Elon Musk accepte de réintégrer le commentateur controversé Nick Fuentes sur X

"Je ne peux pas prétendre défendre la liberté d'expression et bannir définitivement quelqu'un qui n'a pas enfreint la loi", a déclaré M. Musk.

Par Tom Ozimek
3 mai 2024 06:57 Mis à jour: 3 mai 2024 06:57

Le propriétaire de X, Elon Musk, a accepté de rétablir le compte du commentateur controversé Nick Fuentes, le magnat de la technologie estimant qu’il est préférable que les opinions controversées soient diffusées ouvertement sur la plateforme, où elles peuvent être soumises à un examen et à un débat, plutôt que de « mijoter dans l’obscurité ».

M. Musk a fait cette annonce en réponse à un message posté sur X par un utilisateur qui l’appelait à « ramener Nick Fuentes sur Twitter », en faisant référence à la plateforme sous son ancien nom.

« Il est banni depuis 2021, qu’est-il arrivé à ta promesse big guy ? », a posté le compte GoyaBeanGroyper.

Le compte de M. Fuentes a été suspendu en juillet 2021 et a été brièvement rétabli en janvier 2023 avant d’être à nouveau banni un jour plus tard.

M. Musk a répondu à la demande de réintégration par l’affirmative.

« Très bien, il sera réintégré, à condition qu’il n’enfreigne pas la loi, (…) Qu’il soit broyé par les commentaires et les notes de la communauté. Il vaut mieux que les anti je-ne-sais-quoi soient exposées au grand jour pour être réfutés plutôt que de les laisser mijoter dans l’obscurité », a écrit M. Musk.

Le « vendredi de la liberté »

M. Musk a cherché à acheter Twitter en promettant d’en faire un bastion de la liberté d’expression. Une fois la transaction conclue et qu’il est devenu propriétaire du géant des réseaux sociaux, il a rétabli un certain nombre de comptes qui avaient été interdits sous l’ancien propriétaire.

Par exemple, le 18 novembre 2022, jour qu’il a baptisé « vendredi de la liberté », il a rétabli une série de comptes interdits, dont celui de la républicaine Marjorie Taylor Greene, du psychologue canadien Jordan Peterson, du site satirique The Babylon Bee, du musicien Kanye West et, plus tard, le compte de l’ancien président Donald Trump.

La décision prise jeudi par M. Musk de rétablir le compte a suscité des réactions contrastées. L’auteure Ashley St. Clair a posté que cette décision allait susciter « d’énormes réactions négatives », mais que c’était la « bonne décision » étant donné que M. Musk présente X comme une plateforme en faveur de la liberté d’expression.

« Le destin aime l’ironie, mais déteste l’hypocrisie », a répondu M. Musk. « Je ne peux pas prétendre être un défenseur de la liberté d’expression, mais bannir définitivement quelqu’un qui n’a pas enfreint la loi, peu importe à quel point je ne suis pas d’accord avec ce qu’il dit. »

« Cela nous fera probablement perdre beaucoup d’annonceurs et ça m’attriste, mais un principe est un principe », a ajouté celui qui s’est autoproclamé « absolutiste de la liberté d’expression ».

SpaceX, X (formerly known as Twitter), and Tesla CEO Elon Musk reacts during the UK Artificial Intelligence Safety Summit at Bletchley Park, in central England, on Nov. 1, 2023. (Leon Neal/POOL/AFP via Getty Images)
Elon Musk, PDG de SpaceX, X (anciennement Twitter) et Tesla, réagit lors du sommet britannique sur la sécurité de l’intelligence artificielle à Bletchley Park, dans le centre de l’Angleterre, le 1er novembre 2023. (Leon Neal/POOL/AFP via Getty Images)

La décision de M. Musk a généralement suscité des réactions positives de la part de comptes qui défendent la liberté d’expression, notamment du fondateur et PDG de Babylon Bee, Seth Dillon.

« Il n’est pas nécessaire d’aimer ce que dit quelqu’un pour soutenir son droit à le dire. Toute personne qui n’enfreint pas la loi (appel à la violence, menaces, etc.) devrait être autorisée à s’exprimer sur la place publique. Si vous n’aimez pas ce qu’ils ont à dire, répondez avec plus de discours ou ne les écoutez pas », a-t-il écrit dans un message.

« Exactement », a répondu M. Musk.

Ian Miles Cheong, un commentateur conservateur populaire et influenceur sur les réseaux sociaux, a lui-aussi salué la décision.

« Nick Fuentes est réintégré sur X après avoir été banni pendant plusieurs années. Comme tout le monde, il a le droit de partager [ses opinions] sur une plateforme qui soutient la liberté d’expression, et vous n’êtes pas obligé d’être d’accord avec ses opinions », a-t-il écrit.

En parallèle, certaines critiques se sont fait entendre, notamment le compte Republicans Against Trump (Les Républicains contre Trump) qui, sur X, a qualifié M. Fuentes de « nazi » qui « prône une Amérique blanche et chrétienne », tout en rappelant qu’il a accompagné le rappeur Kanye West – qui a changé son nom en Ye – lors d’un dîner à Mar-a-Lago, la résidence de Donald Trump, l’année dernière.

M. Fuentes n’a pas répondu à notre demande de commentaire sur sa réintégration.

Cependant, dans un récent podcast, il lui a été demandé quel serait son message à M. Musk s’il avait la possibilité de lui dire une seule chose.

« Libérez Nick Fuentes », a-t-il répondu. « Rendez-moi mon [expletive] Twitter ».

Lors d’une apparition dans un podcast l’année dernière avec Adam Sosnick, M. Fuentes s’est vu poser la question explicite suivante : « Êtes-vous raciste ? Êtes-vous antisémite ? Êtes-vous islamophobe ? Détestez-vous les homosexuels ? » et « Y a-t-il un groupe que vous détestez plus que d’autres ? ». À chaque question, il a répondu « non ».

Ailleurs dans le podcast, M. Sosnick a lu une biographie de M. Fuentes qui le qualifie de négationniste, d’antisémite et de « nationaliste chrétien blanc ».

M. Fuentes a nié toutes ces étiquettes et s’est identifié comme un « nationaliste américain catholique ».

Controverse autour du dîner de Mar-a-Lago

En novembre 2022, M. Fuentes a accompagné M. West à l’improviste à un dîner avec Trump dans sa résidence de Mar-a-Lago, déclenchant une série de reportages négatifs dans les médias.

Donald Trump a déclaré par la suite qu’il ne savait pas qui était M. Fuentes et s’est étonné de la présence de trois autres invités au dîner, car il s’attendait à ce que M. West vienne seul.

« Kanye West voulait absolument visiter Mar-a-Lago », a écrit Trump dans un message publié à l’époque sur Truth Social. « Notre dîner devait se dérouler uniquement entre Kanye et moi, mais il est arrivé avec un invité que je n’avais jamais rencontré et dont je ne savais rien. »

Certains républicains ont publiquement critiqué Trump pour avoir rencontré M. West et M. Fuentes.

Mitch McConnell, alors chef de la minorité au Sénat, avait laissé entendre que Trump aurait « peu de chances » d’obtenir l’investiture républicaine en 2024 en raison de sa rencontre avec M. Fuentes.

« Il n’y a pas de place dans le Parti républicain pour l’antisémitisme ou la suprématie de la race blanche, et quiconque rencontre des personnes défendant ce point de vue, à mon avis, a très peu de chances d’être élu président des États-Unis », avait déclaré M. McConnell lors d’une conférence de presse.

Sen. Mitch McConnell (R-Ky.) speaks to reporters in Washington on Oct. 4, 2023. (Madalina Vasiliu/The Epoch Times)
Le sénateur Mitch McConnell s’adresse aux journalistes à Washington le 4 octobre 2023. (Madalina Vasiliu/Epoch Times)

Le sénateur républicain avait ensuite ajouté que cela « s’appliquait à tous les dirigeants du parti qui se présenteront aux élections ».

Un député, James Comer, avait déclaré à la chaîne NBC que Trump « doit faire preuve de plus de discernement quant aux personnes avec lesquelles il dîne », ajoutant : « Je n’accepterais pas de réunion avec cette personne », en référence à M. Fuentes. « Je n’accepterais pas non plus de rencontrer Kanye West. »

L’influente Coalition juive républicaine (The Republican Jewish Coalition) a également critiqué l’ancien commandant en chef à la suite de cette rencontre.

« Nous condamnons fermement l’antisémitisme virulent de Kanye West et de Nick Fuentes et appelons tous les dirigeants politiques à rejeter leurs messages de haine et à refuser de les rencontrer », avait déclaré l’organisation au Washington Post.

M. Fuentes a été décrit par le ministère de la Justice (pdf), certains médias et la Ligue anti-diffamation comme un « suprémaciste blanc ».

M. Fuentes a nié cette qualification, déclarant dans une déclaration obtenue par le Washington Examiner : « Je rejette toutes les étiquettes autres que celle de chrétien américain ».

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