ENTRETIEN – À l’approche des élections législatives anticipées, le Nouveau Front populaire (NFP), le bloc macroniste, la droite et le Rassemblement national ont présenté les mesures économiques qu’ils mettraient en place en cas de victoire le 7 juillet prochain. Pour le directeur des publications de Contribuables Associés, Jean-Baptiste Leon, seuls le camp présidentiel, les Républicains et le Rassemblement national « font montre d’une réelle préoccupation à l’égard des finances publiques ».
Epoch Times : Jean-Baptiste Leon, les programmes économiques du RN et du Nouveau Front populaire ont été jugés « dangereux pour l’économie » par le patron du Medef, Patrick Martin. Partagez-vous ses inquiétudes ? Renvoyez-vous dos-à-dos les deux programmes ?
Jean-Baptiste Leon : D’abord, permettez-moi de rappeler que nos finances publiques sont mal gérées et que tous les indicateurs économiques sont dans le rouge. Le 31 mai, l’agence de notation américaine Standard & Poor’s a décidé de sanctionner la France par un AA -. Le 19 juin, la Commission européenne a annoncé ouvrir une procédure de sanction pour déficit public excessif à l’encontre de sept États membres, dont la France. Pour éviter une amende de 2,5 milliards d’euros par an, notre pays doit réduire son déficit de près de 20 milliards d’euros. C’est le résultat logique de décennies de mauvaise gestion des finances publiques, une situation qui s’est encore aggravée avec l’arrivée d’Emmanuel Macron en 2017.
Depuis 1974, tous les gouvernements — de droite comme de gauche — dépensent systématiquement plus qu’ils ne gagnent. Tous les budgets sont déficitaires depuis cinquante ans. Par conséquent, les Français sont soumis à des taux d’imposition très élevés, la dette publique atteint le montant astronomique de 3100 milliards d’euros. Les problèmes sont devant nous, et nous espérons tous que le personnel politique et quel que soit le parti, sera enfin à la hauteur des enjeux pour le bien des Français et des contribuables.
Concernant les mesures économiques du NFP et du RN, force est de constater qu’après l’audition des chefs de parti devant le Medef, le 20 juin, deux camps se détachent clairement. L’un qui fait montre d’une réelle préoccupation à l’égard de nos finances publiques (majorité actuelle, LR et RN) et l’autre qui ne semble pas avoir pris la mesure de la gravité de la situation, à savoir le Nouveau Front populaire.
Quelle mesure craignez-vous le plus ?
Les économistes sont unanimes, hors ceux du NFP. Notre redressement ne peut se produire que par un retour de la Nation au travail. Les Français doivent être encouragés et incités par des mesures fiscales et réglementaires à travailler plus et mieux pour contrer ce grand déclassement que nous subissons.
Nous devons nous rapprocher de standards internationaux, en termes de productivité et de temps de travail, à rebours des propositions démagogiques, irréalistes du « travailler moins pour gagner plus » défendu par le NFP. La gauche promet de raser gratis et annonce 100 milliards d’euros de dépenses nouvelles dès 2025.
Garantie d’autonomie versée à tous dès 18 ou 16 ans en complément du revenu des ménages sous le seuil de pauvreté (14,8 milliards d’euros par an), gratuité totale de l’école (7,9 milliards). Et, aussi, augmentation indicielle du traitement des fonctionnaires (20 milliards d’euros par an), sixième semaine de congés payés (30 milliards), retour à la retraite à 60 ans (de 54 à 68 milliards d’euros par an), etc.
Les postes de dépenses se multiplient comme des herbes folles et conduiraient au déséquilibre des finances publiques dans une proportion inédite. Aussi, la politique annoncée de la porte ouverte au tout migratoire fera exploser les compteurs d’une politique migratoire qui coûte déjà 54 milliards d’euros (plus de cinq fois le budget de la Justice) par an aux Français, telle qu’évaluée par Jean-Paul Gourévitch et Contribuables Associés.
Le Rassemblement national semble rétropédaler sur certaines mesures économiques phares de son programme, notamment l’abrogation de la réforme des retraites et la suppression de la TVA sur les produits de première nécessité que Jordan Bardella a renvoyé à un « second temps ». Comment voyez-vous ces changements ?
Les contribuables attendent d’abord des mesures courageuses qui concourent à redresser les comptes publics et à leur redonner du pouvoir d’achat. La baisse du taux de TVA sur l’énergie est une demande de longue date de Contribuables Associés.
En ce qui concerne la réforme des retraites, celle du gouvernement Borne a fait pschitt, il s’agit plus d’une réformette qu’autre chose, qui ne réduira en rien les déficits tel que promis. Le Conseil d’orientation des retraites a estimé il y a quelques jours que le régime devrait être dans le rouge dans les prochaines années.
Le nouveau gouvernement aura à remettre ce dossier sur la table, sans tabou, et prendre trois mesures novatrices et indispensables, malheureusement très peu évoquées par nos dirigeants : lancer un audit des comptes et du financement des pensions du secteur public ; harmoniser les modes de calcul des retraites des secteurs public et privé, « à cotisation égale, retraite égale ». C’est une question de justice sociale.
Enfin, instaurer un volet de retraite par capitalisation qui permettra de réduire le poids des pensions pour les finances publiques. Ce système est une réussite dans tous les pays qui l’ont appliqué. Pourquoi se l’interdire ?
Votre association cherche à sensibiliser le personnel politique à la meilleure gestion de l’argent public. Quelles actions entend mener Contribuables Associés dans les mois qui viennent ?
Notre association entend poursuivre son travail auprès du nouveau gouvernement et des nouveaux députés, ainsi qu’elle s’y emploie depuis de nombreuses années. Nous sommes la vigie des contribuables face aux élus, de quelque bord qu’ils soient.
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