ENTRETIEN – Le député LFI Thomas Portes a déclaré que les « sportifs israéliens ne sont pas les bienvenus aux Jeux olympiques ». Le secrétaire général du Bureau National de Vigilance contre l’Antisémitisme (BNVCA) Emmanuel Abramowicz réagit à ces propos.
Epoch Times : Comment réagissez-vous aux déclarations de Thomas Portes ?
Emmanuel Abramowicz : Il est clair que la stratégie antisioniste et donc antisémite de LFI se poursuit au-delà des élections, comme s’il s’agissait d’une piqûre de rappel pour un électorat que l’on veut captif. Les insoumis cherchent à conserver un électorat qu’ils ont su motiver, notamment à partir des élections européennes et ensuite pendant les législatives avec comme argument principal une opposition permanente à Israël, que ce soit politique ou dans le cadre de son droit de défendre sa population, ses frontières et de récupérer ses otages. Quoi que fasse Israël, il faut toujours le bannir. C’est une obsession.
Par ailleurs, je constate que les institutions qui sont censées protéger les Français de confession juive, à l’instar de la Justice, ne jouent pas leur rôle. Est-il normal que le parquet antiterroriste ne se soit pas auto-saisi quand on a appris qu’un candidat NFP trois fois fiché S allait entrer à l’Assemblée nationale ? En plus de se sentir stigmatisée par un ensemble de partis, la minorité juive n’a pas la protection qui devrait lui revenir de fait.
L’Organisation juive européenne (OJE) a annoncé qu’elle déposerait une plainte. De son côté, la Licra a annoncé saisir le procureur. Le BNCVA entend-il faire de même ?
Nous allons effectivement nous joindre aux procédures en cours visant à dénoncer ces attitudes, parce que nous savons très bien que ce discours politique est mortifère puisqu’il motive des gens à stigmatiser une minorité par un amalgame savamment entretenu entre Israël et les Juifs.
Certaines personnalités politiques telles que le maire de Nice Christian Estrosi ou le sénateur LR Stéphane Le Rudulier ont demandé la dissolution de la France Insoumise à la suite des propos tenus par Thomas Portes. Qu’en pensez-vous ?
Je crois que c’est une bonne idée eu égard à la mise en danger de notre démocratie. En réalité, ce que fait LFI par intérêt politique national consiste à porter atteinte à l’unité nationale en important sur notre sol un conflit étranger et en essayant de reconstituer l’opposition entre deux populations du Moyen-Orient.
Ce genre de propos polémiques pourrait-il faire éclater le Nouveau Front populaire ?
Je crains que non puisque tous les partis qui constituent le Nouveau Front populaire sont animés par l’envie et le besoin du pouvoir. Autrement dit, ce sont les intérêts particuliers de certains élus qui vont faire passer à la trappe ce qui aurait dû les faire réagir, voire quitter la coalition.
S’ils avaient dû dénoncer les agissements ou la rhétorique de LFI, ils l’auraient fait avant l’organisation du Nouveau Front populaire, ou au moins, ils auraient exigé des ajustements en termes de positionnement. Ce qu’ils n’ont pas fait. Les autres partis de gauche n’ont pas demandé à LFI de revenir sur ses propos antisémites, incendiaires et stigmatisants. Par conséquent, ils ont tous, quelque part, validé ces propos en intégrant cette alliance.
Comment pouvez-vous nous aider à vous tenir informés ?
Epoch Times est un média libre et indépendant, ne recevant aucune aide publique et n’appartenant à aucun parti politique ou groupe financier. Depuis notre création, nous faisons face à des attaques déloyales pour faire taire nos informations portant notamment sur les questions de droits de l'homme en Chine. C'est pourquoi, nous comptons sur votre soutien pour défendre notre journalisme indépendant et pour continuer, grâce à vous, à faire connaître la vérité.