Depuis lundi 19 avril, un éleveur de moutons de Genêts (Manche), dans la baie du Mont Saint-Michel, doit payer 150 euros par jour parce qu’il ne veut pas démonter sa bergerie en pleine période d’agnelage. Une décision qu’il a prise « par bon sens » en dépit de la saisie de la justice.
Cela fait plus de dix ans que François Cerbonney se bat en justice pour préserver son « outil de travail » et s’occuper de ses animaux « comme un bon père de famille » : une bergerie et 350 moutons qui paissent dans les prés salés de la baie du mont Saint-Michel. Malgré la tradition et les appuis des élus, le bâtiment, caché dans le paysage, ne respecterait pas la Loi littoral sur ce site classé « espace remarquable ».
À Genêts dans la baie du Mont Saint-Michel, un éleveur de brebis est sommé par la justice de détruire sa bergerie, construite il y’a plus de 10 ans sur une zone protégée. #ZoneProtégée #Environnement @F3bnormandie https://t.co/6r8YyRTJ6q pic.twitter.com/jVf9KblNHG
— France 3 Régions (@F3Regions) April 17, 2021
La dernière décision de justice obligeait l’éleveur à démonter le bâtiment de 1 000 m² avant le 19 avril, sous peine d’une astreinte de 150 euros par jour. Mais François Cerbonney a décidé de se battre et la bergerie est toujours debout.
« J’ai encore une cinquantaine de brebis en gestation ici jusqu’au 25 mai. Il fait encore très froid la nuit, les petits ne seraient pas en vie », remarque-t-il, en entrevue auprès de nos confrères de La Gazette de la Manche, d’Île-et-Vilaine et Mayenne.
L’éleveur de Genêts résiste dans la baie du Mont-Saint-Michel.
Il ne démontrera pas sa bergerie même si la loi lui demande.
Il doit payer 150 euros d’astreine par jour. pic.twitter.com/ryXsFzIwz5— Thomas Savalle (@thomas35400) April 19, 2021
En apprenant la nouvelle, il s’est d’abord avoué « totalement désemparé » : « Je ne sais plus quoi faire, je ne peux pas détruire la bergerie pendant que les agneaux sont en train de naître », a-t-il expliqué à France 3. Puis il a pris la décision d’aller « jusqu’au bout ».
« Ils viendront me saisir ma maison », déclare François, qui devra attendre jusqu’en octobre pour avoir une audience s’il veut aller en appel. « Même si je perds tout, je garderai la tête haute. »
? En plein période d’agnelage, l’éleveur de moutons a refusé de démonter sa bergerie comme le lui réclamait le tribunal. ⬇️ #Manche #Gênets https://t.co/uXaOgfpkbu
— La Presse de la Manche (@LaPresseManche) April 19, 2021
Le combat judiciaire qui dure depuis si longtemps oppose en fait la puissante association de protection de l’environnement Manche nature, qui a envoyé l’éleveur au tribunal, aux élus qui soutiennent l’agriculteur.
« Je considère qu’avec la qualité de son travail, son savoir-faire et le rôle indispensable des troupeaux pour l’équilibre naturel de la Baie, François Cerbonney et sa bergerie font partie d’un patrimoine qu’il faut préserver », affirme Catherine Brunaud-Rhyn, maire de Genêts.
De son côté, Yves Grall, président de Manche nature, pense que « les politiques se sont crus tout-puissants, ils ont pensé pouvoir octroyer un passe-droit ». Dans un communiqué, l’association précise que « les différents jugements leur ont rappelé que ce site ne pouvait accueillir la bergerie. Le TGI[Tribunal de grande instance, ndlr], le 1er juin 2017 prononçait le démontage du bâtiment et la Cour d’appel confirmait cette décision de bon droit le 20 juin 2018″.
« Il faut travailler à faire évoluer la loi pour permettre ces activités d’élevage proches du rivage de la Baie », déclare à Ouest-France Bertrand Sorre, député de la Manche. « Les lois sont parfois incohérentes, c’est mon rôle d’élue de le dénoncer », ajoute la maire de la petite commune de 440 habitants.
« Au-delà du drame humain, ce jugement entraîne la fin d’une activité paysanne qui se pratique depuis le Moyen Âge dans la Baie ! C’est notre patrimoine (environnemental, culturel, économique et gastronomique) qui est en danger… », peut-on lire dans le texte d’une pétition lancée il y a trois ans et fermée depuis.
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