Emmanuel Macron est prêt, « sans tabou », à faire évoluer le dispositif de sécurité, a fait savoir l’Élysée vendredi après une troisième nuit d’émeutes urbaines en France, l’exécutif n’excluant pas de recourir à l’état d’urgence.
Le président de la République a quitté vendredi le sommet de l’Union européenne à Bruxelles pour rentrer à Paris, annulant au passage sa conférence de presse finale, un fait rare. Il doit présider en début d’après-midi une réunion de la cellule interministérielle de crise après trois nuits consécutives de violences urbaines qui ont suivi la mort de Nahel, 17 ans, tué par un policier lors d’un contrôle à Nanterre (Hauts-de-Seine).
« Toutes les hypothèses », dont l’instauration de l’état d’urgence, sont envisagées par l’exécutif pour « le retour de l’ordre républicain », a de son côté déclaré Élisabeth Borne.
« Très jeunes » et « très violents »
La Première ministre, accompagnée du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, venait de visiter le commissariat d’Évry-Courcouronnes (Essonne), dégradé pendant la nuit. Vingt-cinq jeunes ont été interpellés et huit se trouvaient encore en garde à vue. Mme Borne a évoqué des « individus très violents, notamment très jeunes qui s’en prennent à nos commissariats, nos mairies, nos équipements publics ».
« Je veux vraiment souligner que ces individus ne sont évidemment pas représentatifs des habitants qui sont tout aussi choqués que nous, et des élus qui sont eux-mêmes pris à partie », a insisté la Première ministre.
?? FLASH | Le député #LFI Carlos Bilongo a été pris à parti hier soir par des émeutiers qui l’accusaient de « récupération politique ». Il a reçu un coup de mortier.
— Cerfia (@CerfiaFR) June 28, 2023
Au cours des échanges, un policier a notamment narré à M. Darmanin la « succession de charges » opérée par des émeutiers « très jeunes ». « C’est difficile, ils sont très déterminés », a témoigné une policière auprès de la cheffe du gouvernement.
Avant ce déplacement, Mme Borne avait réuni vendredi matin à Matignon plusieurs ministres pour faire le point de la situation, dénonçant des actes « insupportables et inexcusables ». Lors de cette réunion, les ministres ont discuté des violences, du profil des émeutiers, très jeunes, a-t-on souligné de source gouvernementale.
Un aveu d’échec ?
L’instauration de l’état d’urgence, comme lors des émeutes urbaines de 2005 sous la présidence de Jacques Chirac, « c’est évidemment une question qui se pose », a estimé le ministre de la Transition écologique, Christophe Béchu, vendredi matin sur Sud radio. Son homologue chargé de la Ville, Olivier Klein, a jugé sur France Inter qu’une telle mesure serait « un aveu d’échec », sans l’exclure formellement.
L’état d’urgence permet notamment aux autorités administratives de prendre des mesures d’exception comme une interdiction de circuler. Il a également été déclenché après les attentats de 2015.
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