliance de trois partis : Renaissance, le Mouvement démocrate (MoDem) et Horizons. Pour rappel, lors des élections européennes de 2009, l’UMP, alors aux affaires avec Nicolas Sarkozy était arrivé largement en tête (27,88 %) et le PS n’avait convaincu que 16,48 % des électeurs.
L’autre fait inquiétant de ces élections européennes de 2024 pour le bloc centriste est le score potentiellement très élevé du parti à la flamme. Toujours selon l’enquête d’opinion d’Odoxa, la liste dirigée par Jordan Bardella obtiendrait 31 % des suffrages et serait donc 10 points devant celle de la majorité présidentielle (21 %).
Si le Rassemblement national parvient à récolter plus de 30 % des voix, cela confirmerait la montée en puissance progressive du RN dans le paysage politique français. En 2019, il était arrivé en tête des élections européennes, mais avec une légère avance de 0,92 % devant la liste LREM conduite à l’époque par Nathalie Loiseau. Un écart de 10 % entre le RN et la majorité présidentielle rebattrait les cartes. Un message fort serait envoyé à l’exécutif. Ce score donnerait encore plus de légitimité au parti de Marine le Pen et en ferait définitivement un adversaire politique très sérieux qu’il ne faut plus attaquer sur son histoire comme continue de le faire la macronie, mais plutôt sur son programme.
L’impact de la crise provoquée par la loi immigration
La loi immigration et toutes les péripéties parlementaires et gouvernementales qui ont suivi sont un peu la crise inattendue qui pourrait coûter cher au bloc centriste lors des prochaines élections européennes. Cette séquence politique inédite depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron en 2017 a été marquée par un événement majeur. La disparition de ce qui était la raison d’être du macronisme : le fameux « en même temps » est mort sur l’autel de la loi immigration. Le centre-gauche et le centre-droit, pourtant unifiés il y a plus de six ans par l’actuel locataire de l’Élysée, se sont déchirés sur le texte de cette loi. 59 députés de la majorité ont voté contre. La plupart sont issus des rangs de la gauche. L’aile droite de la macronie a quant à elle soutenu le projet de loi.
Et l’adoption du texte mardi a engendré une crise au sein du gouvernement. Plusieurs ministres ont menacé de démissionner et deux se sont exécutés. Le ministre de la Santé Aurélien Rousseau et la ministre de l’Enseignement supérieur, Sylvie Retailleau. Toutefois, la démission de Sylvie Retailleau a été refusée.
Cet épisode de la loi immigration fragilise donc considérablement le pouvoir en place et pourrait conforter encore plus l’opposition et notamment le Rassemblement national en juin prochain. Pour la première fois, le bloc centriste d’Emmanuel Macron apparaît comme une formation politique moins crédible que les autres. Le RN, l’extrême-gauche, et même les Républicains ont de leur côté eu le mérite d’incarner une forme de stabilité idéologique et le Rassemblement national, en votant le texte à l’Assemblée nationale bien que le trouvant lacunaire, a montré sa capacité à être constructif. Il a également fait preuve de modération, et pourrait apparaître aux yeux de plus en plus de Français, comme un parti de gouvernement, donc un parti crédible. C’est ainsi que les « armes » du camp présidentiel se retournent contre lui. Lui, qui fait systématiquement le procès du « manque de crédibilité » au Rassemblement national, se retrouve aujourd’hui dans une situation intenable qui a de grandes chances de l’impacter le 9 juin 2024.
Deux scénarios pourraient avoir lieu au moment du résultat des élections européennes. Le premier, celui d’un RN très haut, à 30-35 % avec toutefois une majorité présidentielle qui se stabilise autour des 20 %. Le deuxième scénario étant celui dans lequel nous verrions toujours un Rassemblement national atteindre les 30 %, mais des macronistes en chute libre en deçà des 18 %. Quoiqu’il arrive, le chef de l’État et ses partisans doivent changer de stratégie. Le « en même temps » ne fonctionne plus et se heurte au mur des réalités. Dépasser ce blocage semble être la seule voie de sortie de Renaissance, d’Horizons et du MoDem pour obtenir un score honorable dans six mois.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
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