« Embellie » pour les éleveurs après des années de vaches maigres

Par Epoch Times avec AFP
24 février 2023 04:01 Mis à jour: 24 février 2023 18:29

Les vaches, stars incontestées du Salon de l’agriculture, s’éclipsent des campagnes à mesure que des éleveurs jettent l’éponge. Mieux payés, ceux qui restent commencent à envisager l’avenir avec un poil d’optimisme.

Quand Laurent Champenois a pris la tête de son exploitation en 1998, le département de la Marne comptait un millier d’éleveurs de vaches. Ils sont moitié moins aujourd’hui.

« On n’a pas perdu autant de bovins », les fermes s’étant agrandies.

Lui-même avait 40 vaches allaitantes (élevées pour la viande) au départ. La ferme exploitée avec son épouse et un salarié compte désormais 150 mères charolaises et blondes d’Aquitaine, un atelier d’engraissement pour les jeunes bovins, des veaux et des femelles n’ayant pas encore mis bas, soit « un peu plus de 600 têtes au total ».

La France a perdu 837.000 vaches en six ans

Il y a toutefois « une limite à l’agrandissement des cheptels », remarque l’éleveur rencontré début février à Metz, au congrès de la Fédération nationale bovine (FNB), section spécialisée de la FNSEA.

Alors, quand l’activité des partants n’est pas reprise par un jeune ou des voisins, le nombre d’animaux baisse.

La France, premier producteur européen de viande bovine et deuxième troupeau laitier derrière l’Allemagne, a perdu 837.000 vaches laitières et allaitantes en six ans (-10,1%).

Ce recul est aussi alimenté par les sécheresses à répétition qui grillent les prairies, poussant des éleveurs à se séparer de bêtes pour récupérer de la trésorerie et acheter du foin.

La consommation stable de bœuf nécessite d’importer

Résultat: les abattoirs commencent à manquer de matière première et font tourner leurs outils au ralenti. Tandis que les importations augmentent, la consommation de bœuf étant stable malgré les recommandations des scientifiques de manger moins de viande pour la santé et la planète.

Un quart du bœuf consommé en France était importé en 2022, contre 21% un an plus tôt, selon l’Institut de l’élevage (Idele), organisation au service de la profession.

Parallèlement, les éleveurs français, qui ont les plus faibles revenus agricoles, n’ont jamais été mieux payés par les abattoirs (+30% en 2022 sur un an).

« L’embellie sur les prix de vente, c’est un rattrapage de la dernière décennie »

Une amélioration qui bénéficie diversement aux fermes vu la hausse des charges (alimentation des animaux, carburant, engrais…): mieux vaut acheter peu à l’extérieur pour nourrir ses bêtes et surtout avoir des céréales (blé, maïs) à vendre.

« L’embellie sur les prix de vente, c’est un rattrapage de la dernière décennie » pendant laquelle les producteurs n’ont cessé de réclamer aux industriels de la viande des tarifs couvrant leurs coûts, estime le Rhodanien Laurent Goujat.

Le trentenaire « espère que ce ne sera pas passager ».

Récupérer des terres pour plus de prairies et de fourrage

Dans son secteur défavorable aux cultures à 700 mètres d’altitude, quand des fermes ne sont pas reprises, « on agrandit notre structure mais on ne produit pas plus de viande », décrit l’éleveur.

Récupérer des terres permet d’avoir davantage de prairies et donc de fourrage pour s’adapter au climat, « jamais aussi sec » qu’en 2022.

« On a surmonté les crises », constate son collègue de la Marne, qui s’autorise de l' »espoir » devant la tournure du marché : « Je ne le vois pas dégringoler. »

« Il y a cinq ans, on disait ‘Faut trouver des débouchés à l’export' » en raison d’une surproduction européenne. Il note qu »on ne se pose plus la question. On n’en a plus assez ».

Le prix du lait a augmenté de 27% sur un an

Même (et rare) optimisme prudent pour le lait. Au sein du syndicat majoritaire, le ton a changé après des années à dénoncer des prix insuffisamment rémunérateurs.

« Si ça va mieux, faut le dire aussi », remarque Daniel Perrin, secrétaire général de l’association des producteurs de lait de la FNSEA (FNPL).

Le prix standard du lait de vache conventionnel a augmenté de 27% sur un an (à 453 euros les mille litres en octobre), selon les relevés de l’établissement FranceAgriMer.

Pour Daniel Perrin, la profession « est à la croisée des chemins ». La baisse du nombre d’éleveurs et de vaches semblait inéluctable. Il se demande si une meilleure rémunération « va inverser la tendance ».

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