Emmanuel Macron a décidé de régler le vieux litige avec Rome sur les anciens membres des Brigades rouges réfugiés en France en en faisant arrêter dix ce mercredi, dont sept ont été interpellés et trois sont recherchés, tous condamnés en Italie pour des actes de terrorisme commis dans les années 70-80.
La décision de transmettre au Parquet ces dix noms, sur « des demandes italiennes qui portaient à l’origine sur 200 individus », « a été prise par le Président et s’inscrit strictement dans la ‘doctrine Mitterrand' » datant de 1985 et consistant à accorder l’asile aux ex-brigadistes sauf pour les crimes de sang, a précisé l’Élysée.
L’établissement de cette liste de dix noms est le fruit « d’un important travail préparatoire bilatéral, de plusieurs mois, qui a conduit à retenir les crimes les plus graves. Le Président a souhaité régler ce sujet, comme l’Italie le demandait depuis des années », a ajouté la présidence française. Le secrétaire d’État italien à l’Intérieur Carlo Sibilia a aussitôt salué sur Twitter un « résultat historique ».
Deux décrets d’extradition signés sous Jacques Chirac
L’extradition d’activistes d’extrême-gauche venus se réfugier en France après les « années de plomb », marquées par des attentats et des violences des Brigades rouges surtout entre 1968 et 1982, est une demande de l’Italie depuis des années, à laquelle la France n’a quasiment jamais accédé.
Depuis 1981, seuls deux décrets d’extradition ont été signés, sous Jacques Chirac : celui de Paolo Persichetti en 1995, extradé en Italie en 2002, et celui de Cesare Battisti en 2004, le plus recherché des anciens activistes, qui vivait en France depuis 1990 et s’est alors réfugié à l’étranger. Il a ensuite été arrêté en Bolivie.
En 2008, Nicolas Sarkozy avait décidé de ne pas appliquer le décret d’extradition de l’ex-membres des Brigades rouges Marina Petrella, condamnée à perpétuité en Italie, en raison de son état de santé. La plus connue des activistes recherchées fait partie des sept personnes interpellées mercredi matin, selon la police italienne.
« La France, elle-même touchée par le terrorisme, comprend l’absolu besoin de justice des victimes. Elle s’inscrit également, à travers cette transmission, dans l’impérieuse nécessité de la construction d’une Europe de la Justice, dans laquelle la confiance mutuelle doit être au centre », explique l’Élysée.
La « belle vie en France »
Ce dossier, longtemps endormi, a resurgi en 2019 au moment du retour en Italie de Cesare Battisti, capturé en Bolivie et extradé en Italie, après près de 40 ans de cavale en France puis au Brésil.
Le ministre italien de l’Intérieur Matteo Salvini avait alors affirmé que la France abritait depuis des décennies des « assassins ayant tué des innocents » et réclamé le retour en Italie d’« une quinzaine » de « terroristes italiens », « qui ont été condamnés mais ont la belle vie en France ».
Requête urgente des autorités italiennes
La ministre italienne de la Justice Marta Cartabia avait transmis officiellement le 8 avril à son homologue français Eric Dupond-Moretti « la requête urgente des autorités italiennes pour ne pas laisser impunis les attentats des Brigades rouges ». Selon la presse italienne, certains d’entre eux risquaient en effet de voir leurs actes prescrits.
Selon plusieurs médias italiens, Emmanuel Macron aurait ensuite eu une conversation téléphonique avec Mario Draghi, qui lui aurait confirmé l’importance de cette affaire pour Rome. La justice doit maintenant se prononcer sur leur extradition, au cas par cas.
Les ex-brigadistes arrêtés doivent être présentés d’ici 48h00 devant le parquet général de la cour d’appel de Paris, avant qu’un juge ne statue sur leur éventuelle détention ou leur remise en liberté sous contrôle judiciaire, le temps de l’examen des demandes d’extraditions italiennes, a-t-on appris de source judiciaire.
Parmi les autres personnes interpellées figurent Giorgio Petriostefani, Narciso Manenti, Roberta Capelli, Enzo Calvitti, Giovanni Alimonti et Sergio Tornaghi. Les trois personnes encore recherchées sont Maurizio Di Marzio, Luigi Bergamin et Raffaele Ventura, a précisé l’Elysée.
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