Augmentation des impôts sur les sociétés et sur les riches, démantèlement des géants de la tech, régulation renforcée de nombreux secteurs: la candidature d’Elizabeth Warren, qu’un récent sondage donne en tête de la course démocrate pour la présidentielle américaine de 2020, effraie de plus en plus à Wall Street.
Parmi les détracteurs de la sénatrice du Massachusetts sur la place new-yorkaise, le gestionnaire de fonds et milliardaire Leon Cooperman n’a pas fait dans la dentelle, prédisant une chute de 25% des indices boursiers en cas de présidence Warren, selon un article du site Politico.
A 70 ans, la candidate progressiste, bien placée dans les sondages pour la nomination démocrate, a bâti sa réputation en se posant comme pourfendeuse des excès de la finance.
Elisabeth Warren était surnommée la « shérif de Wall Street » en 2010
Surnommée la « shérif de Wall Street » en 2010 par le magazine Time, pour son rôle dans la régulation des banques après la crise financière de 2008, Elizabeth Warren a fait du contrôle du grand capital son principal cheval de bataille. Un credo qu’elle répète à l’envi depuis le début de sa campagne présidentielle.
« Wall Street est préoccupée par Elizabeth Warren. Le programme qu’elle défend implique des dépenses considérables, mais elle n’a pas été très spécifique sur leur financement », décrit le conseiller en placement financier Hugh Johnson.
Les acteurs du marché s’inquiètent de mesures jugées coûteuses de la sénatrice, comme son projet d’assurance santé universelle ou sa volonté d’annuler une partie des dettes étudiantes, et des hausses d’impôts qui pourraient en découler.
« Une augmentation des impôts sur les sociétés signifie une baisse de leurs revenus. Quant aux impôts sur les particuliers, Wall Street craint qu’ils ne provoquent une baisse de la consommation », détaille Gregori Volokhine, gérant de portefeuille pour Meeschaert Financial Services.
La candidate veut taxer les très riches
Peu diserte sur d’éventuels impôts supplémentaires pour les classes moyennes, la candidate préfère insister sur sa volonté de taxer les très riches de 2% au-delà de 50 millions de dollars de revenus. Selon l’économiste français Gabriel Zucman, dont les travaux ont inspiré le programme économique d’Elizabeth Warren, cette mesure rapporterait 2.750 milliards de dollars en dix ans.
A ceux qui l’accusent de creuser le trou budgétaire des Etats-Unis, les partisans de la sénatrice rappellent que le déficit a explosé sous l’administration Trump, frôlant les 1.000 milliards de dollars pour l’exercice 2019, en pleine période de croissance pour l’économie américaine.
Elizabeth Warren est en faveur d’une plus grande régulation d’industries
Ancienne professeure de droit à Harvard, Elizabeth Warren s’est prononcée en faveur d’une plus grande régulation d’industries dont le poids à Wall Street est considérable. « Un grand nombre de secteurs se retrouveraient, dans un premier temps, sous pression si elle obtenait l’investiture démocrate », anticipe Quincy Krosby de Prudential.
Elle a ainsi martelé son intention de démanteler les grandes banques américaines et les géants technologiques de la Silicon Valley. Une perspective alarmante aux yeux du patron de Facebook Mark Zuckerberg, qui s’est dit prêt « à aller au combat », voire à « poursuivre en justice » le gouvernement fédéral.
L’industrie pétrolière est également dans le collimateur de la candidate qui compte interdire la fracturation hydraulique, processus d’extraction de gaz de schiste répandu en Amérique du Nord et dont l’impact environnemental est controversé.
Les groupes pharmaceutiques seraient eux contraints, selon le projet de la pourfendeuse de Wall Street, de réduire le prix de nombreux médicaments.
Face à l’intransigeance d’Elizabeth Warren, Wall Street cherche des signes réconfortants, voulant par exemple croire qu’elle adoptera des positions plus modérées en cas de candidature face à Donald Trump lors de la présidentielle.
« Généralement, pour remporter l’élection, il est nécessaire de se recentrer », note Mme Krosby, qui se dit toutefois sceptique sur un éventuel changement de ligne.
Ex-républicaine, Elizabeth Warren s’est elle-même décrite comme étant « capitaliste jusqu’à la moelle », contrairement à son rival Bernie Sanders qui se revendique fièrement du socialisme. Des acteurs boursiers tablent également sur l’impossibilité pour la candidate d’appliquer son projet face à un Sénat qui pourrait conserver sa majorité républicaine et bloquerait toute réforme jugée trop radicale.
La présidente Elizabeth Warren serait alors contrainte d’accepter des compromis avec les autres branches du gouvernement américain.
« La Bourse a certaines raisons de se rassurer, mais si on prend son programme au pied de la lettre, elle a beaucoup de raisons de s’affoler », résume Gregori Volokhine.
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