Le nouveau documentaire choc de Yann Arthus-Bertrand a fait réagir vivement une éleveuse bio de Saône-et-Loire qui a adressé une lettre ouverte au réalisateur. Claire Juillet explique à quel point l’image qu’il veut donner de l’élevage afin de dénoncer l’urgence climatique est loin de la réalité des agriculteurs français.
Alors que le dernier film de Yann Arthus-Bertrand, Legacy, s’apprêtait à être diffusé sur M6, l’agricultrice de l’Earl du Paquier en Saône-et-Loire a décidé d’écrire au réalisateur une lettre ouverte afin de dénoncer « un ramassis d’approximations qui viendra, une fois de plus, alimenter l’infime minorité agissante de ceux qui veulent la peau des agriculteurs en général et celle des éleveurs en particulier. »
« Il devient de plus en plus insupportable de recevoir, à longueur de journée et par trop de canaux médiatiques, ces incessantes leçons de morale, surtout lorsqu’elles viennent d’écologistes de salon dont les modes de vie sont aux antipodes de ce qu’ils exigent du citoyen lambda », écrit l’agricultrice bio qui fait du maraîchage, élève des bovins allaitants et des porcs en plein air.
Claire Juillet estime qu’il est malhonnête de faire croire que les images saisissantes, tournées dans certains pays qui pratiquent l’élevage intensif, sont la réalité de l’élevage en France. « Vous laissez croire que tous les bovins seraient soumis à un régime d’injections chimiques de toutes sortes. Ignorez-vous que c’est interdit chez nous ? » écrit-elle dans un exemple concret.
L’agricultrice dément les chiffres avancés dans le documentaire. Alors que Yann Arthus-Bertrand soutient qu’« en quarante ans, la consommation de viande dans le monde a triplé », l’éleveuse s’indigne, selon France 3 : « En France, ce n’est pas vrai. Les courbes de consommation de viande ne font que baisser. »
« Laissez-moi vous apprendre que dans cette même période, la consommation de viande en Chine a été multipliée par 12, celle du Brésil par deux et que, depuis 2004, l’Inde est devenue le premier producteur mondial de lait », ajoute l’agricultrice.
Par ailleurs, Claire Juillet dénonce d’autres chiffres du réalisateur qui veulent faire croire « qu’un hectare cultivé peut nourrir deux carnivores ». « De quels carnivores parlez-vous ? » demande-t-elle, précisant qu’« un hectare, c’est à peu près ce qu’il faut sous nos climats pour élever un bovin. Dans mon entourage, je ne connais personne d’assez affamé pour avaler la moitié d’un bœuf (soit 200 kg) par an. »
Quant à l’information indiquant dans le documentaire que ce même hectare pourrait nourrir 50 végétariens, elle le réfute aussi : « Votre optimisme vous égare ou alors vous n’avez pas beaucoup pratiqué l’agriculture », lui lance-t-elle, avant d’expliquer son point de vue.
« 50 végétariens, c’est peut-être possible dans le cadre d’une agriculture ultra intensive chère aux industriels de la chimie, mais sûrement pas en agriculture biologique que vous prétendez défendre et en respectant les cycles nécessaires à la rotation des cultures. Une hypothèse plus raisonnable n’aboutirait alors qu’à la possibilité de nourrir quatre à cinq personnes sur cette surface », indique l’agricultrice.
Claire Juillet, qui par ailleurs apprécie le travail de photographe de Yann Arthus-Bertrand dont elle possède un livre, lui conseille d’arrêter de « culpabiliser la ménagère de moins de 50 ans, de cajoler la vegane trentenaire ou de désigner comme tant d’autres avant vous les agriculteurs comme boucs émissaires » et de plutôt aller donner « la leçon à Xi Jinping ou à Bolsonaro », même si c’est « un poil plus risqué ».
« Depuis quand vous sentez-vous pousser des ailes de procureur ? Qui vous permet, apôtre de la décroissance sur le tard, familier des milliardaires, utilisateur compulsif des moyens de locomotion les plus polluants, de donner des leçons au reste de l’humanité ? » interroge l’éleveuse qui a « d’abord été prise de colère, puis d’indignation », en regardant la bande-annonce du documentaire Legacy.
Pour lire la lettre ouverte de Claire Juillet au complet, rendez-vous sur le site de L’Agri.
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