L’association L214 dénonce la création d’une cellule par le ministère de l’Intérieur dédiée à la protection des agriculteurs contre les intrusions dans les fermes.
L’association L214 opposée à toute forme d’élevage et à la consommation de viande s’est insurgée vendredi contre la création d’une cellule dédiée à la protection des agriculteurs contre les intrusions, estimant que le gouvernement entend ainsi « intimider les associations de défense des animaux ».
Le 13 décembre, le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner avait présenté Demeter, une cellule nationale de suivi des atteintes au monde agricole. « J’ai demandé que l’anti-spécisme soit un des axes prioritaires du renseignement », avait-il déclaré lors d’une visite dans le Finistère en présence de représentants des syndicats agricoles FNSEA et Jeunes agriculteurs.
« Notre « crime » est d’avoir trouvé les moyens d’exposer publiquement ce que la FNSEA ne voudraient pas que l’on voie : les vaches à hublot, les moissonneuses à poulets, le broyage des poussins, les poules et les lapins en cage, et on en passe. »https://t.co/v1Ah4qt3Pe
— L214 éthique & animaux (@L214) December 20, 2019
« Une menace pour les lanceurs d’alerte »
La gendarmerie a indiqué avoir recensé depuis le début de l’année « 14 498 faits » d’atteintes au monde agricole, en augmentation de « 1,5% par rapport à l’année précédente ». Selon L214, sur l’ensemble des faits enregistrés en 2019, « 64,5% sont des vols (cambriolages, vols de tracteurs, de GPS, de carburant…) ». L214 reprend le chiffre évoqué en novembre par la FNSEA de « 41 intrusions » entre le 1er janvier et le 30 août 2019 dans des fermes par des militants antispécistes. Ce qui représente selon l’association un « échantillon » de 0,28% « monté en épingle et associé à des actes de vandalisme sans rapport pour « justifier » un arsenal répressif démesuré ».
Ces moyens visent à « faciliter les inculpations pour association de malfaiteurs : une infraction qui peut être punie de 10 ans de prison et jusqu’à 150 000 euros d’amende. C’est une véritable menace pour les lanceurs d’alerte et une entrave au débat démocratique nécessaire autour de notre modèle agricole », affirme l’association.
Mobilisation des préfets contre l’« agribashing », cellule #Demeter mise en place par la @Gendarmerie pour centraliser enquêtes et renseignements, action conjointes avec @FNSEA et @JeunesAgri : le Gouvernement agit concrètement contre les attaques qui visent les agriculteurs. pic.twitter.com/tt0mFzZYcA
— Christophe Castaner (@CCastaner) December 17, 2019
« Une pure propagande »
Selon Brigitte Gothière, cofondatrice de L214 citée dans le communiqué, « le seul crime des associations est d’exposer publiquement ce que la FNSEA et l’industrie agroalimentaire (…) ne voudraient pas qu’on voit : les vaches à hublot optimisées pour produire toujours plus, les moissonneuses à poulets, le broyage des poussins et des canetons pour la production d’œufs ou de foie gras, les truies enfermées entre des barreaux, les poules et les lapins élevés en cage… »
« Parler d’intrusions sans rappeler cette intention est malhonnête : il s’agit de pure propagande. C’est une tactique pour préparer une répression contre les personnes qui s’engagent pour les animaux », affirme-t-elle.
Pratiques qui seront dénoncées en Asie grâce à Peta Asie.
Demain cela sera tout à fait possible en #France grâce à la cellule #demeter mise en place par #castaner qui empêchera tout défenseur des #animaux de mettre en lumière ces pratiques honteuses et cruelles envers les animaux https://t.co/v16whgXfAh— Ernest Plonche Ⓥ (@ernest_plonche) December 18, 2019
Maltraitance animale
L’association Eau et Rivières de Bretagne a fait savoir dans un communiqué : « L’agribashing masque les réels problèmes posés par le modèle agricole industriel ». « Contrairement à la stratégie mise en place par la FNSEA, l’avenir n’est pas au repli et à la fermeture mais au dialogue et à la transparence. C’est à cette seule condition que pourra se rétablir la nécessaire confiance entre les consommateurs et les éleveurs ».
L’association interroge également sur la maltraitance animale. « Les vidéos ne montrent-elles pas des infractions qui devraient être sanctionnées par la loi ? », a précisé l’association.
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