Jeudi 8 décembre, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a dit espérer une prolongation pour 2023 de la dérogation permettant aux betteraviers d’utiliser des néonicotinoïdes, des insecticides néfastes pour les abeilles et interdits en France depuis 2018.
Fin 2020, le Parlement avait autorisé leur retour temporaire et sous conditions pour soutenir la filière des betteraves sucrières, fragilisée par la prolifération de pucerons vecteurs de jaunisse.
La loi précisait que des dérogations pourraient être accordées au maximum jusqu’en juillet 2023, uniquement pour les semences de betteraves et avec une reconduction obligatoire chaque année.
Dans une vidéo diffusée lors l’Assemblée générale de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB) jeudi, Marc Fesneau a déclaré qu’en attendant des alternatives à ces insecticides, la « première étape » consistait à « prolonger la dérogation » pour les semis de l’année 2023.
« Une troisième (dérogation, ndrl) est à venir – en tout cas je l’espère et je pense qu’elle sera utile, pour pouvoir déroger et lutter efficacement contre la jaunisse en attente de solutions alternatives », a déclaré le ministre.
Le président du syndicat des planteurs de betteraves, Franck Sander, a aussi plaidé pour une nouvelle dérogation, qui devra faire l’objet d’un avis favorable du Conseil de surveillance des néonicotinoïdes avant signature d’un arrêté par le gouvernement au mois de février.
Des alternatives aux semences enrobées de néonicotinoïdes, substances qui contribuent au déclin massif des colonies d’abeilles, sont en cours d’expérimentation depuis 2020.
« Pas d’alternatives suffisantes »
Franck Sander a souligné que « la jaunisse était présente dans toutes les régions betteravières » en 2022, et que « la protection des néonicotinoïdes a été efficace ».
« À ce jour, les alternatives qui se dessinent n’ont pas fait la preuve d’une efficacité suffisante (variétés tolérantes, phéromones, etc.) », a-t-il estimé, ajoutant qu’il n’y avait pas de « garanties suffisantes pour dire que nous pourrons nous passer de néonicotinoïdes après 2023″ à ce stade.
L’Union européenne a également interdit depuis 2018 l’usage en plein champ, pour toutes les cultures, de trois néonicotinoïdes (clothianidine, thiaméthoxame et imidaclopride). Pour autant, 11 de ses États membres ont adopté des « autorisations d’urgence » pour faire face à la baisse de leurs rendements, dont la France.
L’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) avait donné son feu vert, faute d’alternative disponible.
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